Le théâtre impérial de Fontainebleau, un bijou restauré par Abou Dhabi
Le théâtre Napoléon III porte désormais le nom du Cheikh Khalifa Bin Zayed Al Nahyan, le président des Emirats Arabes Unis, a indiqué Jean-François Hébert, président de l'établissement public du château de Fontainebleau (Seine-et-Marne).
La ministre de la Culture Aurélie Filippetti a visité mercredi 30 avril la salle restaurée, en compagnie de Cheikh Sultan Bin Tahnoon Al Nahyan, président de l'Autorité du Tourisme et de la Culture de l'émirat, qui vient d'inaugurer au Louvre l'exposition de la collection du Louvre Abu Dhabi.
Une salle en forme d'ellipse qui rappelle Versailles
Le théâtre impérial de Fontainebleau est un véritable "conservatoire des arts décoratifs du Second Empire", souligne Jean-François Hébert.
Inauguré en 1857, le théâtre a été aménagé à la demande de Napoléon III. Pour satisfaire l'impératrice Eugénie qui était fascinée par la reine Marie-Antoinette, l'architecte Hector Lefuel imagina une salle en forme d'ellipse qui rappelle le petit théâtre de Versailles.
Les extravagances tapissières du Second Empire sont partout : sur les sièges, les murs mais aussi sur la moquette de laine lie de vin avec des fleurs roses.
Un écrin douillet de 400 places
Ce théâtre de cour, écrin douillet pour les toilettes de gala de l'époque, comprend 400 places réparties sur quatre niveaux. Il n'a été utilisé qu'une dizaine de fois à l'époque de l'Empereur qui y invitait ses hôtes de prestige.
Après la chute de l'Empire en 1870 et l'avènement de la Troisième République, le théâtre est fermé et sombre dans l'oubli. Dans les années 1920, son grand lustre s'écrase au sol (il vient d'être raccroché après avoir été restauré).
Sous l'Occupation, les officiers de l'armée de terre allemande y donnent des spectacles mais le théâtre est officiellement fermé en 1941 pour des raisons de sécurité.
Abu Dhabi verse 10 millions d'euros pour la restauration
A partir des années 1960, plusieurs projets de restauration voient le jour mais restent sans suite. En avril 2007, dans la foulée de l'ambitieux accord sur le Louvre Abou
Dhabi, l'Emirat décide "de faire un geste supplémentaire pour un lieu patrimonial français" et le théâtre de Fontainebleau est retenu, rappelle Jean-François Hébert.
Dans une convention de mécénat, l'Emirat s'est engagé à verser à terme 10 millions d'euros pour restaurer des éléments patrimoniaux du château. Il a déboursé pour le moment 5 millions d'euros pour la salle.
"Nous espérons que les Emiriens débloqueront assez vite les 5 millions restants qui permettront de restaurer la scène et les niveaux supérieurs du théâtre", déclare Jean-François Hébert. "Sans leur mécénat, ce théâtre n'aurait pas été restauré. Ce n'était pas une priorité", relève-t-il, en ajoutant que "c'est un vrai bijou du patrimoine Second Empire qui va sortir de l'oubli grâce à Abu Dhabi".
Le théâtre porte désormais le nom de Cheikh Khalifa
"La seule contrepartie demandée par les Emiriens a été que le théâtre porte le nom de Cheikh Khalifa", relève Jean-François Hébert qui ne "trouve pas cela choquant".
Les travaux ont été lancés en 2012. Les soieries capitonnées, les moquettes fleuries, les ornements peints ont été restaurés, dans l'esprit d'origine. De son côté, l'Etat a pris en charge la réfection des toitures.
La salle sera accessible à la visite dans la cadre d'un circuit dédié au Second Empire, incluant le musée chinois de l'Impératrice, le cabinet de travail de Napoléon III et le salon des Laques d'Eugénie. En revanche, le théâtre ne pourra jamais accueillir qu'un nombre extrêmement limité de représentations en raison de sa grande fragilité.
Reportage : F.Benbekaï, P.Allies, V.Jonnet
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