Rio de Janeiro : huit mois après l'incendie du Musée national, son directeur lance un cri d'alarme
Le célèbre musée, joyau culturel du Brésil, a été ravagé par un incendie début septembre.
Le directeur du Musée national de Rio de Janeiro, dévasté par un incendie dans la nuit du 2 au 3 septembre, a réclamé mardi 7 mai plus de soutien financier de la part du gouvernement brésilien dans les efforts de sauvegarde de pièces enfouies dans les décombres.
"Un message d'alerte"
"Je veux envoyer aujourd'hui un message d'alerte au ministère de l'Éducation. Sans le ministère, nous n'aurons plus de Musée national", a affirmé le directeur Alexander Kellner en marge de la présentation de 27 pièces de la collection égyptienne qui ont échappé à l'incendie. "Nous avons besoin d'un million de réais (environ 220.000 euros) d'urgence pour respirer."
"Nous attendons un contact direct de la part du ministre. Qu'il nous rende visite ou que nous allions vers lui pour lui montrer ce que nous sommes en train de faire (...). La société brésilienne est orpheline du Musée national et ce gouvernement a une opportunité en or de le lui rendre", a souligné le directeur.
Contacté par l'AFP, le ministère de l'Éducation n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations du directeur.
Une aide débloquée sous le gouvernement Temer, et depuis, plus rien
Au lendemain de la catastrophe, sous le gouvernement de Michel Temer (centre droit), prédécesseur du président Jair Bolsonaro (extrême droite), le ministère de l'Éducation avait débloqué 10 millions de réais (environ 2,2 millions d'euros) pour des travaux d'urgence permettant de préserver la structure du bâtiment.
Depuis, le musée n'a pas reçu d'autres fonds publics pour financer les fouilles qui ont déjà permis de retrouver 2.700 pièces parmi les décombres grâce au travail minutieux d'archéologues. "Nous affrontons des difficultés au quotidien, les professeurs n'ont pas d'endroit pour travailler et nous n'avons pas où stocker les pièces retrouvées. Je ne peux pas les mettre par terre", a déploré Alexander Kellner.
Début avril, les enquêteurs on conclu que le feu était parti du système de climatisation et s'était propagé rapidement en raison d'un manque d'équipements pour lutter contre ce type de sinistre. L'incurie des pouvoirs a été pointée du doigt, le bâtiment n'ayant pas bénéficié des travaux de maintenance nécessaires pour la prévention d'incendies.
"Le Brésil a déjà laissé faire ce qui est arrivé, maintenant, nous avons l'obligation de reconstruire", a conclu le directeur de l'établissement qui était considéré comme le plus grand musée d'histoire naturelle d'Amérique Latine.
2.700 pièces retrouvées dans les décombres
Des 2.700 pièces retrouvées, 200 font partie de la collection égyptienne et 27 ont été présentées mardi, parmi elles des amulettes qui se trouvaient dans un sarcophage. Ce sarcophage, cadeau offert à l'empereur Pedro II lors d'un voyage en Egypte au 19e siècle, a brûlé lors de l'incendie. Il n'avait jamais été ouvert, mais une échographie réalisée en 2005 avait permis d'identifier la présence d'objets qui ont fini par être retrouvés après le désastre.
Le secteur culturel est loin d'être une priorité pour le nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro ayant commencé à s'attaquer au monde universitaire afin d'y traquer les tenants d'un "marxisme culturel". Sa réaction au cri d'alarme du Musée national de Rio sera observée de près par le monde des arts.
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