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Opéra de Paris : gros malaise au sein du ballet dirigé par Aurélie Dupont
En poste depuis deux ans, la directrice du ballet Aurélie Dupont fait face à une crise de confiance au sein du ballet de l'Opéra de Paris. C'est ce que révèle un sondage inédit auprès des danseurs de la prestigieuse compagnie, déjà ébranlée il y a deux ans par le brusque départ de Benjamin Millepied.
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Un sondage révélateur
Le sondage, dont l'AFP a obtenu copie, a été établi par la Commission d'expression artistique, un organisme interne élu par les danseurs. Elle a posé plus de cent questions auxquelles ont répondu 108 danseurs sur 154, sous couvert de l'anonymat. En répondant, ils espéraient que mettre le doigt sur les problèmes permettrait d'avancer.
Dans le document, 89,8% estiment qu'ils ne "font pas l'objet d'un management de bonne qualité", 76,8% disent avoir été victime de harcèlement moral ou vu un collègue subir un tel traitement et 25,9% affirment même avoir été fait l'objet d'un harcèlement sexuel ou été témoin d'un tel agissement.
Etonnement de part et d'autre sur la diffusion de ce document
Le directeur de l'Opéra de Paris, Stéphane Lissner, a redit à l'AFP avoir "une confiance totale dans Aurélie Dupont", estimant qu'elle était "une excellente directrice de la danse". Soulignant son "étonnement" sur la diffusion à une partie de la presse de ce document interne, il a promis qu'un dialogue sera établi pour "réfléchir calmement et comprendre ce que les danseurs veulent dire" quant ils réclament de l'écoute.
Une centaine de danseurs, dont de nombreuses étoiles, ont fait part de leur "stupéfaction" après la diffusion du document. "La divulgation de ce questionnaire s'est faite sans le consentement des danseurs et à aucun moment les artistes interrogés n'ont pu concevoir que ce document serait utilisé à des fins contraires à leurs intérêts", indique le communiqué.
Les danseurs reprochent à Aurélie Dupont son manque d'écoute
Mais au-delà des chiffres du sondage, ce sont les commentaires recueillis auprès des danseurs qui sont durs à l'égard d'Aurélie Dupont, la remplaçante de Benjamin Millepied en février 2016.
"La directrice actuelle ne semble avoir aucune compétence en management, et aucun désir d'acquérir une telle compétence", affirme un danseur. D'autres dénoncent une "absence criante d'accompagnement", une "méconnaissance ou refus d'écouter les aspirations de beaucoup de danseurs" et surtout un "manque de dialogue". "Nous sommes des êtres humains, et non des pions que l'on déplace comme bon leur semble", s'indigne encore l'un d'eux.
"La directrice actuelle ne semble avoir aucune compétence en management, et aucun désir d'acquérir une telle compétence", affirme un danseur. D'autres dénoncent une "absence criante d'accompagnement", une "méconnaissance ou refus d'écouter les aspirations de beaucoup de danseurs" et surtout un "manque de dialogue". "Nous sommes des êtres humains, et non des pions que l'on déplace comme bon leur semble", s'indigne encore l'un d'eux.
En janvier 2017, pourtant, on se souvient qu'Aurélie Dupont déclarait : "Quand je suis arrivée, j’ai trouvé les danseurs désappointés, déçus, pas assez solidaires. Un an plus tard, ils sont de nouveau pleins d’ambition, ils composent de nouveau une fratrie. C’est important cet esprit de groupe, ce sentiment d’être heureux ensemble".
Concernant les cas de harcèlement sexuel, M. Lissner a affirmé qu'il y avait une "tolérance zéro" et a appelé les danseurs concernés à en parler avec la direction.
Aurélie Dupont peine à s'imposer face aux danseurs
"A l'extérieur, la légitimité d'Aurélie Dupont est incontestable.(...) A l'intérieur, la légitimité est plus difficile à installer", souligne Le Figaro. "D'abord, si elle est du sérail, elle doit s'imposer face à des danseurs qui étaient avec elle dans le ballet", analyse la journalise Ariane Bavelier. "Les hommes lui en veulent d'avoir fait ses adieux avec Roberto Bolle, play-boy étoilé de la Scala, plutôt qu'avec une étoile ou un jeune de la compagnie. Avec les filles, qui furent étoiles en même temps qu'elle, le climat reste tendu." Enfin, souligne le quotidien, elle n'a pas été maître de ballet.
Le prédécesseur d'Aurélie Dupont, Benjamin Millepied, avait créé la surprise en 2016 en annonçant sa démission après un peu plus d'un an à la tête du ballet, l'un des plus réputés au monde.
Le prédécesseur d'Aurélie Dupont, Benjamin Millepied, avait créé la surprise en 2016 en annonçant sa démission après un peu plus d'un an à la tête du ballet, l'un des plus réputés au monde.
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