Vrai ou Faux : quel rôle Colbert a-t-il joué dans l'élaboration du Code noir ?
Le ministre de Louis XIV voit son nom accolé au code qui réglementait l'esclavage à partir du XVIIe siècle par les mouvements anti-négrophobie. Mais en est-il l'auteur et le père ?
Colbert tagué à la peinture rouge avec cette inscription : "Négrophobie d'État". Les militants du collectif anti-négrophobie se sont filmés en pleine action, et le choix de Colbert n'est pas anodin. Le Premier ministre de Louis XIV est connu aussi pour avoir initié le Code noir, un texte très controversé qui fixe un cadre légal à l'esclavage au XVIIe siècle. Mais quel en est le contexte historique ? En 1685, ce fameux texte est un édit royal, ce n'est que plus tard qu'un éditeur français l'appellera Code noir. À l'époque, l'esclavage est utilisé depuis environ soixante ans dans les colonies françaises. "C'est un texte qui régule les rapports entre maîtres, esclaves et administration", éclaire Frédéric Régent, historien et maître de conférence à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Mort avant de pouvoir signer le texte
"Ce texte est là pour montrer que la justice du roi est supérieure à la justice des maîtres à l'égard des esclaves. Les maîtres ont la possibilité de fouetter et d'enchaîner les esclaves, l'administration se réserve le droit de peines plus sévères telles que les différentes mutilations ou la mort", décrit l'universitaire. Le code régule aussi le statut d'esclave, qui se transmet par la mère. Les esclaves sont reconnues comme personnes humaines puisque baptisés par la religion catholique. Le code explique comment un esclave peut être vendu ou affranchi, et l'affranchi dispose des mêmes droits qu'une personne libre. Le but n'était donc pas d'améliorer la vie des esclaves, mais de réglementer une pratique existante.
Quel rôle a donc joué Colbert dans tout cela? À l'époque secrétaire d'État à la Marine et aux Colonies, il a commencé à travailler sur l'édit royal à la demande du roi avec l'intendant aux colonies et les gouverneurs de celles-ci, mais il ne signe pas le texte final. C'est son fils qui le fait. "Il ne signe pas le Code noir parce qu'il est mort", rappelle Jacob Soll, professeur de philosophie et d'histoire à l'université de Caroline du Sud. "Donc ce n'est pas l'homme-clé de l'esclavage français. C'est un immense système européen qui fait ce violent projet colonial", assure-t-il.
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