"C'est quelque chose qui nous ronge de l'intérieur" : des Français d'origine arménienne commémorent le génocide
Mercredi 24 avril, la France commémorait pour la première fois officiellement le génocide arménien. Une cérémonie émouvante a eu lieu à l'hôtel de ville de Paris, en présence de Français d'origine arménienne.
Le salon de réception de l'hôtel de ville de Paris s'est rempli en quelques minutes, mercredi 24 avril. Des centaines de membres de la communauté arménienne étaient invités par la maire, Anne Hidalgo, à l'occasion de la journée nationale de commémoration du génocide arménien de 1915, la première commémoration française officielle de ce drame qui a fait entre 1 200 000 et 1 500 000 morts.
En cette 1ère Journée nationale de commémoration du génocide arménien, @Anne_Hidalgo accueille à l’Hôtel de Ville les arméniens établis à #Paris et rappelle les liens très forts qui unissent nos deux pays. pic.twitter.com/xyf8N9wffN
— Mathieu de La Souchère (@MathieuSouchere) 24 avril 2019
Parmi les invités, Haïgouhie n'a pas caché son émotion. Cette femme de 71 ans a perdu une partie de sa famille pendant le génocide. "C'est quelque chose qui nous ronge de l'intérieur. Je n'ai rien de mes parents, de mes grands-parents. Il n'y a qu'une photo. Quand je vois les Français, qu'ils disent 'cette armoire vient de ma grand-mère', je leur dis 'vraiment, il faudrait savoir la chance que vous avez de vivre dans un pays paisible, sur vos terres'."
Si je ne me retenais pas, je pleurerais maintenant.
Haïgouhieà franceinfo
Irina aussi ne cesse de rêver des terres d'Arménie. C'est d'habitude là-bas qu'elle commémore chaque année le génocide. "En Arménie, on fait toujours de la même façon : tous les Arméniens vont au mémorial du génocide (...) et c'est un moment très important de mémoire, de commémoration pour tout le monde. Donc tous les ans on y allait, avec l'école, la famille, les amis (...) pour ne jamais oublier ce qui s'est passé", explique-t-elle.
Une journée nationale, un "geste très fort"
Le devoir de mémoire est essentiel et la création d'une journée d'hommage nationale y contribue. Cette décision, prise par le président Emmanuel Macron, a été saluée par Hasmik Tolmadjian, ambassadrice d'Arménie en France, lorsqu'elle a pris la parole devant l'assemblée. "L'Arménie n'oublie pas que la France fut le premier État au monde à donner force de loi à la reconnaissance du génocide arménien. Elle est particulièrement sensible au geste très fort du président de la république française d'inscrire le 24 avril dans le calendrier républicain comme journée officielle de commémoration", a déclaré l'ambassadrice.
Les discours se sont enchaînés pendant une demi-heure, suivis avec attention par Jean-Pierre."C'est quand même un jour important, a affirmé le retraité. C'est le fruit d'un travail de longue haleine, ça ne se fait pas comme ça d'un coup de baguette magique."
C'est un coup de pied dans la fourmilière de ceux qui ne veulent pas reconnaître ce qui s'est passé en 1915 et dans les années suivantes.
Jean-Pierreà franceinfo
Il espère désormais que d'autres pays emboîteront le pas de la France, en particulier la Turquie, dont le gouvernement ottoman avait ordonné le génocide. Le génocide arménien est actuellement reconnu par une trentaine de pays.
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