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Séries : pourquoi sommes-nous fascinés par les personnages odieux, comme ceux de "Succession" ?

La série, dont le deuxième épisode de la dernière saison sort lundi, met en scène une famille américaine puissante dont les membres se détestent. "Il y a un côté cathartique, jouissif de voir ces personnages-là souffrir malgré leur immense richesse", analyse une experte sur franceinfo.
Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le casting de la série "Succession" sur le tapis rouge de la 74ème édition des Emmy Awards à Los Angeles, en septembre 2022. (FREDERIC J. BROWN / AFP)

Cela fait cinq ans que Succession, la série aux cinq Golden Globes, fascine. Le Britannique Jesse Armstrong a imaginé la saga des Roy, une famille américaine riche, dont les membres passent leur vie à se haïr et se trahir. Le personnage central de la série est Logan Roy, un père vieillissant, milliardaire et patron de presse. Il est violent, macho, antisémite et cruel avec ses quatre enfants : trois garçons et une fille, qui rêvent de prendre le pouvoir.

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Mais pourquoi adorons-nous des personnages aussi odieux, veules et froidement calculateurs ? "Il y a effectivement une fascination morbide. Il y a un côté peut-être cathartique, jouissif de voir ces personnages-là souffrir malgré leur immense richesse et malgré tous les coups bas qu'ils se font en permanence, explique Anaïs Bordages, coauteur du livre "Petit éloge des anti-héroïnes de séries" aux éditions Les Pérégrines et du podcast Peak TV sur Slate. Pour une série, c'est plus riche en termes d'écriture d'avoir des personnages qui ne vont pas toujours faire ce qu'il faudrait faire."

"On aime s'identifier à des personnages qui ont des défauts."

Anaïs Bordages, auteure du livre "Petit éloge des anti-héroïnes de séries"

à franceinfo

L'un des paradoxes de "Succession", c'est de montrer une famille vivant dans l'opulence, des appartements superbes dans Manhattan et des yachts luxueux en vacances ou des trajets en hélicoptère, sans que jamais cela nous fasse envie et qu'on souhaite être à sa place. "Ça pourrait s'inscrire dans ce qu'on a appelé la mouvance du wealth porn, cette espèce de pornographie de la richesse", analyse Ariane Hudelet, universitaire et spécialiste de la culture visuelle.

"Cette fascination pour ceux qui ont réussi était déjà présente dans les années 80, ajoute Ariane Hudelet. Dans Succession, c'est plus compliqué. On a malgré tout cette fascination, notamment pour leur mobilité constante. Il n'y a rien qui leur pose problème du point de vue de l'accès au monde, par exemple. Et pourtant, la série prend vraiment bien garde à nous mettre ça à distance du point de vue non seulement du scénario, mais aussi de la mise en scène, à ne pas rendre ça trop attirant."

La quatrième et dernière saison de Succession était très attendue, et le deuxième épisode est disponible depuis lundi 3 avril sur la plateforme Amazon Prime.

Pourquoi on adore détester les personnages de la série "Succession" - Reportage de Matteu Maestracci

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