Marie-Agnès Gillot/Merce Cunningham à Garnier : épure et austérité
Marie-Agnès Gillot est de toutes les aventures. Interprète ultra talentueuse des grands ballets classiques, c’est elle que les chorégraphes contemporains, invités de l’Opéra, choisissent en priorité. Grande, sculpturale, mélange de force et de fragilité, elle peut tout danser. Ce goût de la découverte elle le prolonge depuis quelques années dans le domaine de la chorégraphie. Alors quand Brigitte Lefèvre, la directrice de la danse lui propose un hommage à Cunningham, elle fonce.
Gillot est partie de la musique choisie par Laurence Equilbey, chef d’orchestre et directrice du chœur Accentus. Une musique incantatoire, un ensemble de prières de Feldman, Ligeti et Bruckner. Sans chercher à raconter une histoire précise, Gillot veux se jouer des apparences, si souvent trompeuses.
Des hommes sur pointes
Sur scènes des ombres rampantes coiffées de casquettes noires, entourent et prennent d’assaut, un bloc anti-char. Le tableau suivant les hommes sont sur pointes : "Je voulais trouver un langage masculin sur les pointes et désexualiser certains codes", explique la chorégraphe.
Langage commun pour les 10 hommes et 10 femmes, même grâce. "J’ai travaillé à partir d’univers artistiques qui existent depuis longtemps, des fondamentaux, mais détournés, vus de manière contemporaine… J’aime ce genre de décloisonnement", précise encore Gillot.
Le styliste Walter Van Beirendonck a conçu d’étranges costumes-sculptures : sapins, oiseaux ou guêpes. Les danseurs qui ont eu 3 mois pour appréhender les pointes, glissent vaillamment sur un lino brillant avec une rapidité de mouvement et de déplacement qui évoquent Cunningham.
Interview de Marie-Agnès Gillot, invité des "5 dernières minutes" du 13h de France 2
Architecture des corps chez Cunningham
Chez Cunningham justement (2e partie du programme), la précision du geste n’est jamais aussi belle que dans les ensembles. Sorte d’architecture des corps et des lignes que les danseurs forment entre eux. Une précision géométrique, presque cérébrale qui a irrigué la danse américaine.
Nos danseurs formés à s’envoler ne sont pas tous très à l’aise avec ces pas et gestes toujours contenus, ses bras qui retombent. "Un jour ou deux" (1974) est une œuvre que Cunningham a créée, sur une musique de John Cage, pour l’Opéra Garnier. Bien que raccourci, il dure encore une heure, et il est vrai que l’ennui fini par gagner un peu. Une soirée, entre épure et austérité.
Marie-Agnès Gillot/Merce Cunningham à l'Opéra Garnier
Du 31 octobre au 10 novembre 2012
Réservation : 08 92 89 90 90
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