La France remet au Pakistan plus de 400 antiquités pillées dans des tombes
Statuettes, bustes, vases, jarres, urnes, bols, gobelets… Tous ces objets avaient été saisis en septembre 2006 et en juin 2007 et sont sans doute issus de pillages de cimetières du Baloutchistan méridional, au Pakistan.
Plus de 400 objets archéologiques (statuettes, vases, jarres, bols) saisis par la douane il y a plus de dix ans ont été remis au Pakistan, mardi 2 juillet, lors d'une cérémonie à l'ambassade du pays à Paris, annonce un communiqué commun des ministères des Affaires étrangères, de la Culture et de l'Action et des Comptes publics.
Les premières antiquités découvertes, qui datent pour certaines des IIIe et IVe millénaires avant notre ère, l'ont été à la faveur d'un premier contrôle de colis postaux en provenance du Pakistan et à destination d'une galerie d'art parisienne, en septembre 2006 à Roissy. Les douaniers étaient alors tombés sur 17 céramiques, accompagnées d'un document affirmant qu'il s'agissait d'objets de plus de cent ans d'âge, et d'une facture de 1 210 euros.
Des objets exportés en contrebande
Un archéologue du CNRS mandaté pour l'occasion avait expertisé les objets et révélé qu'ils dataient en réalité des IIe et IIIe millénaires avant notre ère et provenaient de pillages de sépultures au Baloutchistan, une province du sud-ouest du Pakistan. Deux semaines plus tard, le même service douanier constatait une fraude identique avec, cette fois, 93 poteries et vases destinés au même établissement.
Quelques mois plus tard, en juin 2007, plusieurs perquisitions dans la galerie avaient permis de mettre la main sur 335 poteries en céramique importées dans les mêmes conditions. Au total, 445 statuettes, bustes, vases, jarres, urnes, bols, gobelets, assiettes et coupelles avaient été saisies pour une valeur de 139 000 euros. Les objets anciens avaient été déterrés illégalement, puis exportés en contrebande.
Des pillages débutés dans les années 1990
"Ces antiquités sont l'objet de la convoitise des marchés de l'art, car elles sont généralement mieux conservées dans les tombes que les poteries issues des lieux d'habitat, souvent brisées", explique Aurore Didier, archéologue au CNRS et experte de la région, déplorant cette "perte irrémédiable d'informations pour les archéologues". Parmi les objets, des vases en terre cuite de la culture de Nal (3 100-2 700 avant J.-C.), ainsi que des vases de la culture de Kulli (2 600-1 900 avant J.-C.).
"Ces pillages qui touchent des centaines de sites ont débuté dans les années 1990 et se sont intensifiés dans les années 2000", précise le directeur général des douanes, Rodolphe Gintz, "ému" de permettre à ces "trésors de retrouver leur territoire".
En juin, déjà, le Pérou avait pu récupérer deux statues en terre cuite et un bâton en bois sculpté, datant du IIe siècle de notre ère, également volés lors de pillages de tombes et saisis en mars 2007. Dans les deux cas, il aura fallu plus d'une dizaine d'années pour authentifier les objets et accomplir les démarches administratives et diplomatiques.
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