Dans le rétro : quand le funiculaire de Notre-Dame de la Garde était un emblème de Marseille
Pendant 75 ans, il a monté Marseillais et touristes jusqu’au pied de la Bonne Mère. L’"ascenseur" de Notre-Dame de la Garde comme on le surnommait a fait la fierté de la cité phocéenne avant d’être détrôné par l’automobile puis finalement mis à l’arrêt à la fin des années 60 puis démoli. Dans le Rétro vous fait (re)découvrir ce monument emblématique de la cité phocéenne.
Dès sa consécration en 1864, de nombreux projets ont vu le jour pour faciliter l’accès des fidèles à la basilique Notre-Dame de la Garde édifiée sur une colline surplombant la ville. Irréalistes, trop chers, beaucoup resteront dans les cartons. Et il faudra attendre 1890 pour qu’un projet sorte du lot. L’ingénieur Emile Maslin imagine un funiculaire qui gravirait la colline en deux minutes seulement. Il est inauguré en juillet 1892 et rencontre immédiatement le succès.
La "machine du Malin"
De sa gare de départ de style colonial, cinquante passagers pouvaient embarquer pour une ascension de 84 mètres à l'assaut d'une pente vertigineuse. À l’arrivée une passerelle construite par la société Eiffel et longue de 80 mètres permettait ensuite de rejoindre la partie basse de la basilique. L’ascenseur, comme il a vite été surnommé, fonctionnait sans électricité mais grâce à un système hydraulique qui permettait de faire monter et descendre les deux cabines en bois posées sur des rails, une crémaillère et reliées par un câble autour d’un tambour. Cabines équipées d’un réservoir d’eau de 6000 litres. En remplissant celui de la cabine du haut, elle descendait et faisait remonter celle du bas vidée de son eau.
Un système simple, efficace et surtout extrêmement fiable puisqu’il ne connût aucun incident ou panne en 75 ans d’exploitation et 20 millions de passagers transportés. En contrepartie, entre les bruits d’eau et de ferraille, l’ascenseur faisait un bruit infernal à tel point qu’on l’appelait la machine du Malin. Mais à l’époque on ne parlait pas de nuisances sonores et les Marseillais s’en accommodaient, le funiculaire étant à l’époque un emblème de la ville.
Fin d'une époque
Dès les années 30, le funiculaire de Notre-Dame de la Garde commence à subir la concurrence de la voiture. Une concurrence qui s’accentue évidemment après la guerre, et l’exploitation de l’ascenseur devient de moins en moins rentable. Décision est prise de mettre fin à sa carrière. Le funiculaire de la Bonne Mère effectue son dernier voyage le 11 septembre 1967 avec, dit-on, seulement sept passagers à bord. La fin d’une époque et beaucoup de tristesse chez les Marseillais.
Privée de ses cabines, le funiculaire restera pourtant dans le paysage jusqu’en 1974. Cette année-là, la magnifique gare de départ, l’impressionnante rampe ainsi que la passerelle menant à la basilique furent détruites. Quarante ans après, de nombreux Marseillais découvraient ou redécouvraient l’histoire de l’ascenseur de Notre-Dame de la Garde lors des municipales de 2014, quand Jean-Claude Gaudin proposa la création d’un téléphérique urbain reliant le Vieux-Port à la Bonne Mère. Un projet que de nombreux élus, y compris certains issus de la famille politique de l’ancien maire, jugeaient inutile et coûteux et qui semble aujourd’hui abandonné.
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