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Thé avec la reine, stage commando... Comment Meghan Markle se prépare pour son mariage royal avec le prince Harry

Carole Bélingard, Benoît Zagdoun le vendredi 18 mai 2018

Meghan Markle, le 12 mars 2018, à la sortie de la messe donnée à l'abbaye de Westminster en l'honneur de la Journée du Commonwealth, à Londres. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Une fine bruine tombe sur le palais de Buckingham à Londres, ce jeudi 12 octobre 2017. Une Ford Galaxy noire aux vitres teintées traverse la cour du château avant de s'arrêter tout près de l'entrée de la reine Elizabeth II. Deux silhouettes s'échappent de l'habitacle pour s'engouffrer dans la bâtisse royale. Loin des studios de Toronto (Canada), où elle officie depuis 2010 dans la série populaire Suits, avocats sur mesure, en tant que Rachel Zane, l'actrice californienne Meghan Markle s'apprête à rencontrer pour la première fois de sa vie la reine d'Angleterre, en compagnie du prince Harry.

Le couple est ponctuel. Il est 17 heures, l'heure rituelle du thé. Dans son salon privé surplombant les jardins du palais de Buckingham, Elizabeth les attend autour d'une tasse de Queen Mary, le mélange de thés de la reine, ainsi que d'un assortiment de petits sandwichs, de scones et de cakes. Même les corgis de la reine lui réservent le meilleur accueil. "J'ai passé trente-trois ans à me faire aboyer dessus et lorsque Meghan entre, pas une seule manifestation d'hostilité", s'amuse Harry lors d'une interview à la BBC (en anglais), le 27 novembre. Après ses chiens, Elizabeth donne à son tour son consentement au mariage de Harry, son petit-fils et cinquième dans l'ordre de succession, et de Meghan Markle, actrice américaine métisse, divorcée et fille d'une professeure de yoga et d'un directeur de la photo.

Dès lors, le compte à rebours est déclenché pour Meghan Markle avant son inattendu mariage princier, le 19 mai 2018. A quoi ressemblent les préparatifs pour une future membre de la famille royale britannique ? Franceinfo a mis ses pas dans ceux de la future mariée.

Mission n°1 : se faire accepter dans le royaume

Le prince Harry et Meghan Markle posent pour les photographes le 27 novembre 2017, dans les jardins de Kensington Palace, à Londres, lors de l'annonce de leurs fiançailles. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Les flashs des photographes crépitent devant Kensington Palace, lundi 27 novembre. Harry, dans son costume bleu, esquisse quelques pas dans les jardins autour du lac, main dans la main avec une Meghan Markle radieuse et visiblement à l'aise face à cette attention médiatique. "Elle sait déjà évoluer sur la scène publique. Elle n'a pas de timidité. Elle est déjà préparée à cela et c'est un avantage", pointe Isabelle Rivère, journaliste spécialiste des familles royales européennes à la rédaction de Point de Vue, à franceinfo.

Quelques heures plus tôt, le prince Charles a annoncé sur Twitter, via le compte Clarence House, les fiançailles de son deuxième fils avec l'actrice américaine de 36 ans, lançant ainsi le début d'une opération de communication millimétrée.

On n'appelle pas la famille royale "la firme" pour rien. Depuis le scandale Diana, il y a eu une prise en main de la communication, avec des efforts très nets de modernisation.

Charles-François Mathis, maître de conférences en histoire contemporaine et spécialisé dans l'histoire de l'Angleterre, à franceinfo.

Le compte Facebook de la famille royale prend ensuite le relais de Clarence House et publie la déclaration. Des fiançailles 2.0, retweetées par les différents comptes de la famille royale. Ironie de l'histoire : cette annonce des fiançailles inonde les réseaux sociaux, alors que Meghan a dû, elle, fermer ses comptes Facebook, Instagram et Twitter, il y a quelques mois. La communication de la future Altesse Royale sera désormais assurée par le palais de Kensington.

De retour à Kensington Palace, Meghan et Harry accordent leur première interview de couple à la BBC. Là encore, rien n'est laissé au hasard. La journaliste qui conduit l'entretien a été repérée par Meghan Markle avant d'être validée par la famille royale, comme l'explique Andrew Morton dans sa biographie de l'actrice, Meghan (sortie en France le 3 mai, éd. Hugo Doc). Mishal Husain a notamment mené campagne à la BBC pour l'égalité des salaires entre hommes et femmes. Cet engagement n'a pas échappé à l'actrice, qui a apporté son soutien au mouvement #MeToo. "Sa déclaration féministe s'inscrit tout à fait dans le nouveau travail porté par Kate, William et Harry à travers leur fondation. Ils ont plus de liberté de parole que la génération précédente", souligne Isabelle Rivère à franceinfo.

