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L'Opéra Garnier pris dans la transe du "Boléro"

C'est l'éternel et admirable Boléro de Ravel, mais revu par des artistes incontournables dans leur art : les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, la scénographe à odeur de scandale Marina Abramovic et le directeur artistique de Givenchy, Riccardo Tisci, pour les costumes. L'apothéose d'une soirée de danse ultra sensuelle.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Agathe Poupeney / Opéra national de Paris)
Une affiche luxueuse : Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet, Marina Abramovic, Riccardo Tisci
Un nouveau ballet sur le cultissime Boléro de Ravel, dont la chorégraphie la plus célèbre est celle de Béjart en 1960, c’est forcément l’Evènement ! L’idée en revient à Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l’Opéra de Paris. Et quand l’affiche annonce Marina Abramovic, la pionnière de la performance à la scénographie, Riccardo Tisci, le directeur artistique de Givenchy aux costumes, et le duo Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet à la chorégraphie, on se précipite.
 
  (Agathe Poupeney / Opéra national de Paris)
Hypnotique
Et pendant 15 minutes, disons-le, on est hypnotisé. Cela démarre par un éclairage subtil sur la baguette du chef d’orchestre, Vello Pähn, qui scande les notes obsédantes. Et soudain cette image saisissante : de la neige et des cercles concentriques inspirés de l’art cinéthique sur laquelle glissent onze danseurs, dont la broderie des costumes souligne le squelette. Contrairement à la version de Béjart, il n’y a pas de figure centrale, et l'on ne sait où regarder, la scène ou son reflet dans le miroir incliné, tant l’image est belle.
  (Agathe Poupeney / Opéra national de Paris)
Une danse de la mort proche de la transe
Une échappée onirique inoubliable, grâce à la scénographie et aux lumières magiques de Urs Schönebaum qui aspirent les danseurs dans de vertigineuses spirales. Pour Marina Abramovic, « Le Boléro est électrique, c’est comme une sorte d’éruption émotionnelle, un volcan… Le Boléro peut se concevoir comme une sorte de rite chamanique, une élévation spirituelle ». Et de fait, on a le sentiment d’assister à une danse de la mort proche de la transe. De quoi presque oublier que la chorégraphie manque de crescendo, de récit.
  (Agathe Poupeney / Opéra national de Paris)
 
Mathias Heymann danse l'Oiseau de feu
Au programme également de cette soirée extrêmement riche, l’Oiseau de feu, première musique de ballet d’Igor Stravinsky, commandée par Serge Diaghilev pour les ballets russes en 1910. L’Oiseau de feu, le phénix qui renaît de ses cendres, c’est Mathias Heymann. Jolie performance pour ce beau danseur dont c’est le premier grand rôle, depuis son retour après une méchante blessure.

Deux versions de l'Après-Midi d'un faune
Suivent deux versions de l’Après-Midi d’un faune de Debussy. Celle de Nijinski, dansée par le superbe Nicolas Le Riche. Un mémorable scandale à sa création en 1912, un chef-d’œuvre révolutionnaire, encore aujourd’hui. Cet ovni qui transgresse toutes les règles du ballet avec sa danse de profil, la jouissance d’un homme jusqu’à l’orgasme, continue de troubler et de séduire.
 
Plus romantique, moins sauvage, moins sexuel aussi, est la version de Jerôme Robbins « Afternoon of a Faun ». Dans l’intimité d’un studio, deux jeunes danseurs s’observent dans un jeu de séduction. Cette réflexion sur la danse manque d’originalité mais le décor et  le couple Eleonora Abbagnato - Hervé Moreau sont un vrai plaisir pour les yeux. Une vision presque aussi belle que la publicité Air France qui voit danser entre ciel et mer Benjamin Millepied, le futur directeur de la danse de l’Opéra de Paris.

Maurice Béjart/Vaslav Nijinski/Jerome Robbins/Sidi Larbi Cherkaoui-Damien Jalet à l'Opéra Garnier
13 représentations du 2 mai au 3 juin 2013 à 19h30
Réservations : 08 92 89 90 90

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