De Molenbeek à Marseille, le Belge Jan Goosens s'engage auprès des artistes
"Je ne m'intéresse pas tellement aux villes où il n'y a plus rien à faire. J'ai l'habitude de fonctionner à l'intérieur de contextes politiques et urbains complexes", explique-t-il à l'AFP. Le Festival de Marseille de danse contemporaine dont il a assuré la programmation artistique pour la première fois cette année, débute le 24 juin.
Après des études de littérature et philosophie à Anvers, il effectue des stages au Théâtre royal de la Monnaie, alors sous la houlette du directeur d'opéras Gérard Mortier. "J'ai toujours su que je n'étais pas un artiste, j'ai fait le choix d'accompagner les artistes", se décrit Jan Goosens qui fait ensuite un bout de route avec le chorégraphe belge Wim Vandekeybus et le metteur en scène américain Peter Sellars. Ce dernier assurera l'ouverture du Festival de Marseille.
30% des spectateurs du KVS ont moins de 26 ans mais le point de départ de cette évolution, "ce changement d'ADN", dit-il, "c'est Molenbeek". L'aventure dure cinq ans contre deux prévus au départ des travaux au KVS. Lorsqu'il revient dans son berceau du centre-ville, le KVS en a fini avec "l'ancien Shakespeare en flamand" ! Désormais il est synonyme d'art contemporain, de pluridisciplinarité, et attire des grands noms tels les metteurs en scène de théâtre Raven Ruëll, Josse de Pauw, Alain Platel. Il se tourne aussi vers l'Afrique, devient le moteur du festival Connexion Kin à Kinshasa dont des artistes seront cet été à Marseille. "Je suis intéressé par l'échange, le métissage", explique Jan Goosens,
"C'est avec cette envie de collaborer, de m'intégrer que j'arrive ici"
Plusieurs créations du KVS de Bruxelles ont fait les beaux jours du Festival de Marseille, créé il y a 20 ans par Apolline Quintrand, qui n'a cessé de jeter des ponts entre la ville du Sud et celle du Nord, jusqu'à ce qu'elle tire sa révérence en 2015. Elle décrit celui qu'elle a proposé pour lui succéder comme "quelqu'un d'extrêmement engagé qui a su, dans le contexte belge, ouvrir son théâtre à toute sa ville". Lui est mû par "l'envie d'avancer et de transformer". "On ne doit pas juste regarder le monde politique. On a tous nos responsabilités". "Bien sûr que les artistes ne vont pas changer le monde ou Marseille", poursuit-il, "mais je crois qu'il sera compliqué de le faire de manière pertinente et profonde sans les artistes et sans les projets culturels. Et c'est avec cette envie de collaborer, de m'intégrer que j'arrive ici".Marseille est une ville "avec des atouts mais aussi avec des réalités culturelles, politiques, sociales à gérer qui ne sont vraiment pas faciles", estime-t-il. Toutefois, "j'ai l'habitude de travailler en Afrique, comme à Kinshasa ou Tunis. A côté des ces villes-là, Marseille est très facile".
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