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De sa rencontre avec Jean Moulin à son lien avec la jeunesse : comment Daniel Cordier a marqué l'histoire de Lyon

Après avoir rallié De Gaulle à Londres, le jeune résistant, auquel la France rend hommage jeudi, avait rejoint Lyon, où Jean Moulin l'avait engagé comme secrétaire particulier. 

Article rédigé par Christophe Vincent
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Daniel Cordier, en septembre 1942 à Lyon. (HANDOUT / MUS?E DE L?ORDRE DE LA LIB?RATIO)

Le 30 juillet 1942, Jean Moulin, alias Rex, donne rendez vous à Daniel Cordier au bouchon Le Garet, à Lyon, où il a sa place, dos au mur. Entre l'unificateur de la Résistance et le jeune décodeur radio parachuté, le courant passe. "Il m'a dit vers 11 heures du soir 'Vous revenez demain matin à 7 heures, je vous garde comme secrétaire. Bonsoir'. Et il a claqué la porte. Ça c'est quelque chose dont je me souviendrai toute ma vie", racontait à France 3, en riant, Daniel Cordier, avant-dernier compagnon de la Libération, mort vendredi 20 novembre et auquel Emmanuel Macron a rendu hommage ce jeudi.

Deux résistants aux journées "très ritualisées et très rythmées"

Tout oppose le jeune homme dune vingtaine d'années et le haut fonctionnaire envoyé à Lyon par le général de Gaulle pour unifier les mouvements de la Résistance. Mais ils vont œuvrer ensemble dans cette ville où sévit la Gestapo et son chef Klaus Barbie. Délégué général de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme, Stéphane Nivet a bien connu Daniel Cordier : "Les journées étaient très ritualisées et très rythmées avec Daniel Cordier, qui se pointe tous les jours à 7 heures du matin au domicile de Jean Moulin, dont il ignore la véritable identité, pour lui transmettre les messages traduits pendant la nuit et les consignes à prendre pour la journée."

Daniel Cordier et Jean Moulin se rencontraient à nouveau à 12 heures, puis à 19 heures dans cette ville si secrète. "Ce qui était commode pour les résistants à Lyon, c'est que c'était une ville très peu pourvue en concierges, ce qui permettait d'accéder aux immeubles d'une manière beaucoup plus discrète, indique Stéphane Nivet. Et puis, le deuxième aspect, évidemment, c'est les traboules [passages piétons à travers des cours d'immeuble qui permettent de se rendre d'une rue à une autre]". 

"Un homme mêlé"

Quand Jean Moulin est arrêté, en juin 1943, Daniel Cordier a déjà quitté Lyon. Il y reviendra souvent défendre sa mémoire. "Il avait 22 ans en arrivant à Lyon. Moi, j'avais 22 ans quand je l'ai rencontré, raconte Stéphane Nivet. Mes camarades étudiants et moi, on était une génération de jeunes devant lui qui s'investissaient sur ces questions. Et je pense qu'il avait la volonté de transmettre et de se dire que, au moment où il était déjà très âgé, il fallait transmettre le flambeau et le message". 

Le message d'un homme aux mille vies :"Daniel Cordier était un homme mêlé. L'extrême droite, l'antisémitisme, la résistance, l'homosexualité, sa vie de galeriste, un homme mêlé", salue le délégué général de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme.

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