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Quatre questions sur l'exhumation du corps de Salvador Dali

L'exhumation du fantasque peintre a été ordonnée fin juin par la justice, après la demande en reconnaissance de paternité déposée par Pilar Abel, une voyante espagnole. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des visiteurs autour de la tombe de Salvador Dali à l'intérieur du musée Dali à Figueras (Espagne), le 18 juillet 2017. (LLUIS GENE / AFP)

C'est une recherche de paternité regardée dans le monde entier. La tombe de l'artiste surréaliste espagnol Salvador Dali doit être rouverte jeudi 20 juillet, vingt-huit ans après sa mort, pour déterminer s'il a, ou non, une descendance. Dali a vécu ses dernières années retiré dans son château de Pubol avec sa compagne Gala, morte en 1982, avec laquelle il n'a pas eu d'enfant. Mais une voyante espagnole assure être le fruit d'une brève liaison du peintre.

Franceinfo revient en quatre questions sur cette exhumation hors norme.

Qui est à l'origine de l'exhumation ?

"Je veux juste connaître la vérité, et c'est tout", a confié mercredi soir Pilar Abel, qui a grandi à Figueras, la ville où Dali est né en 1904 et mort en 1989. Née en 1956 dans une clinique de Figueras, Pilar Abel soutient que Dali a entretenu une liaison clandestine avec sa mère, quand cette dernière travaillait dans la petite localité côtière de Portlligat, où le peintre séjournait souvent.

Dans un témoignage confus diffusé en mars 2015 à la télévision catalane TV3, Pilar Abel assurait que quand elle avait 8 ans, sa grand-mère lui avait confié : "Je sais que tu n'es pas la fille de mon fils, je sais que ton père est un grand peintre." "Elle m'avait dit le nom : Dali", affirmait-elle. Sa mère, "amoureuse de Dali", lui aurait confirmé cette histoire avant d'être atteinte de démence sénile.

Pilar Abel Martinez lors d'une interview à Barcelone (Espagne), le 26 juin 2017.  (LLUIS GENE / AFP)

Pilar Abel affirme lutter depuis dix ans pour obtenir cette reconnaissance et avoir déjà réalisé trois tests ADN, dont les résultats ne lui sont pas parvenus. La voyante martèle qu'elle a mené ces procédures pour "connaître [s]on identité" et prendre le nom de famille Dali.

Elle assure également avoir soumis à la justice un témoignage, réalisé devant notaire, d'une personne qui était au courant et à qui Dali avait confié la tâche de surveiller les faits et gestes de la mère de Pilar Abel.

Y a-t-il eu une opposition à cette exhumation ?

L'exhumation du peintre a été ordonnée fin juin par la justice, après la demande en reconnaissance de paternité déposée par Pilar Abel. La Fondation Dali, qui gère le musée et le patrimoine de l'artiste, avait déposé un recours contre l'exhumation, mais le délai était "trop juste" pour donner le temps à toutes les parties de présenter leurs arguments et permettre à la justice de trancher, a expliqué une source judiciaire. "Cela me fait de la peine" mais "il faut respecter la loi", a réagi jeudi le ministre de la Culture, Iñigo Méndez de Vigo.

Comment va se passer l'exhumation ?

Jeudi, à 20 heures, une fois les touristes partis, des experts retireront la dalle de plus d'une tonne protégeant le corps embaumé de Dali, conservé dans une crypte située sous la coupole du Théâtre-Musée Dali de Figueras, pour prélever un extrait d'ADN de l'artiste.

Le prélèvement, "une opération technique très compliquée", selon la Fondation Dali, se fera sur "des restes osseux et/ou des pièces dentaires", d'après le document judiciaire ordonnant l'exhumation.

L'opération, qui pourrait durer jusque tard dans la nuit, se déroulera dans la plus grande discrétion. La coupole du musée sera recouverte de toiles opaques pour éviter que des photos ne soient prises à l'aide de drones, a indiqué la Fondation. Celle-ci communiquera les détails vendredi à 8 heures, lors d'une conférence de presse.

Que va-t-il se passer après ?

Ce prélèvement devra ensuite être transmis à l'Institut de toxicologie de Madrid. Pilar Abel y a déjà déposé un échantillon de salive. La réponse prendra quelques semaines et les preuves seront présentées lors du procès prévu le 18 septembre, explique Enrique Blanquez, l'avocat commis d'office de la plaignante.

Si les tests prouvaient une filiation, Pilar Abel pourrait réclamer 25% de l'héritage de Dali, composé de centaines d'œuvres d'art, dont 250 signées par le peintre, mais aussi des propriétés en Catalogne. L'artiste a tout cédé à l'Etat espagnol.

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