Cet article date de plus de huit ans.

Venezuela : le mausolée de Simon Bolivar fait des vagues

Une vague géante en béton de 50 mètres de haut. Tel est le monument, voulu par le président Hugo Chavez, construit à Caracas pour abriter les restes de Simon Bolivar (1783-1830), héros illustre de l'indépendance de l'Amérique latine.
Article rédigé par franceinfo - Annie Yanbékian (avec AFP)
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le mausolée géant de Bolivar, à Caracas (29/05/2012)
 (Leo Ramirez / AFP)

L'imposant édifice, orné de céramiques aux tons clairs, ne passe pas franchement inaperçu dans le quartier colonal où il a été érigé. Accolé au Panthéon vénézuélien, ce monument de 140 millions de dollars suscite la controverse avant même son inauguration officielle. La date doit être fixée par Hugo Chavez. Une cérémonie qui pourrait se tenir en juillet.

Situé dans le quartier colonial d'Alta Gracia, ce nouvel hommage du président Hugo Chavez, qui vénère le général Bolivar, abritera dans son sous-sol le tombeau en acajou du "Libertador", orné de pierres précieuses et posé sur un socle de granit. Le mausolée sera accessible, via un vestibule communiquant avec le panthéon national, sis dans une église néo-gothique du XIXe siècle.

Un ouvrier se tient près du mausolée (1er juin 2012)
 (Leo Ramirez / AFP)
Des réactions plus que mitigées
Pour l'architecte Oscar Tenreiro, cité par l'AFP, ce mausolée présente le défaut de "minimiser le panthéon de manière inconsidérée. Il reflète un ego disproportionné, une distorsion de la proportion des choses".

Le professeur Juan de Dios, président de la Société bolivarienne du Venezuela, qui promeut l'oeuvre et la vie de Simon Bolivar, juge aussi le projet un peu disproportionné. "Il n'était pas nécessaire de construire une oeuvre pharaonique ou napoléonienne. Bolivar n'était ni l'un ni l'autre", plaide-t-il, regrettant que le projet n'ait pas fait l'objet de consultations en amont.

Quant au gouvernement, il préfère mettre en avant le fait que Bolivar connaîtra enfin une sépulture digne de sa participation décisive au soulèvement anti-colonial ayant abouti à la naissance du Venezuela, de la Colombie, de l'Equateur, du Pérou et de la Bolivie au début du XIXe siècle.

Hugo Chavez devant un portrait de Bolivar, au palais présidentiel à Caracas (19/09/2008)
 (Thomas Coex / AFP)
Chavez voue un culte à Bolivar
Le ministre ministre de la Transformation révolutionnaire du Grand Caracas, Francisco Sesto, a expliqué à l'AFP les raisons de la construction d'un tel édifice. "Il y a toujours eu ici le sentiment que Bolivar devait avoir un mausolée. Beaucoup de critiques se sont élevées contre (le fait que ses restes) n'étaient pas conservés selon son rang" au Panthéon national.

"Bolivar disait 'je mourrai comme je suis né, nu'. Tout est là, c'est un bâtiment très austère, un pari pour les valeurs essentielles de l'architecture", a plaidé le ministre, qui a participé à l'élaboration du projet. Simon Bolivar a déjà donné son nom à la Bolivie, à la monnaie vénézuélienne et à de nombreuses places du pays.

Or, depuis l'arrivée au pouvoir du chef de file de la gauche radicale latino-américaine en 1998, Bolivar fait l'objet d'un véritable culte au Venezuela. Hugo Chavez a non seulement donné son nom à sa Révolution socialiste, mais le Venezuela est devenu une "République bolivarienne" avec le vote de la constitution de 1999. Le président vénézuélien se réclame systématiquement de son héritage et apparaît très souvent devant les portraits du "Libertador", qui ornent plusieurs murs de Caracas.

En 2010, Hugo Chavez avait ordonné l'exhumation des restes du héros national, pour tenter de déterminer les causes de sa mort à 47 ans, et lever les doutes qu'il affirmait avoir eu quand, simple cadet, il montait la garde à côté du cercueil du célèbre général. Un an plus tard, la dépouille avait été authentifiée par une expertise scientifique, qui n'avait en revanche pu formuler aucune conclusion définitive quant aux causes de son décès. Selon les historiens, Simon Bolivar serait mort de tuberculose.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.