L'historien Jean-Louis Robert : "La Commune a proposé un modèle de vie démocratique différent"

La Commune ne se résume pas au drame de la Semaine sanglante. "Souvent l’histoire de la Commune se réduit aux barricades, aux incendies, à cette répression terrible de la Semaine sanglante, alors que la Commune fut aussi un grand moment, un véritable laboratoire de la République démocratique et sociale", explique Jean-Louis Robert, historien, professeur émérite à l’université Paris 1 et président de l’association Les amis de la Commune, sur le plateau du 23 Heures de franceinfo, vendredi 28 mai.

Comment expliquer que la Commune résonne encore dans l’actualité ? "Je crois qu’actuellement la Commune répond à des problèmes qui sont très vifs dans notre société. Le principal, c’est la crise démocratique. Nous sommes dans une phase d’inquiétude, d’angoisse, d’incertitude sur le sort de notre démocratie. Et qui est au cœur des discussions actuellement. C’est-à-dire l’idée que la démocratie ne peut pas se réduire à l’élection et que le peuple doit rester souverain tout le temps", estime l’historien.

"Les femmes se révoltent"

Peut-on faire un parallèle entre les Gilets jaunes, Nuit debout et la Commune ? "Oui dans une certaine mesure. L’héritage de la Commune est multiple, personne ne peut se revendiquer seul d’être l’héritier de la Commune", affirme le président de l’association Les amis de la Commune.

La place des femmes a également été importante. "Les femmes se révoltent. Dans les clubs et les assemblées populaires, qui jouaient un rôle très important, où l’on poussait la Commune à prendre des décisions, elles étaient souvent majoritaires, bien qu’elles n’aient pas pu voter. On les voit aussi aller aux barricades. Elles vont transgresser le genre pour aller combattre", conclut Jean-Louis Robert, qui publie un livre sur la Commune, Rouges Estampes (Steinkis).