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Oubliée pendant 140 ans, la collection d’objets kanaks d’un ancien communard déporté en Nouvelle-Calédonie dévoilée au public à Bourges

Le musée du Berry à Bourges expose pour la première fois une partie des objets traditionnels kanaks offert à la ville à la fin du XIXe siècle par un illustre inconnu : Gervais Bourdinat.

Article rédigé par Stéphane Hilarion
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Exposition "Kanak, enquête sur une collection" (CAPTURE D'ÉCRAN FRANCE 3)

A l’origine de cette exposition, une véritable enquête entreprise en 2014 par Dominique Deyber, commissaire de l’exposition, après la découverte dans les réserves du musée du Berry d’une massue à bec d’oiseau de Nouvelle-Calédonie. Elle découvre alors que cette arme provient d’une donation de 1882 regroupant plusieurs dizaines d’objets traditionnels kanaks et de minéraux. Une collection offerte à la ville de Bourges par Gervais Bourdinat, un charpentier Berruyer devenu communard, condamné au bagne en Nouvelle-Calédonie.

Expo "Kanak, enquête sur une collection "
Expo "Kanak, enquête sur une collection " Expo "Kanak, enquête sur une collection "

De bagnard à conseiller municipal

Né en 1831 à Bourges, Gervais Bourdinat dont la famille travaille dans le vin, s’oriente lui vers le métier de charpentier. Il part s’installer avec sa femme à Paris alors en pleine mutation sous l’impulsion du baron Haussmann. En 1871, il participe à l’insurrection de la Commune de Paris et comme de nombreux communards, il est condamné au bagne en Nouvelle-Calédonie. Cinq mois après son arrivée, il est autorisé à s’installer à Nouméa où il reprend son métier de charpentier et fait venir sa femme et son fils, mais sans renier ses idées. Il s’engage en politique, devient conseiller municipal de Nouméa et côtoie une figure emblématique de la Commune, la militante anarchiste Louise Michel.

Comme elle, Gervais Bourdinat, anticolonialiste s’intéressera à la culture des peuples kanaks, à leurs langues, chose rare chez les déportés. C’est à cette époque qu’il commence sa collection. Une collection rare car extrêmement bien documentée avec pour certains objets traditionnels le nom des chefs kanaks à qui ils ont appartenus. Un témoignage exceptionnel pour le conseiller scientifique de l’exposition de Bourges qui n’est autre que le nouveau président du musée du Quai Branly-Jacques-Chirac, le Kanak Emmanuel Kasarhérou.  

"Kanak, enquête sur une collection" (Musée du Berry)

"Kanak, enquête sur une collection" - jusqu’au 11 janvier 2021 - Musée du Berry, 4 rue des Arènes 18000 Bourges - Tous les jours de 10h à 12h et de 14h à 18h, le dimanche de 14h à 18h. Fermé le mardi - Tarif 4 euros.  

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