: Vidéo Comment Robert Badinter a mené bataille pour l'abolition de la peine de mort
Le 18 septembre, la France célèbrera les 40 ans de l'abolition de la peine capitale. Un documentaire intitulé "Robert Badinter, la vie avant tout", diffusé sur France 3 ce lundi soir, retrace le combat de l'instigateur de cette loi entrée dans l'Histoire.
"Il y a des ministres qui portent un projet politique et qui emmènent une équipe." C'est ce que fit Robert Badinter dès qu'il fut nommé garde des Sceaux par François Mitterrand en juin 1981, témoigne Jean-Marc Sauvé, son ancien conseiller, dans le documentaire, Robert Badinter, la vie avant tout, réalisé par Romain Icard et diffusé lundi 13 septembre sur France 3. Mais c'est beaucoup plus qu'un projet politique que porte à l'époque le nouveau ministre de la Justice, c'est un véritable combat qui se résume en quelques mots : l'abolition de la peine de mort.
C'est au début des années 1970 que Robert Badinter, avocat parisien de renom, décide de s'engager dans la lutte contre la peine de mort. Il décide de défendre des causes dites "perdues", celles des accusés risquant la peine de mort, que seules la France et l'Espagne appliquent encore à l'époque en Europe de l'Ouest. Mais c'est surtout à la suite de son échec à sauver la tête d'un de ses clients de la guillotine, en 1972, que Robert Badinter prend conscience que c'est sur le terrain politique qu'il doit mener cette bataille.
Une loi adoptée par 363 voix contre 117
Une profonde amitié lie l'avocat, engagé à gauche, à François Mitterrand depuis une vingtaine d'années lorsque ce dernier est élu président de la République en mai 1981. Nommé garde des Sceaux le 23 juin 1981, Robert Badinter s'évertue à convaincre François Mitterrand qu'il lui faut présenter son projet de loi pour l'abolition de la peine de mort le plus rapidement possible devant l'Assemblée nationale. "En 1981, il y avait une explosion de condamnations à mort (...). Une espèce de fièvre de peines de mort s'était emparée des jurés, déclare Robert Badinter dans le documentaire. Je lui dis : 'Il faut absolument, monsieur le président de la République, que l'abolition intervienne avant le 1er octobre'."
François Mitterrand accepte et c'est ainsi que le ministre de la Justice défend par un vibrant discours, resté dans l'Histoire, son projet de loi devant des députés venus en nombre et devant les caméras, le 17 septembre 1981. Le lendemain, la loi est adoptée par 363 voix contre 117 à l'Assemblée nationale. Validée douze jours plus tard par le Sénat, elle est promulguée le 9 octobre 1981 et couronne ainsi un combat que Robert Badinter n'a jamais abandonné, malgré les intimidations et les menaces. "Quand je suis sorti de l'Hémicycle [du Sénat] (...), j'ai réfléchi à tout ce qui était advenu avec un sentiment de paix comme j'en ai rarement ressenti et c'est vrai que, ce jour-là, c'était vraiment fini, la peine de mort", livre, ému, l'ancien garde des Sceaux dans le documentaire.
Mais rapidement, il devient une cible pour ses adversaires et pour une partie de l'opinion publique. Sa famille et lui-même ne comptent plus les lettres de menaces qui inondent leur boîte aux lettres. "Ça a été quand même probablement l'homme le plus détesté de France. Enfin, il était en concurrence avec Francois Mitterrand..." confie l'ancien ministre du Budget de l'époque, Laurent Fabius, dans le documentaire. Elisabeth Badinter, son épouse et plus fidèle soutien, confirme : "Au point qu'on n'allait plus jamais dans un bistrot, dans un restaurant, jamais."
Il faudra attendre 1984 pour que Robert Badinter acquière une véritable popularité tant auprès des Français que de ses détracteurs. Son ardeur au travail, sa probité et son sens de la justice font de lui, à l'époque, "l'ultime référence morale de la gauche", selon le quotidien d'opposition Le Figaro.
*Le documentaire Robert Badinter, la vie avant tout est diffusé lundi 13 septembre à 21h05 sur France 3, ainsi que sur la plateforme france.tv.
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