Tour Eiffel : après quatre jours de grève, des négociations sur les salaires et sur l'entretien du monument
Depuis lundi 19 février, la tour Eiffel est fermée en raison d'un mouvement de grève. Les syndicats dénoncent une mauvaise gestion financière du monument par la municipalité qui possède 99% du capital de la Société d'exploitation de la tour Eiffel (Sete). Ils regrettent également le fait que la Ville de Paris augmentera la redevance qu'elle perçoit sur les recettes. Des négociations ont finalement commencé jeudi 22 février.
Débutées à 14 heures, les négociations se sont prolongées jusqu'en début de soirée, a indiqué à l'AFP la déléguée syndicale FO Nada Bzioui. L'intersyndicale se réunira vendredi à 9h30 pour décider des suites du mouvement. La Sete a communiqué pour la première fois depuis le début du mouvement lundi, assurant que la "sécurité financière" et "l'entretien patrimonial du monument", les deux griefs de l'intersyndicale, "seront garantis grâce à un avenant ambitieux auquel les salariés seront associés".
Candidate déclarée à la mairie de Paris en 2026, la ministre de la Culture Rachida Dati s'est invitée jeudi dans le conflit en se prononçant pour le classement de la tour Eiffel en monument historique afin de permettre à l'État "si nécessaire d'engager des travaux d'office". "Aujourd'hui, la tour Eiffel n'a pas de protection suffisante", a écrit Mme Dati sur X.
Des revendications salariales
Le président de la Sete Jean-François Martins a également proposé "la création d'une instance de suivi permanent" de la trajectoire financière "afin de renforcer le dialogue avec la Ville" de Paris, avec laquelle les syndicats réclamaient de pouvoir négocier directement. Surtout, "un accord sera signé dans les quinze jours" au sujet des "conditions d'emploi et de rémunération" des salariés, a affirmé la Sete.
Dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire (NAO), cet accord portera notamment sur la prime de rendement, a indiqué Jean-François Martins à l'AFP. Les syndicats n'avaient pourtant pas fait état de revendications salariales, disant se battre contre le modèle économique "intenable" imposé par la mairie, propriétaire de la Dame de fer et actionnaire ultra-majoritaire.
L'avenant au contrat de délégation de service public (DSP), qui doit être présenté en mai au Conseil de Paris et que la CGT et FO demandaient à pouvoir consulter, sera prolongé d'un an (2031 au lieu de 2030) "afin de lisser les investissements et leurs amortissements", selon la Sete.
Vers une hausse des tarifs
Autre mesure confirmée, le Plan contractuel d'investissement (PCI) qui permet de réaliser les travaux sera augmenté de 145 millions d'euros "pour atteindre 380 millions d'euros", soit "deux fois plus que lors de la précédente DSP", souligne la société.
Quant à la redevance versée par la Sete à la mairie, si elle passe bien progressivement de 8 à 50 millions d'euros, ce que lui reprochent les syndicats, l'avenant prévoit une "révision à la baisse des modalités de calcul" qui conduira in fine à "un effort" de 51 millions d'euros de la mairie, détaille la Sete. L'Hôtel de ville touchera finalement "entre 31 et 34 millions d'euros" des entrées annuelles de la tour Eiffel, "soit approximativement 25% de son chiffre d'affaires". La Sete confirme l'augmentation à venir des tarifs d'entrée de 20%. Un adulte paie actuellement de 11,80 à 29,40 euros selon l'étage et le moyen d'ascension.
70 000 visiteurs en moins
Jeudi matin, une centaine des 360 salariés, aux couleurs des deux syndicats en grève (CGT et FO) se sont rassemblés devant l'entrée principale, fermée depuis lundi. Venue soutenir les grévistes, la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a demandé une redevance "raisonnable" afin que "la tour Eiffel ait suffisamment de moyens pour pouvoir investir et garantir l'entretien, notamment les travaux".
Avant la fermeture, la Dame de fer avait accueilli entre 17 000 et 20 000 visiteurs par jour, a indiqué à l'AFP la déléguée syndicale FO Nada Bzioui. Les quatre jours de fermeture représentent une perte potentielle d'environ 70 000 entrées. La direction n'a pas communiqué sur les annulations entraînées par le mouvement social.
Ce conflit, qui avait déjà entraîné la fermeture du monument le 27 décembre, jour du centième anniversaire de la disparition de Gustave Eiffel, survient en pleines vacances scolaires d'hiver et à cinq mois des Jeux olympiques.
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