Un égyptologue renommé de Montpellier jette un pavé sur la tombe de Toutânkhamon
Il est avec Ramsès II le plus célèbre des pharaons. Depuis qu'une légendaire exposition lui a été consacrée à Paris en 1967, Toutânkhamon occupe une place à part dans l'imaginaire. Et pourtant, celui qui est à nouveau célébré à la Grande Halle de la Villette jusqu'à l'automne n'a jamais eu l'envergure d'un Khéops, d'un Keffren ou d'un Mykérinos, les trois rois égyptiens dont les sépultures, les pyramides de Gizeh, ont été construites pour célébrer la grandeur et dont la première figure parmi les sept merveilles du monde.
Le trésor ne serait pas entièrement celui de Toutânkhamon
La richesse du trésor trouvé dans la tombe de Toutânkhamon est elle aussi trompeuse. Une équipe d'égyptologues de l'université de Montpellier, parmi lesquels un spécialiste de ce pharaon, a étudié de près tous ces objets précieux et rend à Toutânkhamon ce qui appartenait à Toutânkhamon. Et c'est bien moins que ce que l'on croit.Ce mobilier, en grande partie, n'a pas été fait pour Toutânkhamon mais pour un de ses prédécesseurs qui a régné très peu de temps. Les anglo-saxons pensent qu'il s'agit de Néfertiti, moi j'ai d'excellents arguments pour penser que c'est probablement Mérytaton, la fille aînée d'Akhénaton et Néfertiti, la grande soeur de Toutânkhamon.
Marc Gabolde
Egyptologue à l'UMR Egypte Nilotique et Méditerranéenne (Université Paul Valéry - Montpellier)
Une histoire de famille dont seuls de tels spécialistes peuvent dénouer l'écheveau. Mais la théorie défendue par le scientifique montpelliérain expliquerait pourquoi certains attributs de statues censées représenter le pharaon défunt paraissent à ce point féminins. Comme la poitrine dont est pourvue une statue. Mérytaton, dont le nom complet était Ânkh-Khéperourê Néfernéférouaton, a été privée de sépulture pour des raisons politiques. Ce qui explique la présence, auprès de la dépouille de son frère cadet, d'objets funéraires qui auraient dû l'accompagner au royaume des morts.
Reportage : France 3 Languedoc-Roussillon S. Banus / C. Metairon / V. Portela-Rosa
Une exposition fascinante
Non seulement le pauvre Toutankhâmon est mort jeune, environ 19 ans, mais il n'a pas péri aussi glorieusement qu'on le pensait jusqu'alors. Il aurait succombé, non pas au combat, mais des suites d'une infection contractée après une fracture ouverte de la jambe. Tout cela n'empêche pas que l'exposition de ses trésors demeure fascinante. Ce pharaon ayant régné si peu de temps n'avait sans doute pas laissé de souvenirs après sa mort. Il aura fallu qu'un groupe de scientifiques découvre son tombeau trente-deux siècles plus tard, pour qu'il entre dans la légende renvoyant dans l'ombre nombre de rois plus importants mais dont les noms ont sombré dans l'oubli.
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