"Dix pour cent" sur France 2 : le réalisateur Marc Fitoussi nous raconte les coulisses de la quatrième (et peut-être dernière) saison
Charlotte Gainsbourg, Franck Dubosc, José Garcia, Sandrine Kiberlain, Sigourney Weaver et Jean Reno jouent leur propre rôle dans cette nouvelle saison.
Les agents de stars les plus branchés (et névrosés) de Paris reviennent mercredi 21 octobre sur les écrans ! La quatrième saison de la série Dix pour cent sera diffusée sur France 2 à raison de deux épisodes par semaine. Comme dans leurs précédentes aventures, les agents d'ASK vont devoir dénicher de nouveaux talents, démêler des malentendus, gérer des acteurs par toujours bien lunés, au risque de mettre en péril leur vie personnelle. Pour ceux qui trépignent à l'idée de retrouver Andréa, Camille, Gabriel et le reste de la bande, sachez que les deux premiers épisodes sont déjà disponibles en avant-première sur france.tv.
Gros succès en France et à l'étranger, cette série cocréée par l'ancien agent de star Dominique Besnehard est l'une des plus attendues de l'automne. Comme les précédentes saisons, chacun des six épisodes tourne autour d'un acteur ou d'une actrice qui joue son propre rôle. La série a déjà accueilli des symboles du cinéma comme Monica Bellucci, Fabrice Luchini ou Isabelle Huppert. Cette quatrième saison sera normalement la dernière, le décor d'ASK a même été détruit après le tournage. Le réalisateur Marc Fitoussi, qui a travaillé sur trois épisodes de la nouvelle saison (avec Charlotte Gainsbourg, Sandrine Kiberlain et Sigourney Weaver), nous en raconte les coulisses.
Franceinfo Culture : Comment décririez-vous cette nouvelle saison de Dix pour cent ?
Marc Fitoussi : Elle a quelque chose de mélancolique. Je la décrirais comme une saison qui fait écho à ce que nous traversons tous en ce moment. Les personnages doivent se poser les vraies questions : Pourquoi fait-on ce métier ? Est-ce qu’on est heureux ?
C’est une saison de la maturité où tous les personnages vont grandir.
Marc Fitoussi, réalisateur
Le tournage a-t-il été perturbé par la Covid-19 ?
Il ne l’a pas été mais on a eu beaucoup de chance : j’ai tourné la dernière séquence de la saison, c’est-à-dire le tapis rouge de la cérémonie des César dans l’épisode 1, le 28 février. Tout le reste avait été tourné en amont. Derrière, on a terminé le montage, qui a été validé le vendredi 13 mars, juste avant le confinement. C’est pour cela que cette saison a une saveur particulière : on pouvait encore filmer Paris sans que personne ne porte de masques. Le coté glamour de la série était possible avant le confinement. Nous n'aurions pas eu les mêmes images avec les restrictions d'aujourd'hui.
Les acteurs principaux, les agents, donnent-ils leur avis sur les évolutions de leurs personnages ?
On leur a donné de plus en plus de permissions. La réunion de lecture des trois premiers épisodes de cette nouvelle saison, avant leur réécriture, a été révélatrice : les acteurs ont montré aux scénaristes qu'ils connaissaient mieux les personnages qu’eux. Ils commentaient : "je ne crois pas que ce soit très Andréa ou très Gabriel de faire ceci ou cela". C’est une force car cela permet de ne pas se tromper.
Comment avez-vous réussi à convaincre une star américaine comme Sigourney Weaver de participer à la série ?
Cela a été petit miracle. On avait réfléchi à une intrigue et Dominique Besnehard avait d'abord proposé Jane Fonda. Mais on s’est vite aperçus qu’elle ne serait pas disponible. On a réfléchi à une star américaine qui parle français, il n’y en a pas non plus mille, et je me suis souvenu de Sigourney Weaver. On a demandé son avis à une cheffe costumière française dont elle est proche. On a alors découvert qu’elle était disponible et fan de la série, diffusée sur Netflix sous le nom de Call my agent. J'ai rédigé un mail un dimanche à 16h30 pour lui proposer de lire le scénario, que nous n’avions pas eu le temps de traduire en anglais. A 20h, j'ai reçu une réponse favorable dans un français impeccable. Plus tard j’ai appris qu’elle n’avait même pas lu le scénario mais avait très envie de participer à la série.
