De Gaulle en caricatures aux Invalides
Dans les galeries de la cour d'honneur de l'Hôtel national des Invalides, 62 dessins, souvent implacables, du "Canard Enchaîné", de "L'Express" ou du "Figaro", racontent 30 ans de la vie publique du père de la Ve République.
Aux côtés de Louis XIV (1638-1715) et Napoléon (1769-1821), Charles de Gaulle (1890-1970) reste l'une des figures emblématiques des Invalides. Cinquième musée français par le nombre des visiteurs, le Musée de l'Armée abrite l'Historial Charles de Gaulle, qui enregistre chaque année quelque 150.000 entrées.
Au fil du temps, Roland Moisan, Tim, Jean Effel ou Jacques Faizant rivalisèrent d'imagination pour croquer le général, source d'inspiration intarissable pour ces caricaturistes qui accentuaient avec jubilation son physique imposant, ses jambes immenses, ses grands bras, son nez imposant sous son képi aux deux étoiles. "Que dit de moi le volatile ?", avait, dit-on, l'habitude de demander le général de Gaulle quand on lui remettait le mardi soir la morasse du Canard Enchaîné à la veille de la parution de l'hebdomadaire satirique... En rappelant ce mot prêté à de Gaulle, le général Christian Baptiste, directeur du Musée de l'Armée, a expliqué à l'AFP que ces 62 dessins de presse ont été choisis par les commissaires de l'exposition parmi un millier de caricatures.
Teaser de l'exposition "Vive le dessin libre !"
De Vichy au chêne effondré
L'exposition "Vive le dessin libre !" (allusion à une célèbre exclamation gaullienne, "Vive le Québec libre !", prononcée à Montréal en 1967) débute par un dessin de la propagande de Vichy tournant en dérision le chef de la France Libre après l'échec de l'expédition de Dakar en septembre 1940. Elle se termine par le dessin le plus célèbre de Jacques Faizant, paru dans "Le Figaro" le 11 novembre 1970, au lendemain de la mort du général de Gaulle, montrant Marianne pleurant sur un chêne déraciné.
L'expo livre également les caricatures de dessinateurs de presse britanniques qui croquèrent de Gaulle en imperator après le refus du président français d'accueillir la Grande-Bretagne dans l'Europe...
En mai 1968, ce sont des caricaturistes anonymes de "L'Atelier populaire de l'ex-Ecole des Beaux-Arts" qui présentèrent de Gaulle dans des dessins collés sur les murs de la capitale. Parmi ceux-ci, le plus connu, intitulé "La chienlit, c'est lui" résume le général à un nez, un képi et à deux bras en V de la victoire, l'une de ses attitudes préférées. Il ripostait à la fameuse petite phrase prêtée au général,"La réforme oui, la chienlit, non", pour qualifier les manifestations et grèves...
Charles de Gaulle fut également croqué, chaque semaine, par Roland Moisan ("Canard Enchaîné") et représenté en Louis XIV, accompagné de sa cour... Il fut également transformé en "Badingaulle", en allusion au Badinguet, surnom donné par les chansonniers du IIIe Empire à Napoléon...
La caricature, "mariage de la main et de l'esprit", montre aussi que "la liberté du crayon des caricaturistes était peut-être le meilleur hommage que ces dessinateurs pouvaient lui rendre", résume à l'AFP Jacques Godfrain, président de la Fondation Charles de Gaulle, partenaire d'une exposition qui se déroule dans un contexte on ne peut plus pacifique, à des années-lumière de la controverse suscitée par d'autres caricatures...
Musée de l'Armée
129, rue de Grenelle
75007 Paris
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