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Centenaire du Sacre du printemps : deux "Sacre" pour le prix d'un !
Le théâtre des Champs Elysées semblait vouloir revivre hier soir l'un de ses plus beaux souvenirs de jeunesse, son insolente inauguration avec la soirée la plus scandaleuse de l'époque : la création du ballet de Nijinkski sur la musique du Sacre du printemps de Stravinski. Un monument historique donc et une nouvelle version du Sacre du Printemps par Sasha Waltz. Deux Sacre pour le prix d'un !
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Happening
Aussi canaille que l'on puisse l'être sur cette artère cossu et altière, un Happening nous accueille sur le parvis du théâtre.
Une troupe d'apprentis comédiens du conservatoire déclame les critiques de la fameuse Première du 29 mai 1913. Enthousiastes ou furibardes les critiques, excessives et délectables : "Génie, Génie !", Ta gueule", " Taisez vous les grues du XVIe ! ". Suit une création d'élèves danseurs qui cherchent maladroitement à illustrer les ruptures entre la danse et la musique.
Quelle alchimie entre cette danse et la musique !
Dans le théâtre bondé, placé ce soir là sous le haut patronage de François Hollande, on verra arriver Valérie Trierweler, Manuel Valls, Bertrand Delanoë... Et quand le rideau se lève enfin, oubliant le tout Paris politico-mondain on prend en pleine figure, et avec un certain délice, la sauvagerie de la chorégraphie reconstituée de Nijinski. Têtes baissées, bustes voutés preque recroquevillés, mains crochues, le groupe évolue de manière compacte, piétinant et tambourinant avec une énergie farouche. Les costumes inspirés du folklore russe ne font pas illusion on assite à un rituel comme l'avait imaginé Nijinski : "Un grand rituel païen, les vieux sages, assis en cercle et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps". Et Nijinski réussit de façon presque narrative à nous faire vivre cette célébration.
Quelle alchimie entre cette danse, bannie au bout de sept représentations, et la musique de Stravinski ! Inédite, obssessionnelle, âpre, avec ces notes suraigües et ces instruments à contre emploi. Une musique savante et primitive qui a tant surpris à l'époque et secoue encore aujourd'hui, sous la baguette de Valery Gergiev qui dirige l'Orchestre du Mariinski.
Mais en 1913, personne n'avait vraiment entendu la musique tant le tumulte était grand dans la salle. Mercredi soir, pas un bruit, pas une quinte de toux. La reconstitution de la chorégraphie de Nijinski ne sera pas ovationnée, mais très applaudie, comme doit l'être un monument historique.
La version Sasha Waltz
Entracte et champagne pour tous ! Le théâtre des Champs Elysées sait recevoir ! Et nous voilà replongeant dans la musique du Sacre, avec cette fois la création de la turbulante Sasha Waltz. Avec les mêmes magnifiques danseurs du Mariinski la chorégraphe nous offre sa version du Sacre du Printemps d'Igor Stravinski. Beaucoup plus déliée, gracieuse, presque classique dans les premiers mouvements, plus sauvage au fil des mesures Son groupe, sa société inspirée de l'Antiquité, joue le collectif contre l'individu, se débat entre attraction céleste et force tellurique. La chorégraphe démultiplie le rite sacrificiel, le connecte à la sexualité jusqu'à cette scène saisissante : portées à bout de bras par les danseurs les jeunes femmes sans vie sont aspirées par les forces terrestres.
Saha Waltz fait oeuvre très personnelle tout en s'inscrivant dans la continuité de la chorégraphie originale. Celle-ci a en effet tant marquée les esprits, que tous les chorégraphes qui se sont succédés depuis cent ans ne peuvent l'ignorer.
En juin la version de Pina Bausch sera à l'honneur. Elle est l'une des plus célèbres parmi les 180 versions qu'a connue cette musique géniale.
Le Sacre du Primtemps au Théâtre des Champs Elysées
Aussi canaille que l'on puisse l'être sur cette artère cossu et altière, un Happening nous accueille sur le parvis du théâtre.
Une troupe d'apprentis comédiens du conservatoire déclame les critiques de la fameuse Première du 29 mai 1913. Enthousiastes ou furibardes les critiques, excessives et délectables : "Génie, Génie !", Ta gueule", " Taisez vous les grues du XVIe ! ". Suit une création d'élèves danseurs qui cherchent maladroitement à illustrer les ruptures entre la danse et la musique.
Quelle alchimie entre cette danse et la musique !
Dans le théâtre bondé, placé ce soir là sous le haut patronage de François Hollande, on verra arriver Valérie Trierweler, Manuel Valls, Bertrand Delanoë... Et quand le rideau se lève enfin, oubliant le tout Paris politico-mondain on prend en pleine figure, et avec un certain délice, la sauvagerie de la chorégraphie reconstituée de Nijinski. Têtes baissées, bustes voutés preque recroquevillés, mains crochues, le groupe évolue de manière compacte, piétinant et tambourinant avec une énergie farouche. Les costumes inspirés du folklore russe ne font pas illusion on assite à un rituel comme l'avait imaginé Nijinski : "Un grand rituel païen, les vieux sages, assis en cercle et observant la danse à la mort d'une jeune fille, qu'ils sacrifient pour leur rendre propice le dieu du printemps". Et Nijinski réussit de façon presque narrative à nous faire vivre cette célébration.
Quelle alchimie entre cette danse, bannie au bout de sept représentations, et la musique de Stravinski ! Inédite, obssessionnelle, âpre, avec ces notes suraigües et ces instruments à contre emploi. Une musique savante et primitive qui a tant surpris à l'époque et secoue encore aujourd'hui, sous la baguette de Valery Gergiev qui dirige l'Orchestre du Mariinski.
Mais en 1913, personne n'avait vraiment entendu la musique tant le tumulte était grand dans la salle. Mercredi soir, pas un bruit, pas une quinte de toux. La reconstitution de la chorégraphie de Nijinski ne sera pas ovationnée, mais très applaudie, comme doit l'être un monument historique.
La version Sasha Waltz
Entracte et champagne pour tous ! Le théâtre des Champs Elysées sait recevoir ! Et nous voilà replongeant dans la musique du Sacre, avec cette fois la création de la turbulante Sasha Waltz. Avec les mêmes magnifiques danseurs du Mariinski la chorégraphe nous offre sa version du Sacre du Printemps d'Igor Stravinski. Beaucoup plus déliée, gracieuse, presque classique dans les premiers mouvements, plus sauvage au fil des mesures Son groupe, sa société inspirée de l'Antiquité, joue le collectif contre l'individu, se débat entre attraction céleste et force tellurique. La chorégraphe démultiplie le rite sacrificiel, le connecte à la sexualité jusqu'à cette scène saisissante : portées à bout de bras par les danseurs les jeunes femmes sans vie sont aspirées par les forces terrestres.
Saha Waltz fait oeuvre très personnelle tout en s'inscrivant dans la continuité de la chorégraphie originale. Celle-ci a en effet tant marquée les esprits, que tous les chorégraphes qui se sont succédés depuis cent ans ne peuvent l'ignorer.
En juin la version de Pina Bausch sera à l'honneur. Elle est l'une des plus célèbres parmi les 180 versions qu'a connue cette musique géniale.
Le Sacre du Primtemps au Théâtre des Champs Elysées
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