"Petite Pompéi" : comment la mosaïque de Bacchus a été sauvée avant la démolition du site
Les archéologues n'hésitent pas à parler de "petite Pompéi" pour évoquer le site découvert en avril à Sainte-Colombe dans le Rhône, à quelques pas du musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal. Ce quartier gallo-romain comporte des mosaïques parfaitement préservées et révèle un système d'alimentation des eaux quasi complet. Une découverte inédite en France depuis une quarantaine d'années. Les équipes de l'entreprise Archeodunum travaillent sans relâche car à la fin de l'année, des immeubles neufs vont recouvrir les fouilles.
Reportage : B. Aparis / J.M. Mier / L. Marques / S. Richardson
Sauver Bacchus
Le faubourg datant de l'époque romaine révèle des secrets enfouis depuis 2000 ans. Dans la cité on peut encore déceler de luxueuses demeures et de vastes espaces publics très bien conservés. L'un des trésors du quartier réside dans l'une de ces villas. Au milieu d'éphèbes et de danseuses, le Dieu Bacchus apparaît sur une mosaïque en parfait état de conservation. Pour déposer le tapis, les archéologues procèdent en plusieurs étapes. Les tessons sont chauffés, avant d'être recouverts d'une gaze et d'une toile de jute. Le tout est maintenu dans un seul bloc et peut désormais être soulevé de la terre. "Le Bacchus est sauvé ! Il va pouvoir aller dormir tranquillement sans risquer plus grand chose des aléas du temps", souffle Philippe Mercoiret de l'Atelier de restauration de mosaïques du Musée Gallo-Romain de Saint-Romain-en-Gal.Commencée en avril, la fouille, menée par une vingtaine de spécialistes, devait prendre fin mi-septembre. Elle a été prolongée jusqu'au 15 décembre, après son classement en "découverte exceptionnelle" par le ministère de la Culture, précise Frédéric Letterlé, conservateur de l'archéologie d'Auvergne-Rhône-Alpes, lors d'une visite du chantier.
Un réseau d'eau moderne
Autre merveille découverte par les archéologues, un réseau d'alimentation en eau d'une villa du IIe siècle. Le système est en parfait état de conservation et montre l'incroyable modernité de l'époque. "On a retrouvé un robinet qui permet de diviser le réseau ce qui est très rare dans l'Antiquité", explique encore le chercheur. Le plombier, fier de son œuvre, a même signé son travail !Le site occupé pendant trois siècles est remarquable à plus d'un titre : par sa superficie de près de 7000 mètres carrés en milieu urbain, ce qui est très rare, par la diversité des vestiges et par leur état de conservation, résume Benjamin Clément. "Ce sont des incendies successifs qui ont permis de conserver tous les éléments en place quand les habitants ont fui la catastrophe, transformant le secteur en une véritable petite Pompéi viennoise", s'exclame-t-il. Toutes les maisons sont fouillées avec précaution car chacune d'elles peut révéler des vestiges capables de nous enseigner un peu de notre lointaine Histoire. Plus de 1000 objets sont actuellement répertoriés et conservés par l'entreprise Archeodunum.
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