"Zorro" : les décapantes aventures d'un cavalier masqué, alias Jean Dujardin, teintées d'une irrévérence très française
Les nouvelles aventures de Zorro sont disponibles dans une série de huit épisodes à compter du 6 septembre sur la plateforme de streaming Paramount et d’ici la fin de l’année sur France Télévisions qui l'a coproduite. Nous sommes en 1821, Don Diego de la Vega, campé par Jean Dujardin, renoue avec son alter ego Zorro auquel il a renoncé depuis vingt ans. Pour cause, sa chère ville de Los Angeles va mal. L'aide du héros masqué devient indispensable quand Don Diego hérite finalement de la charge de maire après les 48 ans de règne de son père, Don Alejandro (André Dussollier).
La cité est endettée auprès du véreux homme d'affaires, Don Emmanuel (Eric Elmosnino) qui n'hésite pas, pour se rembourser, à exproprier les "Indiens", dénomination inappropriée que ne cesse pourtant de lui rappeler Don Diego. Grâce à Bernardo (Salvatore Ficarra), son fidèle compagnon muet, Zorro est donc de retour en ville au grand dam du Sergent (Grégory Gadebois) dont les griefs contre le héros masqué pourraient tenir sur plusieurs pages tellement ils sont nombreux.
Voilà donc le spectateur embarqué par les efforts de Don Diego de la Vega et de son double pour apporter de l'eau courante à sa ville, collecter l'impôt et contenir la cupidité de Don Emmanuel tout en sauvant le couple qu'il forme avec Gabriella de la Vega (Audrey Dana). Leur union bat de l'aile et l'apparition du ténébreux Zorro à Los Angeles ne laisse pas indifférente la compagne de Don Diego. Jean Dujardin est en effet sublime dans la panoplie du cavalier masqué, tout comme dans la peau de son alias, toujours élégant, mais dont la personnalité est évidemment moins percutante.
"Dujardin touch" et autodérision à toutes les sauces
Avec une superbe distribution, majoritairement française, les créateurs de la série, Benjamin Charbit et Noé Debré, ont misé à fond sur la "French touch", voire une "Dujardin touch". Cette addition au mythique personnage que Disney a rendu populaire avec sa série de 1957 est particulièrement savoureuse et décapante. Comme Jean Dujardin dans quelques-uns de ses personnages légendaires, on garde un sourire en coin en regardant les pérégrinations de Don Diego et de Zorro qui n'en ratent pas une.
Les échanges, inscrits dans une diversité de registres, sont truculents. Entre Don Diego et Don Emmanuel, on file la métaphore du "Prends-moi pour un c..." à chaque rencontre. Quand c'est au tour du Sergent de croiser le chemin de Zorro ou de Don Diego, on se retrouve chez le psy, en pleine thérapie. Cette malice dans le dialogue prend un tour plus sensuel et plus romantique avec Gabriella. Quand aux interactions avec Bernardo qui n'a rien à envier au Q de James Bond (responsable de la section recherche et développement au MI6), c'est un festival de bons mots quelle que soit la façon dont ils sont exprimés. Une réplique ("spoiler alert") apparaît déjà culte : "Ni fouet ni à faire".
Au goût du jour
À la saveur des dialogues, il faut rajouter les superbes décors mais surtout la somptueuse chorégraphie des scènes de combat à l'épée au son d'une bande originale au rythme millimétré. Et ce n'est pas seulement Jean Dujardin qui sait bien manier l'épée. Avec ce Zorro que réalisent Emilie Noblet et Jean-Baptiste Saurel, les Français débarquent à "Los Angeles" (en espagnol dans le texte) et proposent un programme où dominent l'humour et un sens de l'autodérision, inhérents évidemment à la franchise mais portés à leur paroxysme.
La nouvelle recette française reste fidèle à la franchise Zorro dont le succès n'a jamais été démenti par ses différentes versions et adaptations. La série, qui porte indéniablement la marque de son époque, fait un clin d’œil à une multitude de phénomènes sociétaux : promotion de la parité, société du spectacle ou encore autoritarisme politique qui interpelle aujourd'hui tout autant que dans cette partie du Mexique aspirant à se libérer de la Couronne d'Espagne.
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