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Pérou : le cimetière de Lima fait frissonner les touristes

Croyez-le ou pas, la dernière attraction en date de la capitale péruvienne, c'est son cimetière. Les touristes ont découvert un moyen imparable de conjuguer émotions fortes et visite historique en partant à la découverte de l'immense nécropole de Lima... de nuit.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Petite balade nocturne au cimetière de Lima... (26/7/2012)
 (Ernesto Benavides / AFP)

Le cimetière Matias Mestro a été construit en 1808 sous la vice-royauté par un architecte et prêtre basque dont il porte le nom. Il est l'un des plus vastes cimetières d'Amérique Latine. Il s'étend sur quelque 22 hectares rayés par des allées, des avenues de niches funéraires, des jardins, 800 mausolées, près de 1000 statues de bronze et de marbre dont certaines proviennent des meilleurs sculpteurs européens de leur temps, commandées par des familles enrichies par le commerce du guano, du sucre et du coton.

Visites nocturnes pour un musée "sans toit"
Y reposent plus de 200.000 défunts, dont certaines des figures les plus illustres du Pérou. Le cimetière a été classé musée "sans toit" il y a 10 ans. Il s'y déroule encore quelques enterrements.

"Le cimetière est comme une fenêtre sur 200 années d'art et d'histoire, deux siècles de la vie et de la mémoire qui ont façonné le visage du Pérou", explique à l'AFP l'historien José Bocanegra, guide passionné de ces visites nocturnes. Celles-ci sont organisées par la Société de Bienfaisance de Lima, une institution qui poursuit, depuis 1834, ses bonnes oeuvres dans les orphelinats et les hospices de Lima, mais gère aussi certains de ses monuments. "Nous avons de plus en plus de jeunes, souvent des écoliers et des lycéens accompagnés de leur professeur", indique de son côté Yvette Sierra, promotrice de ces visites nocturnes dont le public a décuplé ses dernières années.

"Ce qui intéresse le plus les jeunes visiteurs, ce sont les visites à thème, l'amour, la mort, comme en février pour la Saint-Valentin ou en novembre pour la Toussaint", confie, interrogé par l'AFP, José Bocanegra.

Monuments funéraires au cimetière de Lima (26/7/2012)
 (Ernesto Benavides / AFP)
Dans le noir, on ne voit pas le délabrement du site...
La nuit, à la lueur des lampes et des torches, les statues, mausolées et niches funéraires prennent une dimension dramatique, voire fantasmagorique. Par ailleurs, la nuit permet aussi de cacher la poussière et le délabrement du cimetière, sans eau ni électricité, et situé aujourd'hui dans un des quartiers les plus pauvres de Lima...

Or, sa construction fut la première concession à la modernité dans l'urbanisation de la capitale péruvienne, quasiment inchangée, au moment du chantier, depuis le début de la colonisation espagnole au XVIe siècle... En ce temps-là, les morts étaient habituellement enterrés sous les églises et dans la périphérie des hôpitaux.

Avec l'apparition des premières théories hygiénistes, il fut décrété que désormais, les défunts seraient enterrés loin de la ville afin de ne pas contribuer aux épidémies qui faisaient rage à l'époque. C'est donc à 10 km de la ville alors fortifiée que fut choisi l'emplacement du cimetière, "un endroit bien choisi, ventilé, près de la rivière, et dont l'architecte avait également prévu des jardins d'herbes aromatiques" pour éloigner les miasmes, précise l'historien José Bocanegra.

Présence nocturne au cimetière Matias Maestro de Lima... (26/7/2012)
 (Ernesto Benavides / AFP)
De grands personnages, et des poètes vénérés
De grandes figures politiques (les Présidents Manuel Pardo, Andrès Avelino Caceres), littéraires (l'écrivain Ciro Alegria) et des centaines de religieuses y sont enterrés, ainsi que les héros des guerre d'Indépendance et du Pacifique, dont les restes ont été rassemblés dans une crypte imposante.

Certaines tombes font l'objet de cultes, comme celle toujours fleurie du poète national José Santos Chocano (1875-1934), "chantre des Amériques", enterré "debout dans un mètre carré de terre" péruvienne comme il en avait fait le voeu dans un poème...

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