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"Belle d'Hier" : Phia Ménard fait exploser les diktats du patriarcat

Le théâtre de la Criée à Marseille présente jusqu'au 5 février quatre oeuvres majeures de Phia Ménard. Artiste singulière qui flirte avec les genres artistiques et sexuels, la chorégraphe questionne sans relâche l’eau, le vent, la glace. Les cinq danseuses givrées de "Belle d'hier" dynamitent le mythe infini du prince charmant et sauvent la cause des femmes.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Belle d'hier" de Phia Ménard au théâtre de la Criée de Marseille jusqu' au 5 février 2016
 (Jean-Luc Beaujault)

Artiste hors norme, Phia Ménard est invitée au théâtre de la Criée pour une séance spéciale en forme "d'invasion". Quatre spectacle qui brouillent les pistes entre les arts, de la jongle à la danse en passant par le théâtre.

Avec "Belle d'hier" la dramaturge, né Philippe et devenue Phia, fait exploser en plein vol les codes du patriarcat et offre à toutes les femmes un manifeste de la condition féminine.

Dans ce "conte de fée féministe", les robes congelées au début du spectacle s'effondrent petit à petit, comme le mythe du prince charmant.

Reportage : C. Pesci / F. Di Cesare / J. Malet

De l'eau pour laver les croyances ancestrales

C'est quoi au juste un prince charmant ? C'est la grande et capitale question à laquelle s’attaque Phia Ménard dans "Belle d'Hier".

Sur le plateau du théâtre de la Criée, les cinq prétendantes se débattent avec les diktats masculins imposés depuis des millénaires. Pour souligner la pesanteur patriarcale, la chorégraphe place ses interprètes dans un bain d'eau, de vapeur et de glace pour une dernière lessive : "Je leur demande de ranger l'humanité et de repartir à zéro, de retrouver l'apaisement", explique t-elle.
  ( Jean-Luc Beaujault)

Le combat solidaire

Colère, répétition des mouvements et des sons, les filles solidaires passent de l'état de lavandière à celui de guerrière avec toujours le même ustensile : la batte.  Et pour gagner cette lutte, la dramaturge a recours au collectif. "Finalement ces cinq femmes ne peuvent rien faire seules, elles y arrivent parce qu'elles sont ensemble. Ca n'empêche pas qu'elles sont différentes".
  (France 3 / Culturebox)

Banaliser la transsexualité

Avec "PPP", créé en 2008, la performeuse transsexuelle affirme la métamorphose de son corps.
"Cette pièce je l'ai écrite comme une sorte de coming out dans mon parcours personnel au moment où j'ai choisi de changer de sexe, de passer de celui d'homme à celui de femme et d'arrêter de me travestir pour assumer mon identité", dit-elle à propos de ce choix.  

Une mutation identitaire qui s'inscrit dans son parcours artistique comme une libération. Elle intègre à la jongle, la danse et toutes sortes de performances à ses créations. "Je souhaite dédramatiser la transsexualité, la banaliser pour lutter contre la stigmatisation. Je veux que chaque personne se sente concernée par les transformations que j’interprète. Elles sont aussi une façon de chercher le bonheur et de se sentir bien dans sa peau, quelle qu’elle soit", explique Phia Ménard en note d'intention.  
P.P.P
 (Jean-Luc Beaujault)

"Belle d'hier" par la Compagnie Non Nova est programmé dans un cycle du théâtre de la Criée qui offre une carte blanche à Phia Ménard.
-"P.P.P" les 26 et 27 janvier
-"L'après-midi d'un Foehn" les 28 au 30 janvier
-"Vortex" les 29 au 31 janvier 





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