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"Peau d’âne" : un spectacle charmant, plein de faste et d’humour au Théâtre Marigny

Publié Mis à jour
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Le Théâtre Marigny rouvre en majesté, après 5 ans de fermeture pour travaux, avec l’adaptation de "Peau d’âne", célèbre film de Jacques Demy sur la musique de Michel Legrand. Souvenir mémorable de notre enfance, c’est le cœur palpitant que nous avons découvert cette version scénique.

Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jean Marais dans "Peau d’âne"… que de souvenirs ! En sortant du film, le gâteau d’amour que nous nous étions empressé de confectionner s’était avéré un véritable étouffe chrétien, que les parents nous avaient obligé à finir jusqu’à la dernière miette. Quant à la robe couleur de lune tant désirée, une grand-mère compatissante nous l’avait confectionnée en une journée dans un vieux rideau.  

Marie Oppert réussit à éclipser Catherine Deneuve

C’est donc avec une certaine excitation, que 48 ans plus tard, nous voilà installés dans les fauteuils du Marigny pour déguster cette toute première adaptation scénique. Jean-Luc Choplin, nouveau directeur du Marigny, grand manitou de la comédie musicale made in France, a eu du nez une fois de plus. Du Châtelet à la Seine musicale il a défendu le genre avec succès : "Singin’ in the rain", "An American in Paris", "Les parapluies de Cherbourg", déjà avec la charmante Marie Oppert. Marie Oppert, mutine et délicieuse Peau d’âne, qui nous fait oublier Catherine Deneuve d’un coup de baguette magique, excusez du peu ! Dès les première mesures de "Amour, amour je t’aime tant", sa voix si claire nous chavire. Adorable de bout en bout, et à croquer lorsqu’elle cuisine le fameux cake d’amour pour son prince !

Reportage : L. Hakim / J-L. Serra / G. Bezou / S. Fouquet / N. Beddia / D. Hamdad

La partition de Michel Legrand respectée à la lettre

Dans cette version mise en scène par l’espagnol Emilio Sagi qui avait signé "Le Chanteur de Mexico", premier succès de Choplin au Châtelet, rien ne manque : faste et humour, fantaisie et légèreté. La partition de Michel Legrand est respectée à la lettre. Le compositeur a même ajouté 10 minutes de musique pour les besoins du spectacle.
Peau d'âne et le cake d'amour
 (Julien Benhamou)
Les décors sont ravissants : sous- bois enchanteur, chambre de prince ou de princesse délicatement bollywoodiennes, boule à facette et jeu de miroirs astucieux pour élargir la scène un peu étroite du Marigny. Un bémol, un rideau de chaînettes or et argent voile un peu trop souvent la scène.

Des robes de rêve... ou presque !

Et puis, bien sûr, il y a les robes ! Celles couleur de lune et de soleil nous ont comblés. On oubliera celle couleur du temps et la robe de mariée, pas du meilleur goût. Mais décidément, rien ne peut enlaidir la charmante Marie Oppert.
Peau d'âne et la robe couleur de lune
 (Julien Benhamou)

Dans le rôle du Roi Bleu amoureux de sa fille, le danseur étoile Michaël Denard fait le job, même s’il lui manque le côté passionné et obscur d’un Jean Marais. Quant au prince, interprété par Mathieu Spinosi, il manque à sa voix le charme de celle de Marie Oppert.
Marie Oppert et Michaël Denard dans "Peau d'âne"
 (Julien Benhamou)

Marie-Agnès Gillot en Reine Rouge et Emma Kate Nelson en fée 

Dans le rôle de la fée Lilas, marqué de l’empreinte de Delphine Seyrig, Emma Kate Nelson est vraiment très savoureuse (elle jouait l’inénarrable Lina Lamont dans "Singin’ in the rain"). Epatante également l’étoile Marie-Agnès Gillot, qui vient de faire ses adieux à l’Opéra de Paris, elle est une Reine Rouge (la mère du prince) d’une belle présence, installant en quelques pirouettes et déhanchements de danseuse un personnage qu’on retient. Claire Chazal, trouvaille de Choplin, est la narratrice qui introduit et conclut le conte. Ce qu’elle fait avec élégance.
Marie-Agnès Gillot à gauche de Peau d'âne
 (Julien Benhamou)

Au secours mon prince !

On passe vraiment une très bonne soirée à ce "Peau d’âne" qui ravira toute la famille. Même, si avec le recul, on espère que nos chères petites têtes blondes résisteront aux messages véhiculés par ce conte de Charles Perrault : pour se préserver des pères incestueux, les petites princesses doivent se transformer en souillon, avant d'espérer le salut qui viendra d'un prince charmant !  
  (Julien Benhamou)

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