"Big Little Lies" saison 2 : petits mensonges, grands drames
La deuxième saison de la série "Big Little Lies" s'est achevée à la fin du mois de juillet.
Au début de l’année 2017, la première saison de Big Little Lies, ce Desperate housewives sombre et moderne, avait fait un carton international. Diffusée sur OCS, la série a été acclamée par la critique et le public.
Après une pluie de récompenses aux Emmy Awards en 2017 et aux Golden Globes en 2018, la série au casting 5 étoiles (Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Laura Dern, Shailene Woodley, Zoé Kravitz) revient pour une deuxième saison. Elle ne devait être au départ qu'une mini-série, adaptée d’un roman de Liane Moriarty par David E. Kelley.
Après 7 épisodes intenses et haletants, la première saison s’achevait sur une fin ouverte. HBO a donc produit une suite, au risque de s’éloigner de l’intrigue originale et fondatrice du roman et ... de décevoir les fans. Liane Moriarty a cependant aidé les scénaristes pour ces nouveaux épisodes qui, en terme d'écriture, sont à la hauteur des sept premiers. Si l’identité du mort et du meurtrier sont révélées à la fin de la première saison, les interrogations demeurent et les personnages regorgent encore de secrets, de reliefs, de facettes à explorer.
Meryl Streep grandiose en mère endeuillée
Pour ce deuxième volet, Meryl Streep rejoint la bande des “Monterey 5”. Elle interprète Mary Louise, la mère de Perry Wright (Alexander Skarsgård), le défunt mari de Céleste (Nicole Kidman). Bien déterminée à découvrir la vérité sur la mort de son fils, elle vient bouleverser l'équilibre fragile créé par ce club des 5 après le drame.
Meryl Streep (née Mary Louise Streep) livre une performance déconcertante de justesse et de sincérité. L’actrice de 70 ans, en mère endeuillée, envahissante et cruelle, brille devant la caméra de la réalisatrice Andrea Arnold. Mary Louise vient donner un nouveau souffle à une saison qui aurait pu être terne, manquer de saveur faute de la tension qu'entrenaient les premiers épisodes avec des sauts dans le temps.
Des femmes liées par le secret
Ces sept nouveaux épisodes sont rythmés par d’autres mécanismes, associés à de nouveaux thèmes, plus profonds, plus personnels. Les femmes, liées par le secret et réunies dans la souffrance, portent individuellement des combats éprouvants. Bonnie (Zoe Kravitz), apparaît rongée par la culpabilité, les traits creusés, les yeux cernés. Sa mère ressurgit dans sa vie avant de disparaître pour toujours. Le deuil, des souvenirs d’une enfance difficile, refont surface. Autant d’éléments qui poussent Bonnie vers une prise de conscience impliquant des changements radicaux dans sa vie et donc dans celle de ses amies.
La pétillante Madeline se bat pour sauver son couple avec Ed (Adam Scott), après ses infidélités. Le masque de l’épouse et mère de famille parfaite tombe, on découvre le visage d’une femme ravagée par le doute et l’insécurité émotionnelle.
Le personnage carriériste et caractériel de Renata - interprété par l’excellente Laura Dern - prend plus de place dans la bande. Moins caricaturale et plus sensible, elle doit ici assumer les conséquences des actes de son mari, qui mènent leur couple jusqu’ici richissime à la faillite totale.
De son côté, la jeune mère Jane Chapman (Shailene Woodley) peine toujours à se reconstruire après le traumatisme indélébile d’un viol. Une rencontre amoureuse pourrait lui permettre de sortir enfin la tête de l’eau.
Enfin, Céleste (Nicole Kidman) doit apprendre à vivre sans son mari et tente de guérir de la violence qu’il lui a infligé pendant de longues années. Elle doit surtout faire face à Mary Louise, bien déterminée à obtenir la garde de ses jeunes jumeaux. Les deux mères s’affrontent, se battent par amour pour leurs enfants. L’une pour ne pas perdre la garde de ses garçons, l’autre pour laver la mémoire de son fils, dont elle découvre douloureusement le visage de brute violente et perverse.
Bataille judiciaire et enquête criminelle
Sur fond de bataille judiciaire et d’enquête criminelle, les intrigues individuelles s’emmêlent et s'épaississent au fil des épisodes. Ces cinq femmes fortes s’allient, s’épaulent, tissent des liens indéfectibles dans l’adversité.
Les actrices livrent des performances de haute volée. Chacune semble maîtriser avec plus d’aisance que dans la saison précédente son personnage, particulièrement Nicole Kidman, dont la beauté froide et le regard bleu clair transpirent la peur et la détresse extrême.
Dans la continuité de la première saison, la série continue de dresser le portrait obscur de ces femmes bourgeoises - aux vies en apparence parfaites - dévoilant au fil des épisodes leurs faiblesses, leurs angoisses et leurs blessures, avec comme fil rouge les violences faites aux femmes.
Vers une troisième saison ?
Côté réalisation, la caméra est passée du Canadien Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club, Sharp Object) à la Britannique Andrea Arnold, qui a délaissé
l’esthétique aérienne et épurée de la saison 1. Selon le média IndieWire, certains plans de la nouvelle réalisatrice auraient été remontés, coupés et même retournés par Jean-Marc Vallée, passé en post-production pour cette saison. Cela pourrait expliquer les quelques problèmes de rythmes disséminés dans ces nouveaux épisodes.
Tout comme la première, la fin de la deuxième saison pourrait se passer d'une suite. Malgré une fin ouverte que certains pourront trouver frustrante (ou décevante), la production ne semble pas avoir prévu de troisième volet. “Ce sont les actrices les plus demandées d’Hollywood. Nous avons déjà un projet avec certaines d’entre elles – Nicole Kidman tourne sa prochaine série; The Undoin, avec nous. Et je pense que ce n’est pas réaliste” a affirmé le PDG de HBO Casey Bloys à TVLine.
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