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Massacres de Sétif : retour sur un 8 mai 1945 entaché de sang

Dans l’esprit des Français, les images liées au 8 mai 1945 sont celles d'un peuple qui célèbre la fin de l’occupation nazie. En Algérie en revanche, cette date est associée aux massacres de civils à Sétif et Guelma. Des massacres largement passés sous silence à l’époque et qui ont servi de détonateur à la radicalisation d’une partie du peuple algérien, préfigurant la guerre d’indépendance.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jour de liesse en France, le 8 mai 1945 a marqué le début d'une répression violente dans une Algérie qui acceptait de moins en moins l'autorité coloniale
 (France 2 Culturebox (capture vidéo))

Le 8 mai 1945, à Sétif, dans Nord-est de l’Algérie, Bouzid Saâl, un jeune scout musulman, brandit un drapeau algérien. Car si le défilé célèbre la participation d’environ 150.000 Français d'Afrique du Nord au conflit, pour une partie des Algériens, il s’agit aussi de réclamer la libération de leurs leaders nationalistes. Le jeune homme est tué par le coup de feu d’un commissaire de police. C'est l'émeute et le début d'une réression très violente.

Comme le rappelle l’historien Benjamin Stora, la riposte française ne va pas s’arrêter là. Sétif marque en fait le début de trois mois de répression, de mai à juillet 1945 dans plusieurs villages du Constantinois (Gualma, Kherrata, Oued marsa...). Une répression qui va déclencher de nombreuses exactions de part et d’autre, notamment envers les pieds-noirs (plus d'une centaine furent tués parfois dans des conditions atroces). 

Reportage : D. Wolfrom / D. Levy / M. Marini

Aujourd’hui, soixante-dix ans après les faits, les massacres du Nord-Est algérien restent un sujet sensible entre la France et l’Algérie. Pour preuve, les chiffres des victimes de la répression côté algérien continuent de faire polémique, allant de 15 000 à 35 000 morts selon les sources.
 

La politique des petits pas


Sur ce dossier, la France avance par petits pas. En mai 2005 et pour la première fois, un membre du gouvernement français, l’ambassadeur de France à Alger, Hubert Colin de Verdière, se rendait sur place pour commémorer soixante ans après les massacres de Sétif, les qualifiant là aussi pour la première fois de "tragédie inexcusable".

Dix ans plus tard, en avril dernier, le secrétaire d'Etat aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, était en Algérie pour commémorer avec un peu d’avance (un problème d’agenda a été invoqué pour justifier de ne pas attendre le 8 mai) le 70e anniversaire du massacre de Sétif et "mettre en lumière la mémoire partagée". Mais on est encore loin de la repentance souhaitée par l’Algérie sur cette page sombre de l'histoire française.

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