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Un crime résolu 3000 ans plus tard : Ramsès III est mort égorgé

Ramsès III a eu la gorge tranchée. Il aura fallu de nouveaux examens aux rayons X et des analyses ADN pour résoudre un crime vieux de 3000 ans et lever le voile sur la "conspiration du harem", l'un des épisodes les plus sombres de l'Egypte antique.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le temple de Ramsès III à Médinet Habou, près de l'ancienne cité de Thèbes, sur la rive ouest du Nil (10/2/2012)
 (Antoine Lorgnier / Only World / Only France / AFP)

Ce complot, ourdi par des membres du harem pharaonique, est attesté par des documents d'époque, en particulier le "Papyrus judiciaire" conservé à Turin, en Italie, qui relate une tentative de coup d'Etat de la reine Tiyi, l'une des épouses de Ramsès III. Tiyi souhaitait en effet asseoir sur le trône son fils, Pentaour. Mais l'héritier légitime de Ramsès III était le fils d'Isis, sa première épouse.

La reine Tiyi espérait mettre à profit l'hostilité croissante du peuple à l'égard du pharaon, qui vivait dans le luxe alors que les ouvriers n'étaient plus payés et que la famine menaçait. Un mécontentement tel qu'il a abouti à la première grève connue dans l'histoire de l'humanité...

La reine Tiyi complotait depuis son harem
Bien que cloîtrée dans son harem, Tiyi est parvenue à nouer des contacts à l'extérieur pour mettre au point son complot, qui impliquait des militaires et même un prêtre. Même si les détails exacts ne sont pas connus, l'objectif semblait être tout simple : éliminer Ramsès III, probablement au cours d'une nuit de plaisir passée dans le harem.

D'après les documents officiels qui nous sont parvenus de l'Egypte antique, la tentative de coup a été déjouée en 1156 avant JC, et une trentaine de coupables condamnés. Mais les textes restent flous sur le sort subi par Ramsès III, âgé alors d'environ 65 ans.

Longtemps restée introuvable, sa momie avait finalement été découverte à la fin du XIXe siècle dans une cachette. Et aucun traumatisme n'avait été révélé lors d'une radiographie pratiquée dans les années 1960. Le pharaon avait-il été assassiné par les sbires de Tiyi et de Pentaour ? ou avaient-ils seulement blessé le souverain qui allait succomber une ou deux semaines plus tard ?

Détail du sarcophage de Ramsès III, au musée du Louvre, à Paris (18/10/2012)
 (Eurasia Press / Photononstop / AFP)
La plaie à la gorge révélée par le recours à de nouvelles technologies
Spécialiste des momies, l'Allemand Albert Zink, rendu célèbre pour avoir percé les secrets d'Ötzi, "l'homme des glaces" découvert en 1991 dans les Alpes à la frontière italo-autrichienne, s'est penché sur la dépouille de Ramsès III. Avec l'aide d'autres experts, dont Zahi Hawass, ancien responsable du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, il a soumis la momie à une technique d'imagerie médicale en 3D très poussée, la tomographie assistée par ordinateur.

Pour la première fois, l'autopsie numérique a révélé une blessure grave à la gorge, juste en-dessous du larynx, jusque-là passée inaperçue. "La blessure fait environ 70 mm de large et s'étend jusqu'aux os (...) La trachée a été coupée net" à l'aide d'un couteau tranchant ou d'une lame similaire, précise l'étude, publiée mardi par le "British Medical Journal".

"L'étendue et la profondeur de la plaie indiquent qu'elle a provoqué la mort immédiate de Ramsès III ", estiment les chercheurs. Plus étonnant encore, la tomographie a identifié un corps étranger enfoncé dans la plaie : une amulette en pierre, "l'Oeil d'Horus", auxquels les Egyptiens prêtaient des pouvoirs de guérison. "La gorge tranchée et l'amulette prouvent clairement que le pharaon a bien été assassiné", déclare Albert Zink dans un communiqué.

Le corps du fils rebelle découvert ?
Les experts se sont également intéressés à une étrange momie retrouvée dans la même cachette que celle de Ramsès III. La momie est celle d'un homme de 18 à 20 ans, enveloppé non pas dans des bandelettes mais des peaux de chèvre, une matière "rituellement impure". Une punition qui aurait été infligée à Pentaour, fils rebelle contraint au suicide, pour lui interdire une vie après la mort, suprême humiliation dans l'Egypte antique.

Selon l'analyse ADN pratiquée par l'équipe d'experts, cette momie celle d'un fils de Ramsès III. Mais pour être sûr qu'il s'agit bien de Pentaour, il faudrait disposer de l'ADN de la reine Tiyi, dont la momie n'a jamais été retrouvée.

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