Gard : menaces sur le Musée des Roulottes
Le musée en plein air donne à découvrir quatorze roulottes installées sur un terrain au bout d'un chemin caillouteux. Il y a la plus ancienne, la "Queenie", dont parle Charles Dickens dans "Cabinet de curiosités" en 1840, ou encore, beaucoup plus "jeune", l'Américaine Land Yacht, fabriquée avec des morceaux d'avion en 1970.
"Toutes ont été restaurées mais elles ont conservé leurs roues d'origine, ce qui permet de les situer puisque c'est à cet endroit qu'elles sont signées", confie à l'AFP Pierre Le Fur, ancien psychanalyste parisien devenu défenseur de la culture des tziganes, avec qui il a passé une partie de son enfance et qui ont aidé son père à "s'évader d'Auschwitz".
L'idée de la collection et du musée a surgi par hasard. Après son installation à Uzès, à quelques lieues de Saint-Quentin-La-Poterie, il découvre dans un dépôt quatre roulottes appartenant au patron du musée des arts forains à Paris, Jean-Paul Favand. "Je me suis dit: 'Il faut les sauver afin que la tradition perdure'", se souvient Pierre Le Fur qui en a acheté une, "la trottinette". "Je l'ai retapée en 1200 heures", poursuit ce passionné. Au bout du compte, il achète les trois autres avant de devenir "un chasseur de roulottes".
"Maintenant, je parcours le monde à la recherche de roulottes. On pense qu'il en reste beaucoup. Mais ce n'est pas le cas car les riches tziganes se faisaient incinérer dedans", explique Pierre Le Fur qui vend parfois quelques unes de ses trouvailles après les avoir restaurées. Avec le temps, sa collection s'enrichit une Verdine hippomobile, une roulotte allemande, une autre dont la légende dit qu'elle a servi à Van Gogh, ou encore une décorée par Christian Lacroix.
Certaines de ces roulottes apparaissent parfois au cinéma : dans "les Lyonnais", "Carmen" et "Liberté" de Tony Gatlif. Idem dans la publicité, comme décors de catalogues... Mais les ambitions de Pierre Le Fur pourraient être coupées net.
La municipalité poursuit le musée
Début août, le maire Yvon Bonzi a assigné en justice le propriétaire du musée, au motif qu'il est installé sur "une zone naturelle protégée" et qu'il a construit "un bâtiment sans autorisation". Mais Pierre Le Fur y voit d'autres motivations. "Le motif officiel est faux. Il veut tout simplement que je dégage. Il m'a dit: 'Ici, on s'appelle Saint-Quentin-La-Poterie et non la roulotte !'" Pierre Le Fur assure que les travaux ont été réalisés après un accord de la mairie.
"Il se donne une appellation de musée mais il n'y a eu aucun contrôle sur l'accessibilité, la sécurité", riposte le maire Yvon Bonzi, interrogé par l'AFP. Aux yeux de nombreux tziganes, Pierre Le Fur est devenu un porte-étendard. Du coup, ils le soutiennent : "On est un peuple pacifiste. On va organiser des confrontations culturelles", annonce une porte-parole Esmeralda Romanez, qui envisage aussi des manifestations en cas de condamnation à détruire.
"Je n'ai rien contre les roulottes. Je peux l'aider à trouver un autre terrain", tente de rassurer le maire. "Si je dois détruire, je ferme", rétorque Pierre Le Fur.
La musique adoucit les moeurs : extrait d'un "boeuf" en juillet au Musée de la Roulotte...
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