: Reportage "Tout semble génial mais on galère à payer les factures" : à Londres, les petites salles de concert subissent l'inflation
Les Beatles, Amy Winehouse ou Oasis n'auraient peut-être jamais émergé sans elles. Après le Covid, les "Grassroot venues", les petites salles de concert britanniques, subissent de plein fouet l'inflation et la crise du coût de la vie. 38% d'entre elles connaissent des difficultés financières.
A Londres, dans un ancien cinéma des années 30, une petite silhouette élancée monte et descend des escaliers, pousse des portes. C'est un labyrinthe qui n'a aucun secret pour Auro Foxcroft. Cheveux longs et blouson rouge, il dirige un peu EartH Hackney venue, plusieurs salles, dont celle où il finit par s'arrêter. L'un des artistes du jour fait la balance avant sa prestation : "Nous avons deux concerts complets ce soir. Il y a une longue file d'attente dehors. Tout semble génial, mais en fait, on galère à payer les factures, à programmer des spectacles et ça ne peut pas continuer comme ça."
Les clients consomment moins
Ce qu'il décrit, c'est un système à bout de souffle. Il reçoit de l'argent de la part des promoteurs de concerts, juste assez pour payer les salaires de ses employés. Ensuite, c'est avec le bar qu'il est censé remplir ses caisses. Tout lui coûte plus cher et les clients, eux, consomment moins parce que leur budget aussi se resserre. 60 places au sous-sol : c'est la salle de spectacle du pub Harrison, pas loin de la gare de Saint-Pancras. Ce soir-là, quatre violonistes dont Maisie : "J'ai créé un nouveau groupe il y a deux ans et on cherchait un endroit où faire notre premier concert. Des petites salles comme ça, c'est bien pour tester de nouveaux concepts. Et ce week-end, on va enregistrer notre premier album."
C'est exactement ce que veut Paul Michelmore, mais le patron du Harrison est au bout du rouleau. Il y a eu le Covid. Maintenant, l'inflation. Et surtout, la justice l'oblige à payer l'intégralité de son loyer pendant la pandémie, quand les pubs devaient rester fermés : près de 100 000 livres sterling à trouver en quelques mois. "Tous les jours depuis quatre ans, j'essaye de garder la famille, de conserver l'équipe, de rester ouvert. Je mendie, j'emprunte. C'est tous les jours et c'est épuisant", confie le patron de la salle.
Comme beaucoup de ses semblables, Paul craque. Le ministère de la Culture étudie la possibilité d'une taxe : une livre sterling par billet vendu dans les salles capables d'accueillir plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Taxe reversée ensuite aux petits exploitants.
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