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Quatre satellites pour offrir internet à 3 milliards de déconnectés

Des engins ont été lancés de la Guyane pour fournir du très haut débit aux personnes qui en sont privées.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le lanceur russe Soyouz décolle de la Guyane française, le 25 juin 2013, avec quatre satellites O3b à son bord.  (JODY AMIET / AFP)

Offrir le haut débit à trois milliards de Terriens. C'est la mission visée par quatre satellites de la constellation O3b, lancés avec succès, mardi 25 juin, depuis la Guyane française. Les engins ont été emportés par le lanceur russe Soyouz et le premier couple de satellites s'est séparé de la fusée deux heures après le décollage, les deux autres 22 minutes plus tard.

Que vont-ils faire exactement ? Pourquoi cela pourrait-il profiter à de nombreux pays émergents ? Francetv info vous explique tout. 

La constellation O3b, c'est quoi ?

Cette constellation de satellites est l'aboutissement d'un projet mis sur pied par l'opérateur de télécommunications O3b Networks, fondé par un Américain de 43 ans, Greg Wyler. Son objectif : fournir l'internet haut débit aux "trois autres milliards" ("Other 3 billion") de Terriens qui en sont privés. Et à bas prix. 

L'idée remonte à 2007, alors que Greg Wyler se trouve au Rwanda. Ce pionnier des réseaux de téléphonie mobile 3G en Afrique envisage de développer un service d'accès à internet par câble pour tous les habitants. Mais le projet, dont le Spiegel (en anglais) s'est fait l'écho, n'aboutit pas, du fait de la médiocrité du réseau et des responsables politiques locaux. C'est là que Greg Wyler décide de mettre en place une parade et de passer par une constellation de petits satellites nouvelle génération. 

Son projet ambitieux trouve un écho favorable auprès de certains investisseurs. Il n'est financé qu'avec des fonds privés. Selon Les Echos, qui en délivrent le détail, la banque HSBC, Google et Liberty Media ont lâché, dès 2009, 50 millions de dollars (38 millions d'euros) pour le soutenir. 

Comment ça marche ?

Pour y parvenir, au moins huit satellites, de 650 kilos chacun, doivent être lancés. Mais O3b Networks prévoit d'en envoyer une petite vingtaine pour déployer son offre. Quatre autres engins doivent donc être lancés avant la fin de l'année. Ils devraient être rejoints début 2014 par quatre nouveaux satellites, portant leur nombre à douze. Selon la BBC (en anglais), les premiers à pouvoir bénéficier de cette technologie seront les habitants des îles Cook, dans le Pacifique. La population n'y est pas connectée au réseau de fibre optique. 

Placés en orbite autour de l'Equateur, les satellites O3b vont en fait servir de relais spatiaux pour internet sur la Terre, au moyen de simples antennes paraboliques. Selon le quotidien El Pais (en espagnol), de telles antennes seront installées à Hawaï, au Pérou, au Brésil, au Portugal, au Pakistan ou encore en Australie, pour redistribuer le signal à des entreprises locales.  

Les satellites permettront de couvrir une bande de 45 degrés au nord et 45 degrés au sud. La zone visée concernera au total 180 pays en développement. Ainsi, depuis l'espace, les satellites fourniront des services de télécommunication et de liaison internet très haut débit et à faible coût sur une zone comprenant toute l'Afrique, pratiquement toute l'Amérique latine, le Moyen-Orient, l'Asie du Sud-Est, l'Australie et l'Océanie.

Quelle différence avec les satellites géostationnaires ? 

Conçus par Thales Alenia Space, les satellites O3b seront déployés à seulement 8 062 km d'altitude quand les satellites classiques sont placés à 36 000 km. Résultat : ils communiqueront plus vite avec la Terre. Selon la BBC (en anglais), O3b promet à ses clients un délai de transmission du signal d'environ 100 millisecondes aller-retour, contre 600 millisecondes pour les satellites géostationnaires (GEO). 

Les engins 3Ob coûteront également moins cher aux pays qui en bénéficieront. En effet, comme l'explique Le Figaro, l'investissement dans un satellite de télécoms s'avère moins coûteux que des infrastructures comme le câble ou la fibre optique. Enfin, leur petit volume - ils pèsent sept fois moins lourd que les satellites géostationnaires - les rend plus accessibles que ces derniers. Le coût d'exploitation des GEO est aussi généralement plus élevé.

Quels sont les effets recherchés ? 

L'initiative de O3b Networks cherche à réduire la fracture numérique entre les milliards de personnes connectées dans les pays du Nord et les habitants du Sud. El Pais donne un aperçu de cette différence entre Nord et Sud dans l'accès au web, en s'appuyant sur les chiffres de l'Union internationale des télécommunications. Selon ses données, les deux tiers de l'humanité n'ont pas accès à internet. Signe du clivage Nord-Sud : en Europe, 77% de la population est connectée, contre seulement 16% en Afrique. 

Le quotidien estime enfin que le projet, "en plus de casser la distance numérique entre pays riches et pauvres" et d'introduire le web dans certaines régions reculées de la planète, pourrait permettre un changement de grande ampleur pour les entreprises. Et pour cause : celles-ci "payent aujourd'hui des sommes exorbitantes pour ce type de connexions".

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