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La Casbah d'Alger, l'un des plus beaux sites méditerranéens, toujours menacée

La Casbah d'Alger, l'une des cités les plus riches en histoire de la Méditerranée, reste menacée, bien qu'inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette ville dans la ville, avec sa citadelle du XVIe siècle des frères Barberousse, mosquées, palais ottomans, hammams et petites maisons, a subi tremblements de terre, incendies et inondations qui ont fragilisé ou détruite ses constructions.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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 Photo prise dans la Casbah d'Alger, en 2002
 (AFP)
L'Unesco a décerné en 1992 la distinction de "valeur exceptionnelle" à la médina algéroise soulignant un "système complexe et original qui s'est adapté (...) à un site fortement accidenté", sur le flan d'une colline de 118 mètres de dénivelé. Mais peu de mesures ont été prises et sans doute pas assez rapidement pour protéger la casbah, ses 105 hectares et plus d'un millier de maisons restantes.

Abdelwahab Zekkar, directeur de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés, explique que le plan de sauvegarde a été lancé en janvier 2007. "Et les études se sont terminées en mai 2010, donc cela a duré plus de trois ans", souligne-t-il. Ces bâtiments, à "plus de 80% des propriétés privées", ont été abandonnés durant la guerre civile des années 90 offrant avec ses ruelles tortueuses un repaire aux islamistes, après avoir été dans les années 50 celui des indépendantistes. Les gens ont alors "fait ce qu'ils voulaient", y construisant n'importe quoi n'importe comment.
Photo prise dans la Casbah d'Alger, en novembre 2004
 (HOCINE ZAOURAR / AFP)
Quelques maisons ont été restaurées sur les hauteurs, ou un palais par-ci, une mosquée par-là, tandis que la citadelle a été confiée à des rebâtisseurs polonais. Mais la surpopulation, l'insalubrité règnent dans la majorité des rues où nombre de maisons s'écroulent. Entre les échafaudages, armatures en bois ou poutres métalliques qui retiennent les murs, des terrains vagues remplis de détritus malodorants font le bonheur des chats errants.

Aujourd'hui, elle est en train de tomber", déplore M. Faïdi, lauréat l'an dernier du prix national d'architecture. Le site "est en pente et donc toutes les maisons s'appuient l'une sur l'autre", relève M. Zekkar. Et lorsque l'une glisse "tout le reste peut s'écrouler derrière". Certes, les habitants les plus menacés par l'écroulement de leur toit sont relogés. Mais aussitôt quelqu'un s'installe dans ses locaux pour exiger à son tour d'être relogé. Un véritable trafic, déplore Halim Faïdi, un architecte spécialiste de la Casbah.

Déjà, la démographie a gonflé sa population, note de son côté le responsable de l'OGBC. Forte de 25-30.000 âmes dans les années 1800, cette cité née en 950 abrite maintenant plus de 51-52.000 âmes, dit-il.Sans compter que les Français durant leur occupation (1830-1962) l'ont découpée et amputée de sa partie basse qui la reliait à la mer. Certains habitants ont de la chance.

L'Agence Nationale des Secteurs sauvegardés est chargée de négocier avec les propriétaires pour les aider à restaurer, monter les dossiers financiers ou racheter les parcelles vides pour reconstruire. Cela n'empêche pas d'autres organismes -préfecture, ministère ou comités de quartiers- de se disputer les priorités.

Restaurer dans la tradition
"La Casbah est toujours vivante, mais elle est très malade", affirme M. Zekkar en espérant que d'ici 10 ans "on retrouve un peu ce site de la Casbah". Les autorités veulent relancer les anciens métiers pratiqués dans la cité: la menuiserie, le travail du cuivre, du cuir ou encore la production de tomettes ou autres revêtements pour restaurer dans la tradition. Et pour M. Faïdi, "la Casbah est une ville et la réponse doit être une réponse d'urbaniste", c'est-à-dire qu'"il faut la réhabiliter": au-delà d'une restauration le plus possible à l'identique, il faut prévoir quelle population y vivra dans 20 ans et ce qu'elle y fera.

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