Cette interview dure au total vingt minutes. On y découvre une Meghan Markle à l'aise et détendue, se pliant volontiers à l'exercice. Elle s'autorise même quelques rires. Le couple se présente comme "une équipe", raconte la demande en mariage dans son cottage autour "d'un poulet rôti" et invoque l'esprit de Lady Di, "qui serait sur un petit nuage à sauter de joie", selon les dires d'Harry. La proximité avec le peuple est assumée. Meghan est "une bouffée d'air frais" au sein de la famille royale, de l'avis unanime des commentateurs, cités par Andrew Morton. L'opération séduction auprès des sujets britanniques ne fait que commencer.

La machine à rêves est enclenchée et il faut l'alimenter. Le 21 décembre, le compte officiel de Kensington Palace publie les photos officielles des fiançailles : des clichés en noir et blanc qui mettent en scène l'amour des futurs mariés. Le photographe choisi, Alexi Lubomirski, a travaillé avec des stars telles que Beyoncé, Julia Roberts ou encore Nicole Kidman. C'est d'ailleurs lui qui officiera le jour du mariage.

Le terrain est préparé. Meghan peut se lancer dans un tour du royaume. Cardiff, Nottingham, Edimbourg, le couple multiplie les déplacements et conquiert les foules. Dans le quartier de Brixton, au sud de Londres, où vit une importante communauté africaine et caribéenne, Harry et Meghan sont accueillis par une foule qui leur chante We love you lors de leur visite d'une radio underground. Seule ombre à la "Meghan mania", des propos racistes proférés par la compagne du chef du parti d'extrême-droite Ukip, mais ceux-ci sont bien vite et unanimement condamnés.

"Non seulement son arrivée au sein de la famille royale est un plus mais elle a l'étoffe d'une excellente ambassadrice pour toutes les causes qui lui tiennent à cœur", assure dans la biographie d'Andrew Morton un militant associatif rencontré à Nottingham. L'actrice fait ainsi l'apprentissage de ce qui l'attend dans les prochaines années. "Son rôle de représentation sera très important", assure Isabelle Rivère. "Ce qui reste à la monarchie, c'est son rôle de représentation, d'incarnation du pays", souligne Charles-François Mathis.

Mission n°2 : intégrer les codes de la royauté

Meghan Markle fait la révérence aux côtés des princes William, Harry et Philip et de Kate Middleton, devant la voiture d'Elizabeth II, venue assister à la messe de Noël de la famille royale à Sandringham, le 16 décembre 2017. (CHINE NOUVELLE/SIPA / XINHUA)

La monarchie s'adapte et le montre. Même si Meghan Markle n'est pas encore mariée à son prince de fiancé, elle est tout de même invitée par la reine Elizabeth II à passer les fêtes de Noël dans le clan royal à Sandringham. "La reine contrarie le protocole pour Meghan", écrit même The Sun (en anglais). Comme le veut la tradition, pas question d'offrir des présents coûteux, mais plutôt des cadeaux originaux. Le cadeau de Meghan pour la reine ? Un hamster en peluche qui chante.

De l'aveu du prince Harry lors d'une longue émission sur BBC Radio 4 (en anglais) le 27 décembre, Meghan "a beaucoup aimé" son premier Noël dans la famille royale. "Elle s'en est magnifiquement bien tirée", assure-t-il. Le 25 décembre, Meghan, Harry, Willam et Kate, surnommés les "Fab Four", font leur première apparition publique ensemble lors de la messe de Noël à Sandringham. Malgré le froid, une foule se masse pour les apercevoir. Meghan fait alors sa première révérence publique, au moment du départ de la reine.

Une révérence, cela ne s'improvise pas. L'Américaine doit aussi faire l'apprentissage de l'étiquette. Comme boire le thé à l'anglaise. Pour cette partie-là, l'actrice a pris un peu d'avance en se rendant régulièrement dans la boutique Rose Tree Cottage à Los Angeles. Mais les bonnes manières ne se limitent pas au "tea time". "Elle doit faire attention à ce qu'elle dit, la façon dont elle le dit et dont ce sera perçu, parce qu'après le 19 mai, elle sera le reflet de la famille royale", explique Grant Harrold, un ancien majordome du prince Charles au Mirror.

