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Au Mémorial de Caen, une exposition met la lumière sur le massacre de Nankin de 1937

La guerre sino-japonaise compte parmi les conflits les plus meurtriers de la seconde guerre mondiale et pourtant il est souvent oublié en Occident. Le Mémorial de Caen propose une exposition chinoise sur l'un de ses épisodes marquants, le massacre de Nankin : une série d'atrocités commises dans cette ville par l'armée impériale japonaise en 1937 qui a fait, selon Pékin, quelque 300.000 victimes.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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La prise de Nankin par l'armée japonaise en décembre 1937. A l'avant, à cheval, le général Matsui, qui sera condamné à mort au Procès de Tokyo en 1948.
 (Mémorial de Nankin)

L'exposition "1937 : les six semaines de Nankin", qui s'étend sur 800 m2, a été inaugurée le 22 octobre en présence de Zhai Jun, l'ambassadeur chinois, de Zhang Jianjun, directeur du Mémorial de Nankin et d'une délégation d'une quarantaine de personnes venues de Pékin et de Nankin. 

Un homme âgé porte le corps d’un enfant tué lors d’un bombardement japonais. La photo sera publiée le 10 janvier 1938 par le magazine américain Life.  
 (Mémorial de Nankin)

C'est une exposition chinoise, c'est-à-dire "réalisée pour le Mémorial de Caen par les équipes du Mémorial de Nankin, qui est le plus important musée chinois consacré à l'histoire de la guerre sino-japonaise", précise Stéphane Grimaldi  le directeur du Mémorial de Caen.

La logique de "violence de masse" de l'armée japonaise en 1937 

Episode le plus sanglant de la guerre sino-japonaise (1937-1945), le massacre de Nankin, alors capitale de la Chine, démarre le 13 décembre 1937 et dure six semaines. "Il y a une logique de violence de masse de la part de l'armée japonaise. Civils comme militaires sont enterrés vivants, brûlés vivants, torturés, et souvent décapités, la décapitation au sabre entrant dans le code d'honneur de l'armée japonaise", explique Emmanuel Thiébot, historien  au Mémorial de Caen.
Des réfugiés sur la route desservant Nankin et Shangai.
 (Mémorial de Nankin)

Parmi les documents exposés - dont bon nombre proviennent de témoins occidentaux présents à Nankin pendant ces événements - sont présentés des journaux intimes, des photographies (plus de 200), des objets, des lettres... Et des articles de la presse internationale de l'époque : "car s'il est peu présent dans la mémoire occidentale, le massacre de Nankin fut autant couvert par la presse internationale que Guernica, écrasé sous les  bombes pendant la guerre d'Espagne en 1937", souligne Emmanuel Thiébot.

La mémoire de cette guerre, toujours objet d'une querelle de chiffres entre Chine et Japon

Le massacre de Nankin, comme les autres exactions perpétrées par les militaires nippons en Asie continentale avant et pendant la Seconde guerre mondiale, est la source de tensions récurrentes entre Pékin et Tokyo. La position officielle du Japon est que "le meurtre d'un grand nombre de non-combattants, des pillages et autres actes ont été commis", mais qu'il est "difficile de déterminer" le nombre exact de victimes. Des nationalistes nient cependant ces atrocités. 
Le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient où a lieu le procès contre les criminels de guerre japonais de mai 1946 à novembre 1948.
 (Mémorial de Nankin)

Les Chinois estiment à 300.000 le nombre de victimes du massacre de Nankin. Selon des universitaires étrangers, le nombre de victimes serait moins élevé. La guerre sino-japonaise a elle-même fait selon les sources entre 20 et 35 millions de morts pour la seule Chine de 1937 à 1945. Les documents relatifs au massacre de Nankin ont été inscrits en 2015 sur le Registre de la mémoire du monde de l'Unesco. Le Japon avait alors protesté.

Exposition "1937. Les six semaines de Nankin"
Mémorial de Caen
Du 23 octobre au 15 décembre 2016


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