Les transformations de l'Hôtel-Dieu de Lyon sont lancées
"Ce beau projet va redonner vie à l'un des monuments majeurs de notre patrimoine (...) A travers sa restauration, ce sont des corps de métier qui poursuivent l'oeuvre de leurs aïeux", a déclaré vendredi la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, au lancement de 43 mois de travaux conduits par Eiffage Construction.
Fondé au XIIe siècle sur les bords du Rhône pour soigner les voyageurs et les pèlerins, le plus vieil hôpital lyonnais, symbole de l'humanisme dont Soufflot fit aussi un chef-d'oeuvre d'architecture, a connu une renommée internationale dès le XIXe siècle grâce à des pionniers de la chirurgie ou de la radiologie, tel Léon Bérard ou Etienne Destot. Au début du XXe siècle, il comptait plus de mille lits, mais devenu vétuste, il a fermé définitivement ses portes en décembre 2010.
"Cet Hôtel-Dieu, c'est cinq siècles d'architecture ! C'est le plus prestigieux d'Europe avec sa façade monumentale de Soufflot et on va essayer de retrouver l'authenticité des lieux, car au fil des siècles on a fait des ajouts qui ne correspondaient pas à la vision de l'architecte", explique le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb.
Mille ouvriers et artisans sur le chantier
40.000 m2 de bâtiments réhabilités, 11.500 m2 de constructions neuves, 8.000 m2 de cours et jardins : "C'est la plus grande rénovation privée de monuments historiques jamais réalisée en France", souligne Pierre Berger, PDG d'Eiffage, lauréat en 2010 du concours organisé par les Hospices Civils de Lyon.
Un "défi sur le plan des travaux" et une "rénovation hyper complexe" où se succèderont pendant quatre ans "un millier de personnes", dont "60 compagnons, tailleurs de pierre, qui vont rénover la façade", ajoute-t-il. Un contrat de 3.000 pages "en cours de finalisation". Et un budget "confidentiel" dépassant les 250 millions d'euros, pas complètement bouclé.
"La mémoire de cet hôpital est chère aux Lyonnais et il a fallu mettre en place un programme qui tienne compte de l'histoire de ce bâtiment", explique Albert Constantin, architecte du projet. Et "pour rendre aux Lyonnais leur patrimoine", 8.500 m2 de cours et jardins seront refaits" en "réimplantant des plantes médicinales et odoriférantes".
Un hôtel cinq étoiles, neuf restaurants et 45 boutiques
"Pièce maîtresse" du site, un hôtel cinq étoiles Intercontinental de 143 chambres, dont le lobby-bar, "totalement accessible au grand public", se situera sous la majestueuse coupole de Soufflot de 32 mètres de haut, note-t-il.
Outre neuf restaurants et 45 boutiques, car selon l'architecte "des commerces existaient au XVIIIe siècle pour avoir des rentrées financières", l'Hôtel-Dieu accueillera aussi un centre de conférences ainsi qu'une Cité internationale de la gastronomie sur 15.000 m2.
Un collectif citoyen regrette qu'on oublie la santé
"Cette cité sera un lieu d'accueil, on ne veut pas en faire un musée (...) Lyon a été choisi pour le côté santé nutritionnelle et ce qui importe, c'est de créer un laboratoire d'échanges avec toute la filière", explique le chef triplement étoilé Régis Marcon.
Reste que cette reconversion, jugée trop luxueuse, n'est pas du goût de tous : un collectif citoyen a écrit à la ministre de la Culture en regrettant que cette opération tire un "trait sur une composante majeure de son histoire : la prévention et la santé publique".
Et de proposer, "dans une relation constructive avec Eiffage et la mairie de Lyon", la création sur 2.000 m2 d'un "pôle régional de promotion de la santé" qui "regrouperait des acteurs associatifs, universitaires et de la recherche en santé publique aujourd'hui dispersés dans l'agglomération".
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