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Une rave party dégénère : "Les gendarmes ont gazé des gens qui protestaient assis"

Une vingtaine de gendarmes et cinq fêtards ont été blessés lors d'affrontements dans une usine désaffectée ArcelorMittal de Laudun-L'Ardoise (Gard), samedi. Deux versions des faits se contredisent. 

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sur le site de la rave party où des fêtards et des gendarmes se sont affrontés, à Laudun-L'Ardoise, le 26 avril 2015. ( FRANCE 3 LANGUEDOC-ROUSSILLON)

Que s'est-il passé dans la soirée du samedi 25 avril, dans cette usine désaffectée ArcelorMittal de Laudun-L'Ardoise (Gard), où des échauffourées ont éclaté entre des gendarmes et des fêtards. Dix-huit membres des forces de l'ordre ont été blessés, dont un a dû être hospitalisé. Quatre à cinq participants ont aussi été touchés. Depuis, les versions des faits divergent, chaque camp accusant l'autre d'être à l'origine des violences. 

Côté gendarmes, on assure que toutes les règles ont été respectées. "Tout a été démonté et chargé vers 21 heures-21h30, raconte un gendarme à l'AFP. C'est quand on a décroché qu'il y a eu un déchaînement de violences." Certains participants de cette rave party auraient lancé des cailloux. "J'ai de gros dégâts sur les véhicules", dont "la carrosserie a été percée", assure le gendarme.

Le colonel de gendarmerie souligne que les interventions pour ce type de soirées sont "très rares", mais justifie celle-ci par "la problématique liée à un site extrêmement dangereux".

"Ils sont arrivés par derrière"

Jean*, un participant contacté par francetv info, livre une version des faits différente. "Les gendarmes sont arrivés dans le hangar par derrière, au niveau de la sono, sans que personne ne les voie. Trente secondes après, ils balançaient déjà des gaz lacrymogènes, assure-t-il. C'était très agressif."

Près de 400 personnes se trouvaient à l'intérieur, selon lui. Elles ont commencé à lancer des pierres, "puis les organisateurs les ont calmées. Ils voulaient récupérer leur matériel. Assis en tailleur, de nombreux gens criaient : 'Liberté ! Liberté !' Certains se sont relevés. Et là, les gendarmes nous ont gazés une fois de plus, alors que des gens protestaient assis."

Le collectif Tourista, chargé d'organiser l'événement, affirme dans un communiqué que personne ne les avait mis en garde contre une éventuelle intervention des forces de l'ordre. "Après discussions samedi, aussi bien avec les gendarmes qu'avec les représentants de la mairie, personne ne nous a demandé de stopper la fête, écrivent-ils. Nous nous sommes entendus avec eux sur le fait qu’il fallait rester vigilant et tenter d’encadrer les participants pour éviter certains endroits du lieu, ce que nous avons largement fait."

Des brebis égorgées sur le site

Le site de l'usine ArcelorMittal est à l'abandon depuis une dizaine d'années. Certains endroits cachent des crevasses de plusieurs mètres de profondeur, d'où la crainte des autorités de voir 2 000 à 3 000 personnes débarquer en quelques heures. Un éleveur a toutefois la permission d'y faire paître ses brebis. Trois de ses bêtes ont été retrouvés égorgées, et parfois dépecées, témoignage cet homme, interrogé par Midi Libre.fr. Il accuse les participants de cette rave-party de les avoir tuées.

Des faits que le collectif Tourista conteste en partie, sans pouvoir infirmer ces affirmations. "Ce personnage a menacé pendant toute la journée des gens avec son fusil (...) Ce sont les gendarmes eux-mêmes qui nous ont mis en garde contre lui samedi matin !" Pour Jean, "dire que c'est impossible [que des brebis ont été égorgées par des fêtards] serait mentir. Mais ça peut très bien être lié à un règlement de comptes, pour nous faire passer pour ce que l'on n'est pas. Le pourquoi du comment, je pense que personne ne le saura jamais".

*Prénom modifié à la demande de la personne

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