Son épisode, qui parle de l'âgisme dont les actrices peuvent être victimes, est le plus politique de cette saison…
La première version de l’épisode pensé pour Jane Fonda montrait une femme qui venait à Paris pour tourner mais ne s'y plaisait plus. Son agent ne comprenait pas pourquoi elle était de si mauvaise humeur. Puis on découvrait qu’elle était venue non pas pour le film mais pour retrouver un amour d’enfance qui, lui, ne voulait pas la revoir. Je me suis dit qu'on n’arriverait pas à convaincre la papesse du féminisme de venir des États-Unis pour jouer une femme qui ne s’en remet pas parce qu’un homme l’a éconduite. Ce n'était pas très moderne et cela ne disait pas grand-chose sur tout ce qu’avait pu traverser une Jane Fonda. J’en suis venu à imaginer une autre intrigue, celle qui a été retenue.
On a voulu montrer une actrice qui en a assez qu'une femme soit obligée d'être plus jeune que son partenaire masculin. Cela plaisait beaucoup à Sigourney Weaver. C’est un discours qu'elle tient en France mais qui s’adresse également aux Etats-Unis.
Marc Fitoussi
Sandrine Kiberlain joue une actrice toujours à la recherche de nouveaux défis, quitte à s’éparpiller. Est-ce réellement un de ses traits de caractère ?
Elle aime relever de nouveaux défis comme tous les acteurs. Mais c’est quelqu’un qui n’a jamais eu l’idée de faire du stand-up, qui n’a pas de lubies. Elle a réalisé son premier long-métrage mais ce n’est pas un virage à 360 degrés. Elle s’est quand même essayée à la chanson, cela rend l’histoire de l'épisode un peu plausible.
Dans son épisode, Charlotte Gainsbourg s'embourbe dans un malentendu avec un réalisateur. A-t-elle déjà vécu une situation similaire ?
Quand je lui ai proposé le scénario elle m’a dit "c’est très loin de moi mais c’est cela qui m’amuse". Je pense que ce qui excite les acteurs invités, c’est de pouvoir jouer des rôles assez éloignés d’eux mais qui pourraient donner l’impression qu’ils sont vraiment ainsi. Celle dont le parcours est le plus proche de celui de son personnage c’est Isabelle Huppert [qui apparaît dans la saison 3]. Elle a effectivement un emploi du temps de ministre et doit jongler entre le théâtre, des tournages... D’ailleurs, je pense que c’est le seul épisode pour lequel si Isabelle avait refusé de participer, nous n’avions personne pour la remplacer. Parce qu'il faut savoir qu'on essuie des refus, toutes les stars ne sont pas prêtes à avoir autant d’autodérision.
Dix pour cent est un vrai succès en France et à l'étranger. Quelle est la recette ?
Ce gros succès tient au fait que c’est une série sur le quotidien, qui parle aux spectateurs, malgré le cadre dans lequel les personnages évoluent. Ce qui montre cela c’est que les assistants, je pense à Hervé et Noémie, sont presque devenus les personnages les plus populaires.
C’est aussi l’occasion de montrer un Paris glamour, qui fait rêver, vidé de ses poubelles, où on a envie de vivre.
C’est la force de cette série : être dans quelque chose de quotidien dans les rapports humains et en même temps dans quelque chose de presque idyllique. Beaucoup de gens rêveraient d’être dans un épisode de Dix pour cent.
Marc Fitoussi
Cette quatrième saison est annoncée comme la dernière. Que ressentez-vous ?
Je n’arrive pas du tout à croire que c’est la fin de la série. C’est la fin de la saison quatre, peut-être qu’il n’y aura pas de saison cinq, mais pourquoi pas un film ou un téléfilm…. Ce sont les producteurs qui décideront. Il y a la peur d’une lassitude et c’est plutôt sain. Mais j’ai du mal à penser qu’on ne retrouvera plus jamais ces personnages. On a fait cette saison quatre comme une dernière. Normalement, on lance une nouvelle saison quand le tournage de la précédente vient de s’achever et pour l’instant ce n’est pas le cas. Dans Dix pour cent il y a des stars invitées mais les personnages récurrents se sont montrés extrêmement attachants et ce sont eux qui vont le plus nous manquer.
Dix pour cent, saison 4, sur France 2 à partir du 21 octobre.
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