Les dessins de Chauvet ont plus de 21.000 ans, confirme une étude
Découverte en décembre 1994 par trois spéléologues, cette grotte située en Ardèche contient 420 oeuvres d'art préhistoriques, dans un état de remarquable conservation. 90% d'entre eux sont des dessins au charbon de bois représentant des animaux, dont des panthères, des ours ou des rhinocéros à grande corne. La grotte Chauvet été proposée en janvier au nom de la France à l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco
Le débat d'experts
Selon plusieurs datations au radiocarbone, les dessins remonteraient à une période allant de 30.000 à 32.000 ans. Cette datation correspond à la période de l'Aurignacien (-34.000 à -29.000 ans).
Mais l'âge de ces dessins et peintures a été contesté par des archéologues selon lesquels ils auraient été l'oeuvre de la culture plus récente des Magdaléniens (-17.000 à -12.000 ans), qui correspond à la période des artistes qui ont décoré la grotte de Lascaux.
Ces experts, dont les archéologues allemand Christian Zücker et britannique Paul Pettitt, font notamment valoir des parallèles entre la sophistication et les techniques de dessins et de peinture de Chauvet et celles des Magdaléniens.
Mais Benjamin Sadier, de l'Université de Savoie et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), estime que l'étude publiée lundi aux Etats-Unis et dont il est le principal auteur met un point final à ce débat.
Les analyses géomorphologiques de l'entrée unique du site et une datation au chlore 36 montrent que la falaise se situant au-dessus de l'entrée de la grotte de Chauvet s'est effondrée à plusieurs reprises dont une première fois il y a 29.000 ans et une dernière fois il y a environ 21.000 ans, empêchant probablement après cela tout accès à la grotte.
En outre, les précédentes et multiples datations au radiocarbone des dessins, de morceaux de charbon de bois et des ossements des animaux qui se trouvaient à l'intérieur les situent de 30.000 à 32.000 ans dans le passé.
"Pour nous, ces résultats prouvent que la grotte était fermée à partir de 21.500 ans ce qui évacue l'hypothèse d'une décoration plus récente et confirme les datations déjà connues faites avec le radiocarbone", souligne Benjamin Sadier.
"Avant cela on été quasiment sûr mais maintenant on est absolument sûr", ajoute-t-il, notant que Chauvet devrait "apporter un nouvel éclairage sur l'évolution des capacités cognitives ayant conduit à la création de l'art paléolithique".
Des preuves scientifiques rigoureuses
Ce chercheur explique que ses travaux "représentent un faisceau de preuves indépendant permettant de dater la grotte par des moyens qui ne sont pas archéologiques mais géologiques, c'est-à-dire scientifiques".
"Les archéologues se basent traditionnellement sur le style pour dater les dessins et peintures préhistoriques mais en fait on est parfois pas du tout sûr de leur âge", dit-il. "Ce que nos travaux montrent, c'est que cette méthode de datation par le style et les techniques artistiques utilisée depuis un siècle n'est plus valable même si elle est encore enseignée dans les universités", insiste Benjamin Sadier.
"Notre objectif est de contribuer à tourner la page d'une certaine école pour appliquer des méthodes plus rigoureuses de datation" de l'art préhistorique, dit-il.
"La grotte des rêves perdus", documentaire de Werner Herzog (bande annonce)
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.