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Musée de l'Holocauste de l'Illinois : des survivants en hologramme pour un témoignage éternel

Assise dans le musée de l'Holocauste de l'Illinois, près de Chicago, Adina Sella parle de sa vie de survivante de la Shoah. Un groupe d'élèves est captivé par son récit, et pourtant elle n'est pas réellement là : c'est son hologramme en 3D qui passionne les visiteurs. L'objectif poursuivi par cette exposition inédite : conserver le témoignage d'une génération de survivants qui disparaît.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Adina Sella, survivante de la Shoah, témoigne au Musée de l'Holocaust de l'Illinois, mais elle est en hologramme. 
 (Joshua Lott / AFP)

Cette image en trois dimensions, qui est interactive et en mouvement, fait partie d'une exposition inédite intitulée "Take a Stand Center", orientée vers les écoliers et qui ouvre ce dimanche au musée de l'Holocauste de l'Illinois, dans le nord des Etats-Unis. L'objectif est de conserver les souvenirs d'une génération qui s'amenuise rapidement.

Treize survivants ont répondu présent

"Elle a leur totale attention", souligne Samantha O'Neill, de l'établissement scolaire Northside Catholic Academy. "On dirait vraiment qu'elle est assise sur scène devant vous". L'exposition utilise une technologie de reconnaissance vocale et une intelligence artificielle permettant aux visiteurs de poser des questions à ces survivants sur leur calvaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Auxquelles ils répondent directement.
Le jeu de questions-réponses avec l'hologramme d'Adina Sella avec des élèves américains. 
 (Joshua Lott / AFP)
Ainsi, installés dans l'auditorium du musée, à Skokie, des dizaines d'écoliers boivent les paroles d'Adina Sella, assise devant eux, sur une chaise rouge. Les rares crépitements rappellent qu'elle n'est qu'une image. "Quel âge as-tu?", demande un enfant. "Je suis née le 1er décembre 1935, alors s'il-te-plait, calcule-le", répond-elle, avec un fort accent. Sa réponse a été enregistrée de façon à ce qu'elle reste valable au fil des ans.
Les enfants ont rapidement fait le calcul : 81 ans.

Treize survivants, la plupart habitant aux Etats-Unis, mais aussi au Canada, en Israël et au Royaume-Uni, ont été enregistrés. Ils ont répondu à des milliers de questions, chacun assis pendant une semaine dans un studio rempli de caméras haute définition pour les filmer sous tous les angles. "Cela nous prépare pour le jour où nos survivants ne seront plus là", explique Susan Abrams, directrice exécutive du musée. Les nazis ont tué six millions de Juifs, et des millions d'autres personnes, pendant l'Holocauste. A mesure que les survivants prennent de l'âge, la question se pose de la préservation de leurs mémoires.

Un projet soutenu par la Shoah Foundation créée par Spielberg 

Le réalisateur américain Steven Spielberg a établi en 1994 une fondation qui a filmé le récit de 55.000 survivants et témoins. Cette organisation est devenue par la suite la Shoah Foundation, entité de l'Université de Californie du Sud à Los Angeles. Elle a aidé le musée de l'Illinois à créer les hologrammes.
Le Musée de l'Holocaust de l'Illinois.
 (Joshua Lott / AFP)
Le projet a mis presque trois ans à se concrétiser et a coûté cinq millions de dollars. Les premiers tests du produit fini, présenté officiellement dimanche dernier, sont encourageants, se réjouit Susan Abrams. "Les visiteurs se sentent plus à l'aise de poser leurs questions à l'hologramme, parce qu'ils ne s'inquiètent pas de blesser cette personne, ou de la contrarier. Et donc, c'est vraiment un instrument puissant", ajoute-t-elle.

"Nous voulons qu'on se souvienne de nos familles"

Le musée, comme les autres institutions consacrées à l'Holocauste, organise régulièrement des discussions avec des survivants présents en personne : un groupe baptisé "Speakers' Bureau".
Aaron Elster, un survivant de la Shoah, ici en "vrai" et en hologramme au Musée de l'Holocaust de l'Illinois.
 ( Bilgin Sasmaz / ANADOLU AGENCY)
Aaron Elster, l'un des responsables de ce groupe, est l'un des premiers à avoir participé au projet des hologrammes. "La plupart d'entre nous s'inquiètent de ce qu'il se passera quand, dans peu de temps, nous ne serons plus là", dit-il. Est-ce que les survivants deviendront une note de bas de page historique, ou "serons-nous encore en vie, en substance, pour raconter aux gens ce qu'il s'est passé?", poursuit-il. "Nous pensons que c'est vraiment important. Nous voulons qu'on se souvienne de nos familles". 

Le musée pense à terme donner l'autorisation à d'autres institutions d'utiliser le projet d'hologramme, afin qu'elles créent des expositions similaires. "Nous voulons que cette expérience soit reproduite dans le monde entier", précise Susan Abrams.

L'exposition "Take a Stand Center", à vocation éminemment pédagogique et scolaire, comprend également des écrans tactiles présentant d'autres personnalités vivantes ou non, comme l'ancien président sud-africain Nelson Mandela ou la militante pakistanaise Malala Yousafzai.

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