"L'empire à Fontainebleau": vente record des dessous chics de l'Empereur
Une robe en satin blanc avec traîne de Joséphine
La robe en satin blanc crème, avec traîne à plis d'ampleur, a été brodée de perles d'argent par le brodeur officiel de l'Empereur et de Joséphine. Estimée entre 60.000 et 80.000 euros par la maison Osenat, elle a atteint 125.000 euros, record mondial pour un tel vêtement. Cette tenue, au décolleté carré et aux manches courtes bouffantes, provient des Ateliers Picot-Brocard à Paris, qui ont fermé leurs portes il y a plusieurs années. Fondée en 1775, la maison Picot a réalisé les vêtements de sacre (1804) du couple impérial et elle a brodé également tous les drapeaux des armées napoléoniennes.
"L'impératrice a dû ramener la robe chez Picot pour la faire reprendre et elle n'est jamais revenue la chercher", a déclaré le commissaire-priseur Jean-Pierre Osenat. La tenue a "vraisemblablement été déposée chez Picot vers 1806 pour restauration. Un an après, Joséphine a divorcé", ajoute Jean-Christophe Chataignier, chargé du département souvenirs historiques à l'étude. Les Ateliers Picot-Brocard l'ont conservée pendant 200 ans dans une boîte. La robe avait été présentée en 1990 au Metropolitan Museum de New York dans le cadre d'une exposition.
Un gilet d'apparat et une chemise de nuit de l'Empereur
Une longue chemise de nuit blanche en lin, très échancrée, "patinée par le temps", selon Me Osenat est, elle, partie à 51.250 euros. Son estimation s'effectuait entre 40.000 et 50.000 euros. Elle porte le "N", surmonté d'une couronne impériale, qui marquait les habits de l'empereur. Elle avait été rapportée de Sainte-Hélène par le général Bertrand, qui avait suivi l'Empereur déchu lors de son exil dans cette île britannique de l'océan Atlantique.
Le général Bertrand avait assisté aux derniers moments de Napoléon, le 5 mai 1821. L'Empereur en avait fait l'un de ses exécuteurs testamentaires. La chemise de nuit était mise en vente par un collectionneur qui l'avait acquise en 1988, lors d'une vente d'objets dispersés par les descendants du général. "Avec cette pièce, on touche l'histoire de France", relève Me Osenat. "Tout ce qui vient de Sainte-Hélène fascine les collectionneurs, en France comme à l'étranger, car il y a une dimension tragique", souligne M. Chataignier.
Un gilet d'apparat, en lamé d'argent et fils d'or, de Napoléon Ier, brodé par la maison Augustin Picot, était estimé entre 60.000 et 80.000 euros. Le montant de son acquisition n'a pas été communiqué. Ce gilet à devantures entièrement brodées possède deux poches à rabats en lamé d'argent et fil d'or titrage 20 millièmes et un plastron à décor de feuillage de chêne, de lauriers et de glands. Entrelac agrémenté à chaque croisement d'un petit palmier sur deux palmes en bordure des devantures, du col et des poches, ainsi qu'un semis en suite sur toute la taille, caractéristique des vêtements de l'Empereur.
Les autres pièces
A noter encore la vente de "deux fragments de tissus provenant d'habits de l'Empereur", dont le celui du "sacre du Roi d'Italie, Napoléon 1er", vendu 3.500 euros, et des souvenirs historiques comme un portefeuille à soufflets du Marquis de La Fayette (1757-1834) vendu 21.258 euros et un sabre d'époque Directoire-Consulat ayant appartenu au Général Mac Donald (1765-1840), vendu 43.750 euros.
Les Musées nationaux ont préempté pour le musée de la Malmaison un manuscrit du géomètre Antoine-Joseph Hurel, présentant notamment un projet d'agrandissement et d'entretien du parc de la Malmaison (23.750 euros)
L’Empire, la grande époque des ateliers Picot
Après les habits brodés du Premier Consul, le grand manteau du sacre, les habits de cour de l’Empereur et de l’Impératrice ainsi que le trône des Tuileries ou celui de Fontainebleau, tous les drapeaux des armées napoléoniennes ont été dessinés et brodés chez Picot. La plupart des dessins portent des signatures célèbres comme celles de Dugourc, de Vernet ou d’Isabey. Les familles régnantes européennes s’adressaient aux artisans français qui faisaient autorité dans bien des domaines: c’est ainsi que Picot a servi, entre autres, les cours de Westphalie, de Suède, de Naples et de Sicile. De nombreux documents (dessins, piquages, ponçages) de cette époque sont maintenant au musée du Louvre ainsi que les livres de débits où étaient consignés les noms des clients, le détail de leurs commandes et les prix.
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