Meghan Markle peut aussi compter sur les conseils avisés de sa future belle-sœur, la duchesse de Cambridge. Elle a ainsi "conseillé Meghan sur la mode royale, quel protocole est attendu et comment elle aurait à s'adapter", explique une source au sein de la famille royale au site Entertainment Tonight (en anglais). Kate lui a également soufflé quelques adresses de stylistes pour ses robes et manteaux, sans oublier ses chapeaux, la touche britannique. Et selon les circonstances, Meghan passe habilement du sophistiqué Alexander McQueen au plus populaire Marks & Spencer. Au-delà de l'étiquette et des apparences, Meghan suit aussi un long apprentissage des institutions.

Elle va devoir apprendre l'histoire et la tradition de son nouveau pays, comprendre comment fonctionne une monarchie constitutionnelle. C'est une vie faite de beaucoup de contraintes.

Isabelle Rivère, journaliste spécialiste des familles royales européennes à la rédaction de "Point de Vue", à franceinfo

Symbole de son intégration progressive, Meghan Markle participe pour la première fois à un événement officiel en présence de la reine : une commémoration organisée pour la Journée du Commonwealth, à l'abbaye de Westminster, à Londres, le 12 mars 2018.

Intégrer la famille royale, c'est aussi se préparer au pire. Meghan a suivi un stage commando avec les forces spéciales, rapporte Express (en anglais). Tous les membres de la famille royale, excepté la reine, se sont déjà pliés à l'exercice. Objectif : simuler un kidnapping lors d'une attaque terroriste. Malgré la présence de son fiancé, ces deux jours ne sont pas une partie de plaisir pour Meghan.

"Même si Meghan savait que l'ennemi n'était pas réel, je vous garantis qu'elle était pétrifiée. C'est pour cela que l'on utilise des balles réelles, pour qu'elle connaisse le bruit que produisent de réels coups de feu, si elle devait se trouver en situation hostile", détaille au quotidien Gerald Moor, un ancien officier des forces spéciales britanniques, qui a mis au point l'exercice. Reste à Meghan l'Américaine à poursuivre son apprentissage au pays de la royauté.

Mission n°3 : devenir un bon sujet de la reine

Meghan Markle, le 12 mars 2018, à la sortie de la messe donnée à l'abbaye de Westminster en l'honneur de la Journée du Commonwealth, à Londres. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Une poignée de membres de la famille royale se réunit, ce mardi 6 mars, dans l'ambiance de bois et de marbre de la chapelle Saint-Georges du château de Windsor. Le prince Harry, le prince Charles et la duchesse de Cornwall Camilla Parker Bowles assistent au baptême anglican de Meghan Markle. Quelques amis intimes sont également présents. Justin Welby, l'archevêque de Canterbury, qui mariera le couple dans cette même chapelle le 19 mai, verse sur le front de la trentenaire de l'eau du Jourdain appartenant à la famille royale. Puis Meghan Markle, la protestante, se fait confirmer au cours de la même cérémonie.

"Depuis l'acte de succession de 1701, pour être héritier du trône, il faut être anglican et avoir épousé un(e) anglican(e)", commente Charles-François Mathis. Néanmoins, les usages s'étant assouplis depuis, Meghan n'avait pas l'obligation d'être baptisée, mais c'est une marque de respect envers Elizabeth II, chef suprême de l'Eglise anglicane. "Ici, ce baptême revêt une dimension symbolique et spectaculaire, du fait que ce soit à Windsor et qu'il soit fait par l'archevêque de Canterbury", note également Charles-François Mathis. Sans dévoiler les détails de cette cérémonie intime de 45 minutes, le prélat a décrit un moment "spécial, sincère et très émouvant" dans une interview à ITV (en anglais), jugeant que c'était "un grand privilège" pour lui.

Future Altesse royale, Meghan l'Américaine a par ailleurs commencé les démarches pour devenir une citoyenne britannique. "L'usage ne l'y oblige pas, ce n'est pas une obligation constitutionnelle, d'autant plus qu'ils [Harry et Megan] ne sont pas dans la ligne de succession directe pour le trône. Néanmoins, cela me paraîtrait un peu logique que Meghan Markle devienne britannique", explique l'historien et journaliste Philippe Delorme, spécialiste des familles royales, à BFM.

Mais pour le moment, Meghan Markle va conserver sa nationalité américaine. Obtenir la nationalité britannique est un long processus qui pourrait prendre trois ans. Meghan devra aussi passer un test de culture générale avant que l'on vérifie ses connaissances sur l'histoire et la culture britanniques. D'ici là, il lui faudra réviser. Car l'actrice, en visite au Royaume-Uni en juillet 2016 , juste avant sa rencontre avec Harry, n'avait pas brillé lors d'un quiz télévisé sur ses connaissance des coutumes du royaume de sa Majesté.

