"Guerre et paix" dans le Pas-de-Calais: un nouveau centre consacré à 14-18
"Il manquait un équipement de ce type entre Péronne et Ypres", souligne David Pierru, chef de projet à la Communauté d'agglomération de Lens-Liévin, en référence à deux musées de la Grande guerre situées en Picardie et en Belgique. Le centre, d'un coût de neuf millions d'euros, permet de retracer l'histoire du conflit mondial dans la zone, en bas de la "butte sanglante" où a été inauguré l'anneau de mémoire le 11 novembre par François Hollande.
Ce mémorial international en forme d'ellipse rend hommage aux 580.000 soldats tués dans la région, sans distinction de nationalité. "Entre l'anneau de mémoire et le Louvre-Lens, je table sur plus de 100.000 visiteurs à l'année", explique Pierre-Louis Faloci, architecte du centre, un imposant cube noir de 1.200 m2, d'où l'on distingue au loin les terrils et le stade Bollaert de Lens.
La visite, gratuite, s'articule autour d'un parcours chronologique et thématique à travers quatre "chapelles", "où tout le drame du lieu est accompagné par une sculpture de la lumière naturelle qui se fait par le dégagement des boîtes", selon l'architecte. Le parcours fait la part belle à de nombreuses photographies prises par les poilus, mais aussi par des projections de films, de didactiques cartographies en mouvement, des maquettes et quelques objets (armes, affiches...). Au fil de la visite, on découvre ainsi des photographies panoramiques d'une étonnante précision du front réalisées par les Allemands qui leur permettaient de connaître les positions ennemies.
Reportage : J.L. Manand, A.Mery, M.Dubois
Dureté de l'occupation allemande
Une salle narre la dureté de l'occupation dans le Nord, avec 70% du territoire occupé pendant quatre ans par les Allemands. Des photos illustrent la rudesse de l'occupation ennemie, avec des militaires raflant l'or et la monnaie ou multipliant les réquisitions de toute nature. "L'occupant allemand entreprend de supprimer toutes les libertés et met en place une véritable terreur administrative, il évacue les "bouches inutiles", déporte des otages, impose le travail forcé à partir de 1916", rappelle le centre, soulignant qu'il y a eu aussi une "Résistance" en France lors du premier conflit mondial.
L'année 1918 montre également que l'occupant allemand a procédé à la politique de la terre brûlée, lors de leur retraite, "dynamitant méthodiquement usines et fosses minières". Des photos de soldats français, s'exhibant d'un air triomphal devant des cadavres de militaires allemands, illustre une autre forme de cruauté.
Un passionnant film, réalisé en 1919 d'un dirigeable afin d'être projeté à Versailles lors des tractations précédant le traité, qui décidera des "réparations de guerre" réclamées à l'Allemagne, permet de visualiser l'étendue des destructions dans la région, avec 300 villes et villages complétement anéantis. Ainsi, les images aériennes montrent Lens, détruite à 100%.
La visite s'achève par une "salle de mémoire" où l'on peut retrouver via des tablettes numériques le parcours des 579.606 soldats inscrits sur l'anneau de mémoire. Ce nouveau centre va permettre d'intéresser des scolaires, des habitants de la région, mais aussi des touristes étrangers, notamment du Commonwealth, adeptes du tourisme mémoriel, déjà attirés par les nombreux sites historiques aux alentours.
"Dans un périmètre restreint de quelques dizaines de kilomètres, une telle concentration de lieux de mémoire, de nationalités différentes, est quasiment unique au monde", estime Sylvain Robert, maire de Lens, en référence notamment à l'anneau de Mémoire et à Notre-Dame de Lorette, mais aussi aux cimetières de Vimy (canadien), du Cabaret rouge (britannique) ou de la Maison blanche (allemand).
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