Propos d'Izïa Higelin contre Macron : "Sur scène, on peut tout se permettre. Il faut préserver cette liberté", assure Luc Frelon, programmateur musical à FIP
La chanteuse Izïa Higelin a été visée par une enquête pour "provocation publique à commettre un crime ou un délit" après avoir évoqué sur scène un lynchage fictif d'Emmanuel Macron, jeudi 6 juillet lors d'un concert à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Deux jours plus tard, la mairie de Marcq-en-Barœul (Nord) décide d'annuler un concert de la chanteuse, prévu jeudi soir avant le feu d'artifice, à la veille du 14-Juillet. Son concert aux Francofolies de la Rochelle le 12 juillet a quant à lui été maintenu comme prévu.
La chanteuse a pris le temps de s'exprimer dans un entretien accordé à Ouest-France où elle explique que sa tirade était "une histoire fantasmée, un moment partagé d'esprit libre, artistique".
franceinfo : Comment réagissez-vous à la polémique Izïa Higelin ?
Luc Frelon : La polémique autour d'Izïa est un moment anecdotique d'un concert, comme il en existe beaucoup. Selon moi, il y a un effet "réseaux sociaux". On allume des contre-feux avec des polémiques. Il y a une hystérisation du débat en France. Je trouve ça assez effrayant. Il y a une forme de récupération politique qui se fait sur le dos de la culture.
Que dire du rapport entre la musique et la violence ?
Si on prend le métal par exemple, c'est une musique violente, mais qui permet de canaliser une certaine rage. Et ça ne conduit pas le public à commettre des violences à l'extérieur. La musique est un exutoire puissant. La scène a toujours été propice à toutes les outrances, quel que soit le genre musical. On peut aussi penser au musicien Marc Rebillet et son "Fuck Macron" repris en chœur par son public, ça n'a pas déclenché de révolution.
Les artistes peuvent-ils tout dire sur scène ?
La scène est un espace sacré. C'est un espace hors du temps et ça doit le rester. Sur scène, on peut tout se permettre et il faut préserver cette liberté. Qu'il s'agisse d'Izïa ou de Bilal Hassani qui est obligé d'annuler son concert parce qu'il a reçu des menaces de la part des mouvements d'extrême droite sur les réseaux sociaux... ça fait peur. Il faut absolument protéger les artistes. Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a dit sur franceinfo que les propos d'Izïa étaient "nuls", "inutiles" et "démago". Mais que dit la ministre de la Culture Rima Abdul Malak ? Pour l'instant, on ne l'a pas entendue.
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