Pour se fondre parmi les sujets britanniques, Meghan a aussi commencé à apprendre à conduire à gauche et avec une boîte manuelle, après des années de conduite à droite et sur des voitures automatiques, comme c'est la norme au Canada et aux Etats-Unis. Selon le Daily Mail (en anglais), le prince Harry a été aperçu en train de lui dispenser quelques cours dans l'enceinte de Kensington Palace. Par ailleurs, selon une information du même quotidien britannique, Meghan Markle aurait déposé une demande de permis provisoire. Mais la future duchesse en aura-t-elle vraiment l'usage ? En attendant de le savoir, Meghan Markle a du pain sur la planche. Le 19 mai approche.

Mission n°4 : préparer le mariage princier

Les invitations au mariage du prince Harry et de Meghan Markle, le 22 mars 2018, dans l'atelier de l'imprimeur royal Barnard & Westwood, à Londres. (VICTORIA JONES / POOL)

Dans l'atelier de l'imprimeur londonien Barnard & Westwood, qui travaille avec la famille royale depuis 1985, les invitations sortent des presses le 22 mars. Le texte en noir est imprimé sur un papier blanc et surmonté du blason doré du prince de Galles, une couronne enserrant trois plumes d'autruche. Les noms des invités seront ajoutés ultérieurement. La liste des 600 heureux élus, conviés à la cérémonie ainsi qu'à un déjeuner de réception au château de Windsor, est tenue secrète.

Les futurs époux ont dû se livrer à un exercice de haute voltige diplomatique. Le palais de Kensington a finalement annoncé qu'il n'y aurait aucun invité politique, pas même la Première ministre britannique, Theresa May. Harry aurait bien aimé inviter ses amis Barack et Michelle Obama, mais comment, dès lors, snober leurs successeurs à la Maison Blanche, Donald et Melania Trump, pour lesquels Meghan n'a pas caché son aversion ? Les fiancés ont réglé cette question à temps pour partir fêter le Nouvel An à Monaco avec quelques amis. Ils ont quitté Londres en toute discrétion, à bord d'un vol commercial.

Harry et Meghan ont le contrôle total de la liste des invités au mariage.

Un membre officiel du personnel du palais royal, cité par Andrew Morton dans sa biographie de Meghan Markle.

Meghan ne veut rien laisser au hasard. Si elle n'a évidemment pas eu recours aux services du wedding planner jamaïcain qui a organisé son précédent mariage, le jeune femme peut tout de même compter sur l'aide de son amie Jessica Mulroney, une wedding planneuse venue de Toronto. Meghan veut un mariage "élégant", son mot favori, selon son biographe. Tout doit y être symbolique.

Roses blanches, pivoines et digitales, mais aussi branches de hêtre, de bouleau et de charme... Les décorations florales de la chapelle Saint-George seront créées à partir des plantes locales. Et beaucoup proviendront des jardins de la Couronne et des parcs de Windsor.

Le gâteau de mariage sera réalisé par la cheffe pâtissière Claire Ptak, une autre Américaine venue s'installer à Londres, que Meghan a interviewée pour son blog lifestyle The Tig. Le gâteau sera bio, au citron et à la fleur de sureau, les saveurs du printemps.

Quant à la robe de mariée, il se murmure que Meghan aurait dépensé plus de 450 000 euros. Ce serait une création de Ralph & Russo. La maison de haute couture qui avait déjà confectionné la robe qu'elle portait pour l'annonce de ses fiançailles et qui habille également Angelina Jolie, Beyoncé, Céline Dion, Gwyneth Paltrow ou Penélope Cruz. "Meghan est comme n'importe quelle autre mariée qui se prépare pour le grand jour tant rêvé. La robe est la plus grande dépense et le budget initialement prévu a été de ce fait doublé", confie une source proche du palais de Kensington au Daily Mail.

Alors que la frénésie gagne tout le royaume à l'approche du grand jour, la future mariée a tout de même pris un week-end pour souffler, début mars, entourée de quelques amis, croit savoir E! News. Son enterrement de vie de jeune fille avait pour cadre la Soho Farmhouse, un hôtel chic et bio aux portes de la bucolique région des Cotswolds. Au programme : spa, cinéma, tennis et équitation… Un moment de détente à l'abri des regards qui, la future Altesse royale le sait, risque à l'avenir de se faire rare.

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