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Biennale de la danse : Dada Masilo révèle les deux visages de "Carmen"

Il y a deux ans, elle avait bousculé les classiques de la danse avec son "Lac des cygnes" version zoulou. De retour cette année à la Biennale de Lyon, la chorégraphe sud-africaine Dada Masilo s'attaque à un autre mythe : "Carmen". Une version sensuelle et terriblement actuelle présentée en première mondiale.
Article rédigé par franceinfo - Odile Morain / Sophie Granel
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 Indomptable et enflammée  : "Carmen" par la chorégraphe et danseuse sud-Africaine Dada Masilo 
 (John Hogg)

Cette 16e Biennale de la danse a de nouveau invité la petite rebelle africaine de la danse. Rappelez-vous, il y a deux ans, Dada Masilo avait fait souffler un vent de modernité impertinente sur LE classique des classiques, le "Lac des Cygnes" de Tchaïkovski. Le triomphe fut tel que cette année les organisateurs de la Biennale lui ont demandé de présenter comme final du défilé un extrait pour 40 danseurs de sa chorégraphie. Un défi à la hauteur de la jeune artiste qui, à 29 ans à peine, a déjà incarné les plus grands rôles d'un répertoire qu'elle revisite à sa façon : Ophélie, Juliette, Odile/Odette et maintenant Carmen. 

Le Lac des Cygnes, version Dada Masilo sur la place Bellecour de Lyon 
 (Biennale de la Danse )

Incandescente Dada Masilo

La Carmen métissée qu'elle présente sur la scène de la Maison de la danse est à la confluence de trois univers, celui du flamenco, du contemporain et de la danse zoulou. Un rôle à la mesure de celle qui aime à répéter :  "J'aime le défi d'amener un personnage à la vie. Les classiques m'aident justement à faire cela. J'aime aussi raconter des histoires dans lesquelles les gens peuvent se retrouver".

A la fois vulnérable et manipulatrice, sensuelle et forte, la Carmen de Dada Masilo est de ces héroïnes mythiques, presque mythologique qui embrasent les imaginations. Une femme comme la chorégraphe sud-africaine les aime. Tout à la fois bourreau et victime, une femme moderne qui incarne les problématiques de notre temps. Violence, homophobie, viol, sida... Dada Masilo n'a peur de rien, et surtout pas de dire ou plutôt, de "danser" les choses.

Dada Masilo
 (Suzi Bernstein)

A l'occasion de la présentation en avant-première sur la scène de la comédie de Valence, une équipe de France 3 a pu assister aux dernières répétitions. La jeune chorégraphe  explique sa démarche : "Je ne pense pas être une rebelle, j'ai beaucoup de respect pour les techniques de danse que j'apprends, mais quand je monte sur scène je veux pouvoir m'en libérer. Avant de briser les règles, il faut les connaître"

Reportage : E.Rosso / S.Yvon / W.Vadon 
 


Un véritable métissage artistique



A la fois vulnérable et manipulatrice, sensuelle et forte, la Carmen de Dada Masilo est de ces héroïnes mythiques, presque mythologiques qui embrasent les imaginations. Une femme comme la chorégraphe sud-africaine les aime. Tout à la fois bourreau et victime, une femme moderne qui incarne les problématiques de notre temps. Violence, homophobie, viol, sida... Dada Masilo n'a peur de rien, et surtout pas de dire ou plutôt, de "danser" les choses

Carmen : libre et sauvage

La jeune chorégraphe plante le décor dès le début du ballet. C’est seule qu’elle investit le plateau. Vêtue d’une robe rouge, elle exécute un solo sur la rythmique d’un flamenco énergique et sexy. Rejointe par ses quinze danseurs, le petit bout de femme dégage une puissante incandescence. Le ballet s’enflamme, les robes de couleurs virevoltent, les interprètes crient et se chamaillent. La Carmen de Dada Masilo est coquine, un peu canaille, éperdument indépendante et terriblement attachante.
 

Dada Masilo une "Carmen" insatiable
 (John Hogg)


L’amour est enfant de bohême à Johannesbourg

Le ballet suit la trame de l’opéra de Georges Bizet, mais la chorégraphe sud Africaine a replacé l’intrigue dans son milieu d’origine. Johannesburg et ses faubourgs où les règlements de compte et la violence sont de mise. Elle y ajoute une expressivité quasi théâtrale qui plonge le spectateur au coeur de l’histoire. Chez Dada Masilo, l’ambiance est explosive et impertinente au bord du précipice. Les danseurs claquent les mains, frappent les corps, laissent échapper des cris. La place publique devient une arène où les hommes s'affrontent et imposent leur virilité pour gagner le coeur de de la sauvageonne.
"Johannesburg, qui n’est pas la ville la plus facile du monde. A Jobourg, il faut s’affirmer, avoir un caractère bien trempé.” déclare-t-elle aux Inrock.

 

Chez Dada Masilo, le toreador de Carmen fait virevolter sa cape rose et jaune
 (John Hogg)


Carmen : le rouge et le sang

Durant une heure, Dada Masilo irradie la scène de son énergie communicative. Avec l’agilité d’une gazelle, sa Carmen déborde de désir, joue avec les hommes, se querelle avec les femmes, passe de la joie à la colère. Aux duos plein de grâce succèdent des ensembles virtuoses et puissants. Le final d’une intensité tragique nous laisse le coeur serré.

 

Carmen, sauvage et rebelle par Dada Masilo 
 (John Hogg)


Carmen souillée et humiliée se relève digne et garde la tête haute. Car chez Dada Masilo, Carmen entourée des siens est prête à continuer à vivre sa vie.


"Carmen" de Dada Masilo, à la Maison de la Danse à Lyon du 20 au 25 septembre
Et toujours dans le cadre de la Biennale de la danse, au Théâtre du Vellein à Villefontaine (Isère) les 27 et 28 septembre, puis à Echirolles (Isère) les 30 septembre et 1er octobre.
 

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