"Becoming Karl Lagerfeld" : Daniel Brühl, Alex Lutz et Arnaud Valois dans une série dévoilant le couturier avant qu'il ne devienne le "Kaiser" de la mode
Adaptée de la biographie Kaiser Karl de la journaliste du Monde Raphaëlle Bacqué, cette œuvre en six épisodes suit les premiers pas du styliste. Elle s'ouvre à Paris dans les années 1970. On y découvre Karl Lagerfeld comme mercenaire du prêt-à-porter, avant qu'il ne devienne le couturier emblématique de la maison Chanel. Disponible dès le vendredi 7 juin, le rôle-titre est incarné avec finesse par Daniel Brühl.
La série explore ainsi sa collaboration avec Gaby Aghion (Agnès Jaoui), la fondatrice de la griffe Chloé, sa rivalité avec Yves Saint Laurent (Arnaud Valois), le protégé de Pierre Bergé (Alex Lutz) et sa relation avec le dandy Jacques de Bascher (Théodore Pellerin), le grand amour de sa vie. De quoi lever un pan du mystère qu'aimait cultiver Karl Lagerfeld, décédé en 2019 et pour la première fois au cœur d'une fiction audiovisuelle.
"Il fascinait le monde entier" sans que l'on connaisse réellement l'homme "derrière la façade qu'il s'était créée", expliquait en mars à l'AFP Daniel Brühl, qui n'a pas hésité longtemps avant d'accepter ce rôle. Soucieux de ne pas tomber dans la caricature, l'acteur germano-espagnol, qui s'est entraîné en se parlant "en français avec un accent allemand", raconte avoir eu un déclic en essayant les chaussures à talons de son personnage, qui lui ont fait penser "au flamenco et aux toreros", lui permettant de se "raccrocher à l'image d'un matador" avant chaque prise.
"Lagerfeld est un personnage assez froid au premier abord, c'est un homme qui masque beaucoup ses sentiments", relate pour l'AFP Raphaëlle Bacqué, qui a participé à la création de la série avec Isaure Pisani-Ferry. Le "défi", c'était "de redonner une vie intérieure", "une forme de vulnérabilité" à "cet homme qui s'est corseté toute sa vie" et "mentait tout le temps", notamment sur sa nationalité ou sur son âge.
Une figure qui traverse les frontières
Réalisée par Jérôme Salle et Audrey Estrougo, cette production française a été annoncée dès 2021 par Disney, un an après l'implantation de la plateforme dans l'Hexagone. Tournée entre Paris, Monaco et l'Italie, la série réunit plus de 2 200 figurants dans plus de 40 décors, pour un total de 3 000 costumes, dont 160 entièrement créés par des ateliers dédiés.
Des tenues au maquillage, "il n'y a pas un détail qui est laissé au hasard", a assuré à l'AFP Jeanne Damas, fondatrice de la marque Rouje et interprète, dans la série, de la créatrice Paloma Picasso, lors du festival Canneseries.
Ce lancement survient quelques mois après la série espagnole Cristóbal Belenciaga, consacrée au couturier éponyme sur Disney+, et de la série américaine The New look, évoquant l'ascension de Christian Dior sur Apple TV+. Pour les plateformes, ces séries sont également un moyen d'alimenter leurs catalogues en productions locales, tout en traversant les frontières grâce à des figures connues dans le monde entier.
"Avec du recul, on est sur un vrai temps où la mode est un patrimoine" et où "on peut confortablement regarder dans le rétroviseur" pour créer des histoires, a estimé Alex Lutz pour justifier cette tendance, devant des journalistes, dont l'AFP, à Cannes.
"Une matière inépuisable pour les réalisateurs"
"C'est un monde très attirant" mais aussi "malsain" où se côtoient "le glamour, le battage médiatique, la prétention mais aussi la tragédie, le drame et la vacuité", a ajouté Daniel Brühl. Les représentants du milieu "se sont créé eux-mêmes des personnages", a déclaré à l'AFP Arnaud Valois, vantant une "matière inépuisable pour les réalisateurs, les scénaristes".
"J'espère que ça va marcher, qu'on puisse faire une deuxième saison" dans les années 1980, lance Raphaëlle Bacqué, alors que la série ne couvre qu'"un tiers" de son ouvrage, succès de librairie traduit dans plusieurs langues et dont le producteur Gaumont a acquis les droits l'année de sa sortie en 2019. Fin 2022, l'acteur américain Jared Leto avait également annoncé dans la presse américaine travailler sur un biopic de Karl Lagerfeld.
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