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"Le Bal du Cercle" : Fatou Cissé rate son rendez-vous avignonnais
Formée à la danse moderne et classique, aux côtés de son père, ancien directeur du Ballet national du Sénégal, Fatou Cissé, dont les deux premiers solos, remarqués, évoquaient la condition des femmes au Sénégal, présentait hier soir sa première pièce de groupe au Cloître des Carmes. La création de la jeune danseuse-chorégraphe a reçu un accueil qui s’apparente à une douche froide.
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Les "bals de nuit" sénégalais transposés dans le monde de la mode
Le point de départ du « Bal du Cercle » est une pratique sénégalaise des quartiers populaires, les bals de nuits ("Tanebeer" en woloff), organisés exclusivement par des femmes.Dans ces bals, elles se retrouvent pour régler leurs problèmes de quartier, de vie quotidienne, de polygamie. Elles cherchent aussi à séduire, à montrer leur différence et leur énergie érotique. Bref, la plus modeste peut se révéler une Miss Monde.
Fatou Cissé a donc eu l’idée de transposer ces danses et ces palabres en un très coloré défilé de mode, mené par cinq danseuses aux corps d’athlètes du Sénégal et du Burkina Faso, et un homme « travesti ».
Dans les gradins, surgit une femme qui harangue avec gouaille le public, lui signifiant l’importance de ce qui va suivre : une démonstration follement énergique de plusieurs danses, du traditionnel sabar qui se caractérise par des jambes et des bras très ouverts, au clubing des dance floor africains.
Jusqu’ici tout va bien, mais ce que l’on verra ensuite se résume à une parade, un défilé où chacun s’exhibe avec les parures les plus extravagantes que peut offrir la société de consommation : lunettes, chapeaux, robes délirantes. Il n’y a que lorsque ces femmes s’échinent à porter des hauts talons à strass en se tordant parfois les pieds,que l'on perçoit à quel point elles sont tiraillées entre modernité et tradition.
Un défilé de mode qui dure une éternité
On reprend espoir lorsque dans une sorte de battle, chacune vient faire un solo encouragée par les autres. Peut-être un début de communion à l’intérieur de ce cercle intime.
Mais le défilé reprends de plus belle, semble durer une éternité (une heure en réalité), cannibalisant le spectacle. Dans le public, discrètement certains se replongent dans le programme, à la recherche de quelques clés…
Une bande son mondialisée déconstruit et reconstruit les percussions traditionnelles, les femmes babillent en six langues, volontairement inaudibles. Certes c’est joyeux et coloré, mais on a parfois l’impression d’être dans une fête de village, sans que l’artiste ait réussi à transcender le matériaux dont elle dispose. Dommage. Le public bienveillant d’Avignon est resté tétanisé quelques secondes, avant d’applaudir mollement et poliment, par respect pour les interprètes.
Tombouctou Déjà-vu, l'autre déception
Pour Tombouctou Déjà-vu, le spectacle d’Emmanuelle Vo-Dinh, l’autre déception dans la programmation danse de ce festival (où nos coups de coeur rappelons le, ont été nombreux), beaucoup ont choisi de filer à l’anglaise.L’idée séduisante au départ, de la patronne du Centre Chorégraphique national du Havre, d’un groupe de personnes expérimentant une chorégraphie par tirage de cartes, tourne à la thérapie de groupe où il ne se passe presque rien. La réflexion semblant toujours bien plus importante que l’action !
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