: Vidéo La pollution au plomb autour de Notre-Dame est un "scandale sanitaire majeur" selon l'association Robin des Bois
L'association dénonce les dérogations prévues dans le projet de loi de restauration de la cathédrale, alors qu'elle estime que le plomb de la toiture incendiée s'est répandu dans toute la zone autour de l'édifice à des taux largement supérieurs aux seuils de vigilance.
Le projet de loi encadrant la restauration de Notre-Dame est examiné vendredi 10 mai par l'Assemblée nationale. Les délais réduits et les dérogations envisagées aux règles font l'objet de débats, notamment en raison des risques liés au plomb. Sur franceinfo, Jacky Bonnemain, porte-parole de l'association Robin des Bois, a affirmé que "les seuils de vigilance sont complètement explosés" et que l'on "a affaire à un scandale sanitaire majeur."
franceinfo : Le 9e article de la loi autorise le gouvernement, dans un délai légal, à prendre toutes les dispositions pour faciliter la réalisation des travaux. Que pensez-vous de cette loi ?
Jacky Bonnemain : Elle s'inscrit dans un mouvement dérogatoire, simplificatoire, organisé par le gouvernement Macron qui vise à détricoter toutes les barrières qui freinent les pollutions et l'enlaidissement de la France.
Que craignez-vous ?
Nous pensons à l'archéologie préventive et au Code de l'urbanisme et du patrimoine, mais avant tout, vu notre vocation, au code de l'environnement et au saturnisme qui est une maladie consécutive à l'ingestion ou à l'inhalation de poussières de plomb. La cathédrale est une friche industrielle, je suis désolé de le dire et de choquer. C'est un site pollué qui requiert, selon la législation, le dépistage du saturnisme infantile pour tous les gamins qui vivent aux abords. Nous constatons que ces mesures de vigilance et de précautions sont largement occultées par le gouvernement, la mairie de Paris, le diocèse de Paris. Nous nous substituons, avec l'association des familles victimes du saturnisme et avec l'association Henri Pézerat, aux pouvoirs publics de l'État qui sont complètement défaillants et qui mettent en danger la santé et la vie d'autrui.
L'Agence régionale de santé (ARS) confirme la présence de poussières de plomb, mais affirme que les analyses indiquent qu'il n'y a pas de risque liés à l'absorption de plomb. C'est un mensonge ?
Oui, absolument. L'ARS et les pouvoirs publics réagissent toujours la veille des actions ou des conférences de presse de Robin des Bois et des autres organisations qui s'occupent de ce problème majeur. Elle dit d'un côté qu'il n'y a pas de danger, elle dit de l'autre qu'il y a du danger. 300 milligrammes de plomb dans les pourtours, les arbres, aux alentours de la cathédrale, c'est le seuil déclencheur d'un dépistage systématique de la population. Or, il n'y a pas 300 milligrammes, mais, selon les pouvoirs publics eux-mêmes, il y en a 20 000 milligrammes. Donc, les seuils de vigilance sont complètement explosés et on a affaire à un scandale sanitaire majeur.
Avant toute restauration, il faut donc décontaminer ?
C'est la priorité. Une décontamination lente, programmée, qui prendra un an, y compris dans les superstructures de la cathédrale qui sont enduites de cendres, de suie. Souvenez-vous, les gens qui regardaient ça comme un feu d'artifice ont reçu sur les cheveux des escarbilles, des suies, des cendres. Ces cendres, c'étaient des cendres de plomb. On parle d'environ 300 tonnes qui ont fondu, plus les fongicides, l'étain, et les peintures au plomb à l'intérieur.
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