: Vidéo L'affaire du tableau volé à la sous-préfecture de Brioude... par le plus haut représentant de l'Etat
Du mobilier, de la vaisselle, des tapisseries et autres pièces du patrimoine national qui s'évaporent des consulats, des ambassades, et même de l'Elysée. Et c'est parfois l'œuvre des serviteurs de l'Etat eux-mêmes... Dans cet extrait d'un document diffusé le 6 octobre 2022, "Complément d'enquête" revient sur une affaire rocambolesque : un vol de tableau dans une sous-préfecture du sud de l'Auvergne.
"C'est un vrai scandale" dont l'ancien maire de Brioude (Haute-Loire) ne se remet pas. Pour Jean-Jacques Faucher, "c'est l'image de tous les hauts fonctionnaires qui a été salie". Dans un numéro consacré à ces joyaux de la République qui se volatilisent des institutions publiques, "Complément d'enquête" revient sur une affaire rocambolesque : celle du tableau volé à la sous-préfecture de Brioude.
Les enquêteurs remontent la piste "sans trop de difficulté"
L'objet du scandale ? "Les Dahlias", un tableau de 60 centimètres sur 40 signé de Natalia Gontcharova, une artiste franco-russe. La toile, estimée à 100 000 euros, avait été mise en dépôt dans la sous-préfecture par le Mobilier national. Mais lors d'un inventaire, on s'est aperçu que l'original avait été remplacé par une copie...
La plainte déposée pour ce vol est traitée par l'OCBC (Office central de lutte contre le trafic des biens culturels). Ses policiers traquent la toile sur les sites de vente d'œuvres d'art en ligne, retrouvent sa trace sur celui d'une célèbre maison d'enchères anglaise. "Sans trop de difficulté", le capitaine Thomas Leclaire et ses collègues remontent la piste du tableau de Brioude.
Elle mène… au sous-préfet lui-même
Celui que soupçonnent les policiers n'est autre que... le représentant de l'Etat. Le sous-préfet de Brioude d'alors est un ancien vétérinaire devenu haut fonctionnaire. Au cours des investigations, les enquêteurs font la découverte suivante : "La personne [a] fait une copie pour faire croire que l'œuvre [était] toujours là où elle [devait] être, et [a mis] en vente l'œuvre originale." Celui qui se posait en défenseur du civisme sur des plateaux télévisés "a floué l'administration, l'institution", selon les mots de Thomas Leclaire.
Le sous-préfet avait cédé le tableau original pour 10 000 euros à un amateur d'art français rencontré sur internet. En 2012, le tableau "Les Dahlias" est revendu aux enchères à Londres… au prix de 130 000 euros. Renvoyé devant le tribunal en 2018, l'ancien haut fonctionnaire a écopé de dix-huit mois de prison, dont six avec sursis. Il a toujours refusé de s'expliquer.
Extrait de "Patrimoine de l’Etat : où sont passés les joyaux de la République ?", un document diffusé dans "Complément d'enquête" le 6 octobre 2022.
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