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"Vive le dessin libre !" Les caricatures du Général de Gaulle à Colombey

Jusqu’au 30 septembre 2013, le mémorial Charles de Gaulle de Colombey-les-Deux-Eglises propose « Vive le dessin libre », une exposition qui regroupe les caricatures du général de Gaulle, depuis Londres jusqu’à l’après Elysée et la retraite définitive.
Article rédigé par
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Détail de l'affiche de l'exposition 'Vive le dessin libre"
 (Mémorial Charles de Gaulle)
L’intitulé de l’exposition fait référence à l’une des phrases les plus célèbres du général de Gaulle, et l’une des plus contestées aussi, le fameux « Vive le Québec libre ! » prononcé à Montréal en pleine fièvre indépendantiste, le 24 juillet 1967.
Charles de Gaulle a été l’un des chefs d’Etat les plus caricaturés. Il le méritait tant sa silhouette, son visage, ses gestes ou sa voix, prêtaient à l’interprétation, à l’imitation, bref à la caricature. Pour qui a vécu la période, il est impossible de lire des citations sans avoir dans l’oreille le timbre et le phrasé du général.
 
Une image en constante évolution
A Colombey, l’exposition permet de suivre l’évolution de l’image de de Gaulle. Tout commence avec le dénigrement dont il fait l’objet de la part de la presse collaborationniste. Alors à Londres et actif sur la radio des Français Libres, il est représenté comme un militaire félon se cachant derrière un micro.
Sa haute stature est ensuite utilisée pour installer son statut de sauveur de la nation. Dés la libération de la France, ses contemporains découvrent son visage et sa silhouette dégingandée, de la même taille que celle de la tour Eiffel. Un dessin publié dans France-Soir sour la signature du dessinateur poète Jean Effel.
 
Dans l'arène politique
Après 1958, et le retour aux affaires de « l’homme providentiel », l’image change. Si, pour ceux de son bord, il conserve l’image du sauveur de la Nation, de l’autre côté le général est devenu un adversaire politique dont on se méfie. On ne se gène pas pour rappeler que l’homme est un militaire et que, bien souvent, lorsque les militaires arrivent au pouvoir la démocratie est menacée. Les dessins de presse ne se gênent pas pour anticiper la menace. Le général est alors représenté soit sous les traits de Louis XIV (l’Etat c’est moi)
avec perruque et trône, soit en Napoléon. Là encore, le choix des caricaturistes le pose soit en Napoléon 1er, ambitieux et dictatorial, soit en Badingaulle (référence à « Badinguet », le surnom donné à Napoléon III par Victor Hugo) tout autant dictatorial mais à l’envergure nettement amoindrie.
 
Le képi
Mais quel que soit le bord qui le dépeigne, depuis l‘extrême-droite qui ne lui pardonnera jamais le « Je vous ai compris » et l’indépendance algérienne, jusqu’à l’extrême-gauche et ses caricatures à propos de la mainmise sur l’audiovisuel des années soixante, le général est toujours un homme en uniforme et portant képi, affublé d’un grand et gros nez, les bras souvent levés et désormais doté d’une panse rebondie.
 
Mai 68
L’imagination étant alors au pouvoir, la période de mai 68 reste bien sûr l’une des plus prolifiques en matière de caricatures. Elles ont fleuri dans les journaux mais aussi sur les murs et on se souvient par exemple, du célèbre « La chienlit c’est lui ». De l’autre côté de l’échiquier politique on faisait remarquer la ressemblance entre le profil du général et la carte de France, le nez généreux figurant bien sûr la pointe bretonne.
Une affiche de mai 1968
 Le chêne
La dernière caricature restée dans les mémoires, et l’une des plus puissantes, ne montre plus Charles de Gaulle sous sa forme humaine mais celle, symbolique, d’un chêne abattu sur laquelle Marianne, symbolisant la République, pleure la mort du général. Le dessin signé Faizant était paru à la une du Figaro le 10 novembre 1970.
Le dessin de Jacques Faizant dans le Figaro à la mort du général
 (Le Figaro)
L'affiche
C’est Plantu, un caricaturiste anachronique qui signe l’affiche de l’exposition. Il a choisi de représenter un de Gaulle âgé, la moustache et le cheveu blancs, en uniforme et levant haut les bras. Contrairement aux représentations d’époque, il y est figuré plus gros que grand. Mais le nez proéminent est bien là.
L'affiche de l'exposition signé Plantu

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