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Demande de "pardon" aux harkis : c'est "une invitation de tout le pays à regarder son Histoire", selon le sociologue Mohand Hamoumou

Emmanuel Macron a annoncé lundi une loi "de réparation à l'égard des harkis". Mohand Hamoumou souligne qu'"on ne va pas leur donner de l'argent parce qu'ils n'ont pas de ressources, on va leur donner de l'argent pour dédommager le fait qu'ils ont subi des préjudices".

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron a remis les insignes de Chevalier de la Légion d'honneur à Salah Abdelkrim, lors d'une cérémonie à la mémoire des Harkis, à l'Élysée, le 20 septembre 2021. (GONZALO FUENTES / POOL)

Emmanuel Macron a demandé "pardon" aux harkis et annoncé une loi "de réparation". "Cela s'inscrit dans son chemin de vérité", a réagi lundi 20 septembre sur franceinfo Mohand Hamoumou, docteur en sociologie, auteur de plusieurs livres sur les harkis et président d’AJIR (Association Justice, Information, Réparation).

franceinfo : Vous imaginiez que cette reconnaissance soit possible ?

Mohand HamoumouJe pensais que c'était possible parce que cela s'inscrit dans son chemin de vérité. Après avoir reconnu certaines pages comme le Rwanda, les essais nucléaires en Polynésie, le président actuel a cette volonté de reconnaître des faits et d'en tirer les conséquences. Ce n'était pas une réception en hommage aux harkis, mais une invitation de tout le pays à regarder son histoire, à se réconcilier avec elle-même, à être fière de ses valeurs.

Que représente le discours d'Emmanuel Macron ?

C'est un nouveau pas important dans la reconnaissance par l'État, de faits que nul ne conteste aujourd'hui. Ce qui est important c'est que la loi va permettre un changement de logique. Jusque-là il y avait des discours de reconnaissance, mais de compassion, il y a eu des mesures de solidarité. Là, on passe d'une logique d'actions sociales à une logique de vérité et de justice. Dès l'instant où c'est une loi qui reconnaît la responsabilité des manquements de notre pays à ses valeurs, qui reconnaît une gestion irresponsable de la fin du conflit pour les harkis et pour d'autres populations comme les pieds-noirs. Dès l'instant où il y a une reconnaissance de responsabilité il faut créer une commission et ça le président a bien compris cela. Il a annoncé une commission des préjudices et en fonction de cela prévoir un fonds d'indemnisation. La première réparation, c'est la vérité.

Ce fonds d'indemnisation était une demande très forte des associations. Est-ce que de nombreux harkis vivent avec peu de ressources ?

C'est terrible parce qu'on revient toujours à une vision d'aide sociale. Ce n'est pas ça qui est demandé. On ne va pas leur donner de l'argent parce qu'ils n'ont pas de ressources, on va leur donner de l'argent pour dédommager le fait qu'ils ont subi des préjudices. Mais pour ça il faut d'abord les évaluer et avant il fallait d'abord reconnaître que l'Etat était responsable. Le président l'a bien reconnu et prend acte d'un certain nombre de faits, de manquements de la République à ses valeurs. Du coup, il demande à l'Assemblée nationale et au Sénat d'acter cela dans une logique transpartisane pour pouvoir ensuite engager une logique de réparation.

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